SIGMAG - N°29 - Juin 2021 - 12

PRATIQUE
LA CORSE, UN TERRITOIRE UNIQUE
LA JEUNE CULLETTIVITÀ DI CORSICA REVENDIQUE UNE LONGUE HISTOIRE EN GÉOMATIQUE.
PASSÉE PAR BIEN DES ÉTAPES, ELLE SE STRUCTURE DÉSORMAIS DE MANIÈRE PLUS UNIFIÉE.
Q
uatrième île de la Méditerranée
par sa superficie (8.722 km²),
emblématique par la richesse
de son patrimoine naturel et culturel,
la Corse a connu une histoire
mouvementée et une succession
de découpages ou assemblages qui
n'ont cessé de remodeler son
paysage administratif. Collectivité
unique à la création des départements
en 1790, la Corse est divisée
en deux en 1793 avec la création
des départements du Golo et du
Liamone. Elle redevient partiellement
indépendante sous protectorat
britannique de 1794 à 1796 avec la
création du Royaume anglo-corse.
Définitivement Française en 1796,
la Corse est réunifiée en 1811 en un
unique département. En 1975, l'État
la divise à nouveau avec la création
des départements de Haute-Corse
et de Corse-du-Sud. Enfin, le 1er
janvier 2018, une nouvelle organisation
a fusionné à nouveau ces
entités ! Et la Cullettività di Corsica
(CdC) a été dotée d'un statut particulier
et de compétences étendues.
Trois années plus tard, cette
Collectivité territoriale unique
emploie 4.600 agents au service
des 350.000 habitants de l'île.
Les SIG ont été por tés dès le
début des années 90 par les
problématiques d'aménagement
r ur al et de prése r va t i on de
l'environnement. La géomatique a
connu un fort développement sous
l'impulsion de plusieurs acteurs
tels que l'ODARC (développement
agricole), l'OEC (environnement),
la DIREN, les SDIS et l'ONF sans
oublier l'université de Corte, le
CNRS et de nombreux acteurs
privés. À l'instar d'autres régions,
un groupement d'achat s'est créé
au sein de CIGEO (Corse Information
Géographique), qui a permis dès
2003 de financer l'acquisition d'un
référentiel géographique basé sur
les données du RGE de l'IGN. S'y
ajoutent de nombreuses bases
de données métier et référentiels
historiques (lire encadré). Grâce
à la disponibilité de ces données
et à la numérisation du Cadastre
SIGMAG
impulsée et cofinancée par les
Départements avec le soutien de
la Région, les collectivités ont pu
engager des projets SIG à l'échelle
locale et développer de nombreuses
applications. Un réseau d'acteurs
s'est ensuite regroupé autour de la
plate-forme InfoGéo, portée par la
CdC.
COMPÉTENCES REGROUPÉES,
EXPÉRIENCES CAPITALISÉES
Depuis juillet 2019, le service SIG
de la CdC est intégré au sein de la
direction de la Transformation et
de l'aménagement numériques,
da n s l a d i re c t ion génér a le à
l'Aménagement et à l'innovation.
La plus petite en effectifs, cette
direction n'en reste pas moins très
active, s'occupant de l'Open Data,
du déploiement de la fibre et plus
généralement de l 'équipement
numér iqu e d e l a C o r s e. E l le
s'appuie aussi sur les équipes de la
direction du Digital et des systèmes
d'information qui a mis en place un
service « supports au SIG et gestion
des applicatifs dédiés ».
Diplômée en SIG et Gestion de
l 'espace, Élisabeth BernardNivaggioni
dirige le service SIG
après avoir assuré ce rôle au
dépar tement de la Corse-duSud.
Son équipe est actuellement
constituée de quatre personnes,
d ont Di a ne de La n f r a n c h i ,
spécialisée en Aménagement du
territoire et télédétection, pilier du
service SIG depuis 2009. Toutes
deux collaborent étroitement sur
les gros projets et la mise en place
de systèmes métiers. Le service
s'est adjoint les compétences de
Tony Zevaco, responsable des
12
Maquette du
futur portail
cartographique
GeoCorsica
installations des logiciels et de
la gestion de la maintenance,
anciennement au CG de Corsedu-Sud.
Quant à Julien Pozzo di
Borgo, son profil plus informatique
s'avère très utile à l'heure de la
fusion des systèmes informatiques
et du déploiement d'applications
Web, accessible à travers le futur
portail GeoCorsica, en cours de
développement.
Le reg roupement des tro i s
collectivités, très différentes à la
fois dans leur organisation et leur
positionnement, ne s'est pas fait
sans difficulté. «Il faut s'adapter
à de nouvelles règles et la part
administrative est très lourde, ce qui
ne laisse pas beaucoup de temps
pour les projets », confie Élisabeth
Bernard-Nivaggioni. Mais dans
cette mutation «le SIG s'en sort
plutôt bien, les échanges sont très
intéressants et le quotidien a changé
en mieux », complète Diane de
Lanfranchi. Les trois entités étant
déjà équipées de la gamme ArcGIS,
il a été relativement facile d'intégrer
les données et généraliser les
applications déjà présentes dans les
départements : patrimoine routier,
randonnée et Cadastre éditées par
1Spatial. De son côté, le service
SIG déploie des solutions Web en
s'appuyant sur les générateurs
d'application proposés par la plateforme
ArcGIS. Un contrat de site
permet également le déploiement
des outils dans les dif férentes
agences et offices de la CdC, dont 6
sur 8 sont des utilisateurs réguliers,
voire très intensifs.
BIENTÔT UNE IDS UNIQUE
Mais le chantier le plus important
est désormais la mise en place
d'une infrastructure de données
spatiales (IDS) unique qui permettra
de fédérer tous les utilisateurs
autour d'un système d'information
cohérent. Cette problématique est
générale pour tous les domaines
et les bases de données métier qui
étaient gérées dans des espaces
propres à chaque collectivité. Pour
la partie SIG, une étude a été confiée
à la société 1Spatial qui doit rédiger
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