SIGMAG - N°29 - Juin 2021 - 32

DOSSIER
NOUVELLE CARRIÈRE POUR LE DRONE
Le géomètre-expert est-il en voie de disparition ? L'utilisation
croissante de drones lui fait en tous cas de l'ombre pour établir
des relevés de carrières. Les arpenteurs sont remplacés par des
« photogrammétreurs » ayant troqué le théodolite par le drone. Un
des leaders du marché, la société nantaise Hélicéo répond ainsi à deux
obligations auxquelles les carriers doivent se soumettre. La première
oblige ces exploitants à fournir à la DREAL un plan topographique
d'avancement, afin que les services de l'État valident la conformité du
pourcentage d'exploitation en regard à l'autorisation initiale. S'ajoute
un volet semi-légal de la gestion même de la carrière. Comme toute
entreprise, elle doit fournir un bilan de ses activités, ici basé sur le
volume de granulats en stock
et dont on déduit le poids et le
pr ix de revient. Le drone est
ainsi sollicité comme un outil de
contrôle et de gestion des stocks
et utilise la photogrammétrie.
Cette technologie permet de créer
un modèle 3D en déterminant le
volume de chaque tas de granulats.
Mais la photogrammétrie vit peutêtre
déjà ses dernières heures, concurrencée par le LiDAR. « Il peut
créer un livrable 3D équivalent, voire meilleur, résume Jean François
Baudet, président d'Hélicéo. Il a surtout le gros avantage de fournir un
résultat en moins de deux heures, contre plusieurs dizaines d'heures
avec une solution classique. Le LiDAR peut travailler par tous les temps,
y compris la nuit ». Mais la photogrammétrie n'a pas encore dit son
dernier mot en offrant la précision au sol grâce aux recouvrements de
photos. Une fois validés, les points géoréférencés par GPS forment un
petit carnet de points. Injectés dans le logiciel de photogrammétrie, ils
vont fournir un modèle numérique de surface (MNS), représentation
topographique 3D de la surface réelle de la zone étudiée.
© Heliceo
papier. Chaque plan a été
scanné, géoréférencé puis digitalisé
pour être mis dans une base de
données avec l'ensemble des
infos nécessaires à sa traçabilité.
« Mon cheval de bataille est que
toute donnée doit être traçable,
c'est-à-dire qu'il faut être capable
de retrouver le cheminement qui
a permis de dessiner ce morceau
de mine à cet endroit et pas à un
autre, poursuit Sophie Gerland. Les
sources historiques sont en effet
très variées et souvent empreintes
d'incohérences et d'imprécisions.
Il faut donc interpréter les plans
en fonction de connaissances de
géologie, mais aussi comprendre
l'exploitation même de la mine en
fonction de la manière dont elle a à
l'époque était mise en carte ». Entre
pures données descriptives des
sites comme la localisation exacte
du carreau de mine, des galeries
et lieux de stockage ou encore les
données foncières qui se réfèrent
aux servitudes d'utilité publique
SIGMAG
Plan compteur
présentant les
mesures de
la valeur de
radioactivité
réalisées tous les
5m.
naturellement présente dans le sol,
un simple code couleur est utilisé
pour présenter la répartition des
valeurs. Une valeur de radioactivité
qui n'a toutefois pas de lien direct
avec une notion de dangerosité.
« Nous montrons sur ces cartes
une mesure ponctuelle et non
pas le risque d'exposition externe
à la radioactivité, précise Sophie
Gerland. Globalement, nous restons
sur des valeurs équivalentes à une
radioactivité naturelle. Pour prendre
une image parlante, notre travail
consiste à compter le nombre de
pommes qu'il y a dans l'arbre,
et pas la possibilité qu'il y en ait
une qui nous tombe sur la tête ! »
Reportage chez
Orano Mining
et données environnementales
por t ant sur les mesures de
radiométrie au sol afin de quantifier
la radioactivité, pas moins de 200
couches dans une quinzaine de
bases ont été mises sur pied. Pour
se conformer aux inspections de la
police des mines, Orano fournit pour
chaque site une carte avec le plan
compteur qui reprend un point de
mesure tous les 5m. Une base de
600.000 points sur l'ensemble de
ses sites permet ainsi de visualiser
directement la radioactivité selon
des gammes de valeurs. Parce
qu'il n'existe pas de limite légale
et usuelle sur ce genre de mesure
qui dépend de la radioactivité
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Cartomines permet
au grand public
d'obtenir certaines
informations sur
les anciennes
installations
d'Orano.
COMMUNIQUER
AUPRÈS DU GRAND PUBLIC
Orano a ainsi rendu public son site
Cartomines via ArcGIS Online. Il
permet d'obtenir en un seul clic des
informations sur ses anciennes
installations et notamment le
tonnage des résidus stockés. Les
données portant sur la radioactivité
ou les plans de galeries n'y figurent
pas : « Ces données ne sont pas
confidentielles, mais elles sont
souvent sujettes à interprétation
si elles ne s'accompagnent pas
d'explications circonstanciées
et claires. Et faire apparaître un
décr yptage sur des suppor t s
car tographiques qui ont pour
mission d'être immédiatement
compréhensibles par le grand
public est en l'état impossible. Un
propriétaire d'habitation dans le
périmètre d'une ancienne mine
pourrait par exemple voir son
bien déprécié en cas de lecture
erronée d'une carte. Les anciennes
galeries pourraient être perçues
comme un risque, alors que ce
n'est pas nécessairement le cas ».
La Nouvelle-Calédonie a aussi fait
le choix de communiquer au grand
public un large panel d'informations
se rappor tant au sec teur des
mines et carrières. À travers son
géoportail Géorep, ce territoire du
Pacifique Sud met à disposition
un explorateur car tographique
al imenté par l a Di rec t ion de
l'Industrie, des mines et de l'énergie
de la Nouvelle-Calédonie (DIMENC).
L'outil permet la consultation
d'informations géographiques sur
les mines et carrières, la géologie,
https://www.sigtv.fr/Orano-Mining-un-suivi-de-l-apres-mines-responsable-grace-aux-SIG_a1342.html
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