SIGMAG - N°31 - Décembre 2021 - 23

DOSSIER
de développer via le Plan Stockage
électrique 10 GW de capacités
supplémentaires de stockage d'ici
2035. Au total, ses projets dits
sécurisés, en développement et en
prospection, atteignent pas moins
de 60 GW. « Les producteurs d'électricité
ont un enjeu de diversification
afin de pouvoir offrir des services
additionnels à leurs clients, note
Catherine Le Bot. Ils doivent pouvoir
coupler les dif férentes sources
d'énergie et les différents secteurs
pour offrir au consommateur une
capacité d'approvisionnement en
continu ».
DES RÉSEAUX INTELLIGENTS
ET COMMUNICANTS
Mais si le SIG permet de modéliser
le réseau, le process et les
équipements, sa fonction va bien
au-delà. Avec la mise en place
des compteurs communicants
comme Linky (ou Gazpar dans le
gaz), il est possible de connaître
avec leur localisation précise la
consommation sur l'ensemble du
maillage territorial. La remontée
des informations alphanumériques
permet alors au SIG de traiter
davantage de données et de
s'or i enter vers la not i on de
jumeau numérique. Il est donc la
première couche qui permet de
représenter la colonne vertébrale
du réseau, que ce soit un réseau
de production, de distribution ou
de transport. « La géographie va
finalement être un réceptacle et une
façon de visualiser, de vulgariser
des données complexes et de les
rendre disponibles à tout corps
de métier, poursuit Catherine Le
Bot. Représenter de la donnée
alphanumérique en la projetant
sur une car te en montrant ce
qui se passe à l'instant T et à
l'instant T+1 permet d'embarquer
toute l'entreprise et tous les tiers
de cet te entreprise vers cette
transformation nécessaire pour
améliorer les réseaux et assurer
les usages ». Des usages qui
passent notamment par ce qui
apparaît aujourd'hui comme l'un
des enjeux majeurs de la transition
énergétique : la mobilité électrique.
The Shift Project, un think tank qui
prône une économie décarbonée
et qui souhaite influencer en ce
sens le débat public, a bien
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SIGMAG
L'IA AU SERVICE DE LA BT
Inclus dans le start-up programm d'Esri, la petite start-up grenobloise
Odit-e créée en 2017 par six personnes, dont cinq transfuges de
l'entreprise Schneider Electric, propose un logiciel qui a pour ambition
d'aider les distributeurs dans la gestion et la modernisation de leurs
réseaux basse tension. Objectif : adapter leurs infrastructures et les faire
coller aux nouveaux modes de consommation. Pour y parvenir, son outil
mélange intelligence artificielle et modèles mathématiques. Son modèle
permet ainsi de retrouver automatiquement les caractéristiques d'un
réseau électrique basse tension grâce à la génération d'une matrice qui
retrouve les impédances entre chaque point du réseau. Les résultats
sont alors intégrés dans un SIG afin de générer la topologie du réseau,
ou de la corriger.
© Nicolas Gouhier - SIPA / Enedis
Cette digitalisation suit ainsi un parcours bien
rodé : les données sont fournies par les compteurs
communicants, lesquelles données vont permettre
une identification automatique des caractéristiques
réseaux. L'intégration va permettre in fine de
générer, de compléter ou corriger les données
réseaux directement dans le SIG. « Le réseau basse
tension n'a pas évolué depuis 50 ans, alors que sont
apparus ces dernières années de nouveaux modes de
consommation qui font varier le courant sur le réseau,
créant des chutes ou des excursions de tension, note
Claire Mary, business developer chez Odit-e. Pourtant,
la basse tension représente 60% du patrimoine des gestionnaires de
réseaux, 50% des coûts de maintenance et 30% des coupures. Ces
gestionnaires sont donc contraints de maintenir des indices sur les
réseaux basse tension afin de s'assurer de l'approvisionnement. Nous
les aidons ainsi dans l'opérationnel, notamment pour les accompagner
dans la définition des capacités d'accueil envisageables sur ces
réseaux principalement dans la perspective d'accueil des énergies
renouvelables. La basse tension va par exemple accueillir 75 % de la
production photovoltaïque alors que les postes de distribution n'ont
pas été configurés pour de tels apports. Sur chaque point du réseau,
nous analysons la tension afin de détecter des déséquilibres en bout
de ligne, et auquel cas nous recommandons un plan de rééquilibrage
au niveau du poste et des compteurs. Pour un gestionnaire, détecter la
capacité qu'il lui reste sur son réseau pour accueillir par exemple des
panneaux solaires est devenu primordial ». Pour l'heure, Odit-e n'en est
encore qu'au stade des projets pilotes. En effet, la jeune pousse travaille
actuellement avec Esri afin courant 2022 d'intégrer dans une suite
ArcGIS ses premiers résultats et visualiser ses données dans un SIG. Si
son modèle d'algorithmes fonctionne actuellement jusqu'à une dizaine
de milliers de compteurs, l'objectif est de passer à l'industrialisation.
Mais au Portugal, Odit-e a déjà testé son modèle sur le terrain. Résultat
: son outil a permis de comparer le réseau avec les données terrain et
de montrer une précision de 99 % sur l'association entre les compteurs
et les postes de transformation. De bon augure pour la suite.
SIGMAG - N°31 - Décembre 2021

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