SIGMAG - N°34 - Octobre 2022 - 43

GUIDE
POUR UN SUIVI AU PIED DE L'ARBRE
À GENÈVE, L'ARBRE N'EST PLUS CONSIDÉRÉ COMME UN OBJET URBAIN, MAIS COMME UN BOUCLIER ANTICHALEUR. POUR VEILLER
SUR LA CANOPÉE, LE CANTON MODERNISE LES OUTILS D'INVENTAIRE, DE SUIVI ET DE COLLECTE DE DONNÉES AVEC SURVEY123.
A
lors que la crise climatique
s'intensifie, de nombreux
territoires veulent lutter
contre les îlots de chaleur. S'il faut
réduire les chaussées et supprimer
des places de parking ou gérer les
réseaux en sous-sol, il est aussi
nécessaire de végétaliser. En Suisse,
la stratégie d'arborisation est
déclenchée aussi bien au niveau
cantonal qu'à l'échelle des villes. À
Genève, l'objectif est ainsi de
développer la canopée en la faisant
passer de 20% à 30% : une politique
volontar iste qui passe par la
plantation de 150.000 arbres dans
les dix prochaines années ! « L'arbre
n'est plus considéré comme un
mobilier urbain ou objet de décor.
Il devient un outil pour lutter contre
les fortes chaleurs. Il faut donc
optimiser et moderniser la gestion
de cette précieuse ressource »,
affirme Nicolas Wyler, conservateur
aux Conser vatoi re et Jard in
botaniques de la ville de Genève.
Depuis plusieurs années, la ville
dispose d'un système d'information
du patrimoine ver t. La gestion
des arbres remarquables, et
notamment l'inventaire cantonal
des arbres, était ainsi jusqu'alors
réalisée à travers des Topoforms
fonctionnant depuis une quinzaine
d'années sous ArcMap et devenant
donc obsolètes. La migration de la
ville de Genève vers ArcGIS Pro a
imposé une réflexion pour mettre
à jour les outils de l'inventaire
cantonal des arbres (SIPV-ICA) par
un nouvel outil de capture terrain.
Outre les espaces verts de la ville
de Genève et les jardins botaniques,
une dizaine de communes et le
canton sont partenaires dans ce
projet. « Nous avons établi un
cahier des charges à l'automne
2021. Notre objectif était de disposer
d'un outil convivial et intuitif,
fonctionnant sur un Smartphone
ou une tablet te. L'appl icat ion
devai t être téléchargeable et
utilisable de manière autonome
par des utilisateurs authentifiés,
détaille Philippe Chessel, chef de
projet informatique en systèmes
d'information géographique à
la DSIC de la Ville de Genève.
L'outil afficherait fonds de plans
et données associées. Enfin, il
fallait pouvoir synchroniser les
informations initiales et les données
collectées lors de campagnes
menées en simultané. Le tout dans
un workflow complexe d'un point
de vue de la sécurité, car il expose
des map services à l'extérieur
de notre système d'information
pour ensuite réintégrer de la
donnée externe dans notre réseau
interne » ! Le choix d'une application
générique d'Esri permettait de
répondre à la plupar t de ces
exigences. « Nous n'avions pas de
développement à réaliser selon
les modèles de Smartphones ou
tablettes, ou à gérer les différentes
gén é r a t i o n s d es s y s tèmes
d'exploitation, poursuit Philippe
Chessel. Les widgets offrent une
grande ergonomie et les briques
applicatives ne sont pas dans notre
système, mais à l'extérieur. Quant
aux patchs de sécurité, ils sont
directement gérés via ArcGIS ou
FME ».
SIMPLIFIER LES FORMULAIRES
Si le but était de moderniser des
pratiques d'inventaire existantes,
cette réflexion a été l'occasion de
repenser et simplifier cer tains
process. « Nous avons élaboré
trois formulaires, explique Nicolas
Wyler. Le premier est basé sur une
carte pour positionner l'arbre. Ce
formulaire permet de renseigner
les généralités de l'arbre ; ce sont
des attributs qui ne changent pas
comme l 'espèce ou la date de
plantation. Le second formulaire
permet d'une par t d'établir un
diagnostic précis comme la hauteur
de l'arbre ou le diamètre de l'arbre.
D'autre part, il sert à indiquer l'état
physiologique et mécanique. Enfin
un troisième formulaire permet de
décrire l'environnement de l'arbre ;
les bâtiments situés autour, s'il
fait partie d'un alignement, etc.
Nous avons presque repris tous
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Ergonomique et
facile à utiliser, la
nouvelle application
d'inventaire
encadre la collecte
de données. Les
enquêtes sont ainsi
plus homogènes
pour une meilleure
exploitation en
retour de terrain.
Découvrez d'autres
réalisations
www.topomat.ch
les attributs des Topoforms. En
revanche, nous avons conservé
les champs au moins renseignés
pour 3% des arbres. Ainsi, nous
avons ramené au nombre de 35
les champs à remplir sur le terrain,
au lieu de 100 initialement ». Les
formulaires ne proposent pas
d'intégrer de photos. Ils offrent des
listes déroulantes avec un nombre
assez limité de valeurs. Enfin, si un
champ de remarque libre existe
bien, rien ne pousse à ce qu'il soit
utilisé. Comme le souligne Nicolas
Wyler, « le but est de contraindre
au maximum la saisie pour qu'elle
soit la plus efficace, la plus facile
et surtout la plus homogène entre
tous les utilisateurs ».
Pour la société Topomat retenue
sur appel d'of fres, la dernière
étape avant le développement a
été de réaliser une ultime étude
comparative entre Survey123 et
Field Maps. « Le choix final s'est
ainsi porté sur Survey123 avec une
couche à plat de 65 attributs dans
la base de données SDE via FME
pour être maintenue à jour dans en
consultation et en retour de collecte
de données », rappor te MarieChristine
Nicolle, chef de projet chez
Topomat. Dans l'exercice une seule
limite a été trouvée : Survey123
rencontre une difficulté à charger
sur certains modèles d'iPhone ou
d'iPad plus de... 5.000 entités ! En
attendant qu'Esri trouve (ou pas)
une solution, l'utilisateur devra
donc se contenter de travailler
sur une zone « restreinte »... Le
développement des formulaires
a été rapidement exécuté pour
une mise en production en sortie
de cet été 2022. À terme, dans
les communes et les quelques
bureaux d'études pr ivés, une
cinquantaine de personnes vont
utiliser Survey123. Elles mèneront
en moyenne une trentaine de
campagnes d'invent aire, soi t
16.000 arbres mis à jour chaque
année. Une utilisation qui pourrait
progressivement croitre, au fil de
l'essor de la canopée. X.F.
patrimoine-vert-geneve.ch
SIGMAG

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