SIGMAG - N°35 - Décembre 2022 - 21

DOSSIER
SUIVRE L'ÉVOLUTION ET LA PROGRESSION D'UNE ÉPIDÉMIE, OPTIMISER
LA DISTRIBUTION DE MATÉRIELS ET DE SERVICES, METTRE EN LUMIÈRE
LES DÉSERTS MÉDICAUX, SUPERPOSER LES ZONES D'ÉMISSIONS OU
D'EXPOSITION À DES POLLUANTS ET LA PRÉVALENCE DE CANCERS,
D'ALLERGIES, ETC. PARLER DE SYSTÈMES D'INFORMATION
GÉOGRAPHIQUES ET DE SANTÉ, C'EST ADRESSER UNE LARGE VARIÉTÉ
D'APPLICATIONS COUVRANT TOUS LES MÉTIERS DE CE LARGE SECTEUR
TRÈS LARGEMENT SOUS LES PROJECTEURS DEPUIS LA CRISE DU COVID.
DOSSIER RÉALISÉ PAR VALÉRIE HANDWEILER
É
© Benoît Rajau
© Miguel Ausejo
pidémiologistes et géomaticiens s'entendent à
déclarer que la santé est à l'origine des systèmes
d'information géographiques, faisant
spontanément remonter son origine à la
fameuse carte de John Snow figurant des patients
atteints de choléra à Londres en 1854. Que ce fait soit
avéré ou non, ce qui est certain, c'est qu'un autre acteur
- le Covid - a joué un sacré rôle d'accélérateur sur l'appropriation
de ce mode de lecture par le grand public.
« Lorsque la crise sanitaire a démarré, je me suis
retrouvé en première ligne, à gérer l'entrepôt de
données en sécurité renforcée HDS, à construire des
systèmes d'information pertinents, produire de la
donnée adaptée aux besoins de la cellule de crise »,
explique Xavier Vitry, directeur de portefeuille de projets
à la direction du numérique des ministères sociaux
(DNS). Il pouvait compter sur le réseau des géomaticiens
en place dans les ARS. « Mais il a fallu
progressivement gérer les énormes volumes de
données mises à jour quotidiennement. On arrive
aujourd'hui à près de 300 millions de tests Covid ! »
© DMOBABIMAGES
© Mat Napo
De l'extérieur, Philippe Tavaud, responsable grands
comptes, secteur santé et affaires sociales chez Esri
France aurait aimé que les acteurs publics s'emparent
plus rapidement des outils de SIG. Dès le début de
la crise, son collègue responsable communication
technique avait spontanément intégré dans une carte
interactive les flux de données relatives aux cas de
Covid en France. Un Dashboard actualisé chaque
jour à l'instar de ce qui avait été fait à l'international
aux toutes premières heures de la crise par l'Institut
Johns Hopkins. La reprise du tableau de bord de Gaëtan
Lavenu, relayé par les médias, a engendré des chiffres
impressionnants : 136 millions de vues, dont 76 millions
pour le tableau de bord dans sa version mobile... Sans
compter sur sa reprise par les utilisateurs comme les
communes ou les départements. Ailleurs, Guillaume
Rozier, un jeune élève ingénieur de l'école Telecom
Nancy, a lancé CovidTracker dans les premiers jours
du confinement en 2020. Sa plate-forme est devenue
la référence du suivi de l'épidémie en France avec 7
millions de visiteurs chaque mois. Dans la foulée,
il créera l'année suivante « Vite Ma Dose ! », un outil
permettant de trouver plus facilement un rendezvous
de vaccination. Autant d'outils gratuits en ligne
alimentés par des données accessibles.
COVID : PRIORITÉ AUX OUTILS
DE DÉCISION INTERNE
« Pour le Covid, le vrai sujet au démarrage n'était pas
tant de produire des cartes », précise Xavier Vitry.
« On a priorisé les tableaux de bord à destination de la
cellule de crise. » Branle-bas de combat aussi à Santé
Publique France (SPF) : en quelques jours, les équipes
sont passées à l'opérationnel de crise. Aux premières
loges : Perrine de Crouy-Chanel, géomaticienne à la
Direction Appui, Traitements et Analyse des données
(DATA) et Julien Durand, chargé de projets scientifiques.
« Le Covid a changé notre façon de traiter les données
de santé. Quand il s'agissait auparavant de récolter
un échantillon minimum représentatif pour suivre
une maladie, nous avons basculé vers une
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SIGMAG - N°35 - Décembre 2022

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