SIGMAG - N°30 - Octobre 2021 - 31

DOSSIER
© Elsa Le Van
« zones de chaleur ». Ils permettent
par exemple de pointer les aires de
livraison ou de stationnement, les
itinéraires poids lourds ou encore
les points de congestions récurrents
de la ville. Ce rendu se complète
d'une analyse sur le terrain, afin de
confirmer ou d'infirmer certaines
hypothèses sur l'état des flux. Le
rapport d'expertise sur le ressenti
de la logistique sur le territoire
étudié est alors fourni à la collectivité
qui en a passé commande, mais
pas seulement.
LA LOGISTIQUE DANS LES
PLANS D'URBANISME
Parce qu'elle a un large impact,
la logistique doit accorder une
vaste place à la concer tation.
Tra n spo r t eu r s, f é d éra t i on s
professionnelles, commerçants,
usagers ou assoc iat ions de
riverains doivent se réunir pour
trouver des solutions de livraison
et de flux acceptables pour tout
le monde. Des pistes d'actions
sont alors proposées, s'appuyant
n o t amme n t sur d i f f ér e n t s
scénarios modélisés. Bien qu'elle
paraisse essentielle et évidente
pour
l a ges t i on de l 'espa ce
urbain, cette prospective sur le
devenir des flux n'a pourtant pas
toujours été de mise. « Cela fait
à peine quelques années que la
problématique de la logistique est
incluse dans les documents de
planification et que les décideurs
s'y intéressent, précise Elsa Le
Van. Elle prend de l'importance
avec la multiplication des flux due
notamment à la croissance du
e-commerce. Longtemps réduit
à quelques paragraphes dans les
plans de développement urbain, le
mariage urbanisme et logistique
est ainsi très récent. Aujourd'hui,
les collectivités se basent sur de
vraies études comprenant des plans
de déplacement de marchandises
sérieux et les intègrent à leurs
plani f icat ions et schémas de
cohérence territoriale. Mais la
modélisation donne uniquement un
volume de palettes et de camions.
C'est dans un second temps que
vient la vision politique du devenir
de son territoire. En fonction de ce
que la ville attend, nous faisons
des propositions ». Exemple : à
Quiberon, Elsa Le Van a été appelée
pour étudier la problématique de
la saisonnalité et la possibilité de
transpor ter des marchandises
en utilisant le chemin de fer entre
Auray et la presqu'île. Un tracé
emprunté par le fameux train
touristique « tire-bouchon » dont
l'experte a étudié l'éventualité de le
transformer en transport de fret. À
Cannes, elle a cartographié le port
Canto afin de savoir si cet espace
pouvait servir de zone logistique
pertinente, et à Besançon, elle a
réfléchi aux moyens nécessaires
pour amél iorer la circulat ion
des véhicules transportant des
marchandises. Son travail est
f i na l ement un concent ré de
toutes les thématiques agitant un
monde de la logistique en pleine
révolution et qui fait appel aux outils
SIG pour trouver des réponses.
CRÉER LE ROUTING
Si les collectivités se posent enfin les
bonnes questions sur le devenir de
leur territoire et sur les moyens de
l'approvisionner, elles le font aussi
parce qu'il y aura définitivement un
avant et un après Covid. En à peine
deux ans, les flux e-commerce ont
été multipliés par dix ! L'heure est
donc à la réflexion sur les moyens
de faire coexister commerce en
ligne et commerce traditionnel dans
une proportion que personne n'avait
vue venir. Des solutions pourraient
s'inspirer de l'outil SIG développé par
Capgemini. Le cabinet de conseils
gère un secteur dédié à la logistique
sous un segment plus vaste nommé
CPRD pour « Consumer Product
Retail and Distribution ». Capgemini
possède par ailleurs une of fre
dédiée supply chain, et a côté SIG
quelques références notables
dans le domaine de la logistique.
Mais le spécialiste du numérique
ne parle pas à proprement parler
de « SIG métier », davantage de
« composants technologiques et de
données pour la mise en place d'un
projet de distribution logistique ».
Du reste, l'entreprise utilise de la
donnée géographique dans une
optique de logistique, mais pas
nécessairement sous forme de
restitution cartographique. S'il est la
base du travail, le géoréférencement
ne peut pas uniquement servir au
calcul d'itinéraire pour construire
une tournée de distribution. Il
convient de prendre en compte
les spécificités du réseau routier,
qu'e l les soi ent spa t ia les ou
temporelles, car une rue n'a pas
les mêmes carac tér i s t iques
un lundi mat in ou un samedi
après-midi. Ce postulat de base
vaut principalement pour les
agglomérations et conditionne
grandement l'optimisation d'une
tournée. Tout comme la prise
en compte du traf ic en temps
réel. Car, la donnée qui dif fère,
c'est la notion de flux variable.
Si des contenus standards sur
l ' état du traf ic en temps réel
existent, ils ne prennent pas en
compte les spécificités propres à
chaque entreprise de distribution,
comme la possibilité d'utiliser
la livraison à pied par por teur.
Les entreprises vont donc créer
une partie du réseau pour leurs
besoins propres, l'idée consistant
à le mettre en face de procédures
de validation pour s'assurer que
le circuit est exploitable et bien
optimisé. « En tant qu'intégrateurs,
nous sommes toujours sur des
développements spécifiques
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