SIGMAG - N°34 - Octobre 2022 - 34

DOSSIER
LA DATA AU SERVICE
DES INVESTISSEMENTS IMMOBILIERS
Agréger les données d'un bâtiment à toutes les phases, de la
programmation à l'exploitation maintenance en passant par la
conception et la construction : telle est la promesse de la plate-forme
SaaS que propose Data Soluce. Start-up hébergée à la Station F à
Paris, la jeune pousse de trente salariés financée par la Banque des
territoires (Caisse des Dépôts) se propose de mettre la data au service
des donneurs d'ordre en apportant une forme de standard qui évite sa
dispersion et sa fragmentation. Maîtriser le fil conducteur de la donnée
pour ne pas la perdre à chaque silo, à chaque passage de relais entre les
acteurs, est donc tout l'enjeu de cette plate-forme.
« L'intérêt de cette solution est d'apporter une information complète
et comparable entre tous les projets immobiliers de gros acteurs du
secteur comme Nexity, Icade ou le groupe Korian, explique Nicolas
Regnier, P-dg de Data Soluce et par ailleurs ex-administrateur de la
Smart Building Alliance. Une foncière qui raisonne au niveau patrimonial
compare en effet souvent des choux et des carottes, car la donnée a
été produite par des intervenants différents. Une porte, une dalle de
moquette, une ventilation n'aura pas été décrite de la même manière
selon le projet et selon le bureau d'études qui l'a produite. Il faut avoir
en tête que sur une même opération, l'information est en moyenne
reproduite 7 fois, avec tous les risques de doublons afférents, Pour un
projet immobilier, on estime à 35 euros du m² le surcoût pour centraliser
cette donnée, avec des opérationnels qui passent une bonne partie
de leur temps à la ressaisir et à la recontrôler. En supprimant ces
tâches quotidiennes, on améliore la compétitivité de l'organisation ».
Une information propre, mais qui est aussi capable de parler afin de
conduire une analyse de prédictivité du coût financier d'un ouvrage,
mais aussi de son empreinte environnementale. Le système est en
mesure à partir d'un élément comme une porte, une dalle de moquette
ou encore un luminaire de rajouter son prix unitaire, son poids carbone,
et de multiplier ces indicateurs sur l'ensemble des composants de
l'immeuble en y ajoutant les coûts d'entretien maintenance. Cela permet
de prédire une charge globale de l'établissement sur sa durée de vie afin
notamment de tenir sa trajectoire carbone pour respecter les objectifs
de réduction des émissions d'ici 2030. « L'enjeu est de s'assurer que la
maquette numérique va me permettre de tenir ma trajectoire carbone
en me permettant de contrôler mes objectifs de départ, conclut Nicolas
Regnier. La maquette qui est généralement un outil de sachant réservée
aux techniciens doit désormais être mise au service de la maîtrise de
la performance de mon projet d'un point de vue financier et maintenant
d'un point de vue carbone ».
données au fil du temps ». À
noter que 1Realworld s'interface
aisément avec différents logiciels,
tel que les outils de GMAO.
Jamais sans doute le bâtiment
n'aura autant mérité un adjectif
qui depuis plus de vingt ans fait
mouche : « intelligent ». Pourtant,
dans un secteur peu enclin aux
f rac tures technologiques, ce
qualificatif a longtemps laissé
dubitatifs nombre des acteurs
de la construction qui croyaient
peu en la promesse d'ouvrages
communicants capables d'évoluer
dans des systèmes d'information
d y n ami q u e s. Fo r ce est de
constater qu'ils avaient tort. Car
dans le secteur de la construction
comme dans celui de l'industrie,
du commerce, de la gestion de
l'énergie ou encore de la mobilité,
les technologies basées sur
le géoréférencement, la 3D, la
maquette numérique, l'intelligence
artificielle et l'internet des objets
ont tout emporté sur leur passage.
Y compris les traditions les plus
ancrées. Mais avec des bâtiments
de plus en plus complexes et des
réglementations notamment sur
la performance énergétique de
plus en plus drastique, les plans
architecturaux PDF et les tableaux
E x c e l semb l e n t d éso rma i s
appartenir à un passé fort lointain.
Aujourd'hui, il ne s'agit plus de
construire, mais de construire
pour durer. Longtemps remisée au
chapitre des dommages collatéraux
d'un ouvrage mal construit, la
phase d'exploitation est désormais
pensée en amont, y compris en
conception. Une véritable révolution
à l'heure de la sobriété carbone
où la notion de cycle de vie des
ouvrages est devenue le baromètre
de l'acte de construire. Désormais,
le bâtiment a plein de choses à nous
apprendre.
Steve Carpentier
SIGMAG
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SIGMAG - N°34 - Octobre 2022

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