SIGMAG - N°29 - Juin 2021 - 28

DOSSIER
FACILITER LA COMMUNICATION
ET LA PRISE DE DÉCISION
Anthony de Matos, ingénieur commercial en charge
du secteur minier chez Esri France.
Comment le monde de la mine accueille les SIG ?
Ce secteur est challengé pour être beaucoup plus communicant, notamment du point
de vue impact environnemental des activités. Nos solutions facilitent l'accessibilité aux
données spatiales pour les rendre facilement consultables par un large public. L'idée
consiste à faire interagir le monde physique et le monde numérique en analysant un
nombre important de données, pour établir des prédictions et faciliter les prises de décision.
Esri accompagne ainsi les principaux acteurs miniers dans leur transformation digitale, de
la découverte à la production en passant par la fermeture et la remise en état des mines.
Quant aux exploitants, ils mettent en place une organisation plus intelligente en ayant une
meilleure connaissance de la mine par un
accès plus facile à l'information. Cela vise
à améliorer la planification et l'exécution
de leurs différentes tâches, notamment la
partie analytique des données de contexte
spatial et jusqu'à la partie collaborative.
Avec ArcGIS, ils peuvent construire des
applis pour représenter les sites en temps
réel et en faciliter l'accessibilité pour les
opérateurs terrain depuis n'importe quel
Smartphone ou tablette.
Quelles données sont utiles à un exploitant de site ?
Il y en a de très nombreuses qui sont, en grande majorité, intégrables dans un SIG.
Par exemple, c'est le cas des données d'infrastructure provenant d'AutoCAD ou du BIM,
des données géologiques sur la partie exploration qui apportent la connaissance du
terrain et permettent de le modéliser en 2D ou 3D, ou encore des données collectées par
des drones. Leur restitution cartographique est suivie d'une analyse d'un certain nombre
d'événements pour restituer de l'information de qualité et faciliter les prises de décision.
Quels développements vont intéresser ce secteur ?
Aujourd'hui, les compétences ne sont plus seulement concentrées sur la partie géologique,
mais sur une vue globale de l'exploitation. De plus en plus de collaborateurs sont, au sein
de ces entreprises, chargés de construire une véritable stratégie SIG, centralisée auprès
des différentes fonctions et particulièrement vis-à-vis de la communication vers le grand
public. Par ailleurs, pour mieux comprendre le terrain, Esri travaille sur les jumeaux
numériques. Grâce à l'apport de l'intelligence artificielle, il est aussi possible d'anticiper
des problèmes et garantir la sécurité des opérateurs ou veiller à la pérennité du site.
À travers le traitement cartographique des données, la valeur ajoutée d'un site pourra
mieux être appréhendée, et les décisions prises sur son exploitation en toute connaissance
de cause.
majeur. Aujourd'hui encore,
les travaux de Promine inspirent en
partie les travaux des chercheurs
du BRGM pour élaborer des cartes
de prédictibilité de telle ou telle
substance à l'échelle d'une région
ou d'un pays afin de révéler des
zones favorables à la minéralisation.
Avec une question : comment mêler
des données pertinentes venant
du croisement géographique de
différentes sources d'informations ?
Exemple : un gisement identifié
de fluor ine dans le Mor van .
D'un point de vue purement
géologique, l'endroit a du potentiel.
Cette espèce minérale possède
de nombreuses appl i cat ions
industrielles en fluorochimie et dans
l'industrie des verres et céramiques.
Elle a été classifiée en 2015 en
substance à criticité élevée par
l'Union européenne. Et pour cause :
les réserves mondiales connues
correspondent à moins de 35 ans de
consommation au rythme actuel !
La fluorine apparait donc comme
une substance d ' impor tance
économique, sujette à un risque
élevé d 'app rov i sionnemen t ,
parmi les 14 matières premières
s t r a té g i que s. Un gi s eme n t
exploitable au cœur de la France
serait donc une bonne nouvelle pour
se défaire de la dépendance avec la
Chine, le Mexique et la Mongolie.
Problème : le filon morvandeau
est inexploitable, car traversé
par la ligne de TGV Paris-Lyon.
Le croisement de deux sources
de données, l'une portant sur le
potentiel géologique et l'autre sur les
voies de circulation de la SNCF a mis
fin au rêve d'extraction du minéral !
« L'appo r t du SIG n'est pa s
indispensable pour parvenir à
cette conclusion, mais il permet
de gagner du temps en traitant des
volumes de données importants
issus de mondes totalement
étrangers, résume Ber trand
Guillaume. En les soumettant à
un traitement mathématique et
géostatistique, ces données ne
nous fournissent pas seulement un
outil de croisement d'informations
éparses, mais un outil de prédiction
de la ressource. La cartographie
prédictive à laquelle on adjoint de
plus en plus d'intelligence artificielle
donne d'ores et déjà des résultats
ex t rêmement prometteurs ».
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