SIGMAG - N°30 - Octobre 2021 - 17

PRATIQUE
CINQUANTE NUANCES DE CARTE
Apparu il y a une dizaine d'années,
le concept de tuiles vectorielles
a permis d e mod er n is er l a
cartographie en permettant de faire
varier la représentation à la volée
côté utilisateur. Cette différence
fondamentale par rapport aux
pyramides raster précalculées
permet une plus grande rapidité
et flexibilité. L'interactivité est
également bien plus large dans la
mesure où les objets géographiques
transmis sont manipulables et
interrogeables (filtre, recherche,
sélections attributaires ou spatiales,
affichage des propriétés de l'objet).
Très ef f icace pour adapter ou
simplifier les fonds de carte, ce
dispositif permet aussi d'accélérer
l'affichage de couches métier en
réalisant des filtrages en fonction de
l'échelle ou des attributs. L'éditeur
de Style proposé par Esri permet
ainsi de redéfinir complètement
l'apparence des cartes côté client et
de proposer des affichages adaptés
à divers publics.
Quant au fond de carte de référence,
standardisé par les Instituts de
Géographie Nationaux depuis des
décennies, il fait désormais place à
des alternatives multiples, les plus
répandues étant souvent dérivées
des données Open Street Map.
Des thématiques très spécifiques
peuvent alors être adressées. Par
exemple, pour réaliser des cartes
adaptées aux déficients visuels, qui
touchent une population importante
de 1,2 million de malvoyants en
France. De son côté, l'Institut Paris
Région a produit à titre expérimental
une application pour permettre aux
Daltoniens de consulter les projets
d'aménagement en personnalisant
le rendu de la carte en fonction de
leur catégorie de déficience. Une
autre carte a été produite sur le
métro parisien. Ces travaux réalisés
pour la journée du Handicap 2019
sont le fruit d'une collaboration avec
un groupe d'étudiants de l'ENSG et
le soutien de l'Institut de jeunes
aveugles (Inja).
DIALOGUER AVEC L'UTILISATEUR
Si les géomat iciens et autres
spécialistes peuvent trouver leur
chemin dans les tables des matières
et les légendes associées aux cartes
ou WebMaps, la GéoVisualisation
cherche maintenant à élargir son
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L'Institut Paris
Région informe
sur les projets
d'aménagement
en Île-de-France,
dans une CartoViz
spécifiquement
crée pour les
Daltoniens.
audience et doit donc proposer
une expérience différente, à la fois
simple et intuitive. C'est ce que
propose Smart Origin qui décline
toute une gamme d'out i l s de
GéoVisualisation, en insistant aussi
sur la notion de contenu éditorial.
« Il faut savoir cibler son public et
éviter de faire trop technique, confie
Tony Georges, dirigeant fondateur
de Smart Origin. C'est souvent le
défaut de certains Observatoires
qui, en proposant une interface trop
technique, resteront inaccessibles à
90 % des internautes». Il s'agit alors
d'organiser le contenu pour l'adapter
au lecteur, comme le propose le site
habitat.dordogne.fr. Les différents
graphiques et cartographies sont
éclatés dans un CMS afin d'être
plus facilement accessibles et donc
lisibles.
Observatoire de
l'Habitat du Conseil
Départemental
de la Dordogne,
développé par
Smart Origin.
Pour concevoir le parcours d'un
futur utilisateur, plusieurs types
d'outils peuvent être mobilisés,
allant du diaporama aux maquettes
plus complètes réalisées avec des
applications dédiées (Balsamiq,
Sketch, Adobe XD, etc.). À l'Atelier
Parisien d'Urbanisme (APUR), la
conception est passée d'un mode
assez empirique à une approche
plus structurée. « Au début nos
propositions étaient faites à la
main, ou avec des PowerPoint,
confie Emmanuel Faure, directeur
d u s ys tème d ' informat io n et
données. Mais depuis 2020, nous
avons commencé à travail ler
avec Adobe XD. Ce logiciel permet
de proposer de véritables storyboards
et aussi de veiller à la
portabilité des applications ». Cette
démarche amène aussi à repenser
et réécrire certaines applications.
Ainsi, pour les « Data Portraits » qui
comportent une centaine de cartes,
un travail de refonte est en cours. Il
vise à déboucher sur une nouvelle
version plus responsive à la fin de
cette année.
Laurie Gobled, Directrice des
Systèmes d'Information de l'Institut
Paris Région, détaille la démarche
qu'ils ont adoptée. « Le chargé
d'étude précise ce qu'il veut donner
à voir, à raconter, ce qui est le plus
pertinent. Ensuite, une maquette
est réalisée sous forme de storyboard
assez simple. On s'assure
alors que l'échantillon de données
sera acceptable. Dès que c'est le
cas, on lance le développement ».
Des tests sont effectués dans les
départements thématiques, avec
parfois des retours en arrière :
« plus ça va, plus on ajoute de
l'interactivité. Mais il faut veiller à
éviter la complexité qui peut tuer
le produit ». Par ailleurs, l'Institut
organise régulièrement des Ateliers
ou Café Carto auxquels participent
des intervenants extérieurs. « Ces
instants permettent parfois de faire
un pas de côté sur les modes de
représentation et de s'interroger
sur nos pratiques », assure Laurie
Gobled.
Pour faci l iter ces évolut ions,
Esri propose plusieurs solutions
destinées autant aux utilisateurs
chevronnés qu'aux développeurs.
C'est le cas d'ArcGIS Experience
Builder pour les premiers. Pour
les seconds, outre les APIs déjà
disponibles, il existe depuis peu
l 'environnement de conception
« Calcite ». Encore en version bêta,
ce système complet sert à créer
des expér iences ut i l isateurs,
conviviales, réactives et cohérentes
avec les autres applications ArcGIS
en fournissant de nombreuses
ressources telles que les directives
de conception, la bibliothèque
d'icônes et les couleurs... Avec cette
première version, seul Sketch est
pris en charge, mais Esri travaille
déjà à ajouter la prise en charge
d'Adobe XD et d'autres outils.
SIGMAG
http://habitat.dordogne.fr
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