SIGMAG - N°29 - Juin 2021 - 33

l'amiante naturelle, l'hydrogéologie,
les géosciences marines, l'énergie
ou encore l'industrie. La carte
topographique (gérée par l'IGN
jusque dans les années 90) est aussi
mise à disposition par la DIMENC.
Géorep est alimenté par différentes
directions du Gouvernement et
s'est peu à peu imposé comme une
référence sur le territoire. Proposant
des données téléchargeables aux
formats source SIG, il a depuis
longtemps dépassé le cadre strict
de la vulgarisation pour devenir
un outil essentiel pour les bureaux
d'études et les sociétés minières. Il
faut dire qu'en Nouvelle-Calédonie,
le secteur revêt une importance
stratégique primordiale. Près de
40 mines sont encore en activité,
la totalité étant des exploitations
à ciel ouvert de nickel, certaines
valorisant aussi le cobalt. Des mines
situées sur les hauts des massifs
sont parfois extraites plusieurs
millions de tonnes par an. Elles
sont gérées par une vingtaine
d'opérateurs privés, les détenteurs
de titres miniers à titre individuel
ayant disparu au fil des années. Les
exportations de minerais et de métal
représentent 90 % des exportations
du territoire et comptent pour 6 %
du produit intérieur brut (PIB).
Une contr ibution économique
assez modeste, mais qui montre
d es ef f ets d 'e n t r a î n eme n t
conséquents. Selon les chiffres
de l'Institut de la statistique et des
études économiques de NouvelleCalédonie
(ISEE), 24 % des emplois
du privé dépendent de l'exploitation
du nickel. Trois usines de traitement
du nickel sont présentes sur le
sol calédonien, valorisant les
minerais bruts en l'expor tant
vers la Chine et le Japon et en
produisant sur place du ferronickel.
Un secteur économique clé donc
qui a poussé les services de la
DIMENC à accélérer l'usage des
SIG pour en faire des outils de
© DIMENC / NMC
Explorateur
cartographique
de la DIMENC
présentant
le cadastre
minier actif en
Nouvelle- Calédonie
contrôle et d'instruction basés sur
des jeux de données extrêmement
fournis. Limites administratives
des sites, plans d'implantation,
plans de recollement, emprise,
inventaires faunistiques et floristiques,
gestion des eaux via les
ouvrages de transit et les ouvrages
de décantation, données géologiques
ou encore informations
sur les processus d'érosion sont
traités en interne pour l'instruction
des dossiers de demandes d'exploitation,
mais aussi de travaux.
Près de 40 mines
à ciel ouvert sont
actives sur le
territoire, exploitant
essentiellement le
nickel.
© SLN
© SMGM
La compilation et le traitement de
ces données multiples permettent,
par exemple, de visualiser la
conformité des travaux engagés en
notant les éventuels écarts entre
la demande originelle et la réalité
sur le terrain. Ces informations
sont acquises par le gouvernement
et les différentes provinces. Elles
proviennent aussi des mineurs,
produites à partir de photographies
aériennes et de drones. « Une partie
non négligeable des formations
géologiques suscept ib les de
porter un gisement est couverte
par des titres miniers détenus par
le secteur privé qui a l'obligation
d'identifier ses gisements et de
les caractériser, explique Tanguy
Giband, chef de section au service
mines et carrières de la DIMENC.
Les informations collectées par les
exploitants miniers sont récupérées
et stockées par nos services, mais
pas encore sous la forme d'une
couche SIG. Nous travaillons au
cas par cas en attendant la création
d'une base de données commune.
Actuellement, nous créons une
thématique des sondages à partir
de la compilation des données
référentes. La connaissance
est là, mais nous ne l'avons pas
encore cartographiée à l'échelle
de tout le territoire ». Le projet
d'une orthophoto au 10/1000e de
l'ensemble du territoire est par
ailleurs lancé. À terme, elle servira
différentes thématiques, minières,
mais aussi environnementales ou
hydrologiques. Elle pourrait aider à
mieux appréhender la reconversion
des anciennes mines. Un lourd
dossier, car avant la mise en place
du code minier en 2009, les travaux
de réhabilitation étaient uniquement
déclaratifs. Résultat : l'île possède
un passif de mines orphelines.
Pour rég l er cette c i c a t r i c e
environnementale, l 'ensemble
des sites a été cartographié avec
un point de localisation. Il est
visualisable sur le portail Géorep
sous une couche baptisée « Fond
nickel », du nom de l'établissement
public chargé de la réhabilitation de
ces sites historiques. Désormais,
tous les travaux sont soumis
à autorisation et obligent à la
réhabilitation du site avec des
garanties financières préalables.
En pleine mutation, le secteur
d es mi n es et ca r r i è r es se
convertit progressivement à la
transformation numérique. Cette
révolution en marche prend du
temps en raison des volumes
massi fs de données. Car par
delà la connaissance géologique,
les détenteurs de titres ont été
contraints de prendre en compte
un cer tain nombre de risques
environnementaux, mais aussi
politiques. Bon gré mal gré, ils ont
donc joué la carte de la transparence
en ayant une connaissance accrue
de leurs exploitations pour entre
autres organiser la logistique,
garantir la sécurité des opérateurs
sur le terrain ou optimiser les
gisements. Il y a une vingtaine
d'années, à peine 5 % des données
qu'ils possédaient été valorisées.
Grâce aux SIG directement sur
les sites, cette tendance devrait
vi te s'inverser. De nombreux
filons restent donc à exploiter ;
mine de rien.
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SIGMAG
Steve Carpent ier
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