SIGMAG - N°35 - Décembre 2022 - 22

DOSSIER
QUELS OUTILS POUR LES ACTEURS
DU SIG EN SANTÉ ?
Qualité de l'eau potable, vaccination, santé mentale, légionellose,
ambroisie, etc. L'outil du réseau des ARS « Atlasanté » offre en ligne
des observatoires et des cartes thématiques sur de nombreuses
données sanitaires. Il possède à lui seul 25.000 comptes utilisateurs !
Autant dire qu'une solution propriétaire peut vite devenir chère avec le
nombre de licences utilisateurs. Pour cette raison, les établissements
publics français choisissent souvent l'open source. Il s'agit là de
raisons budgétaires évidentes, mais aussi pour être compatibles avec
l'ensemble des services de l'état. Matthieu André, responsable SIG au
ministère de la Santé, est plus mesuré. « Pour une solution éditeur,
le coût démultiplicateur se jouera effectivement sur le nombre de
licences. Certes, il y a un droit d'entrée, mais tout un panel d'applications
et de tableaux de bord intégrés. Un logiciel open source offrira plein
de briques gratuites, mais il nécessitera du développement. C'est
donc à chiffrer ! » Aussi, il n'est plus rare en santé, comme ailleurs, de
rencontrer des solutions mixtes : ArcGIS pour la puissance de traitement
de l'information, puis des outils de diffusion en open source. « Le secteur
de la santé est complexe à aborder, car il recouvre plusieurs métiers
avec des besoins très variés, résume chez Esri France Philippe Tavaud.
L'agence de biomédecine utilisera les SIG pour gérer l'urgence : pour
un accident à un endroit donné, comment faire pour que l'équipe la
plus proche gère la greffe. Quel moyen de transport utiliser ? De son
côté, Santé publique France utilise les outils en épidémiologie : suivre
comment les maladies se propagent, ou une optimisation de l'offre de
soins. » Toutes les combinaisons d'outils sont possibles. Un objectif :
la meilleure carte et les meilleurs tableaux de bord pour la meilleure
compréhension des situations étudiées.
remontée de l ' intégralité
des données en temps réel. Le
contact-tracing nécessitait de
viser l'exhaustivité ! » Ce travail a
nécessité de créer des ponts avec
les fournisseurs de données : ARS,
hôpitaux, laboratoires d'analyse,
mais aussi avec les acteurs de
recherche, les préfectures, les
établissements hospitaliers pour la
diffusion. L'activité habituelle de SPF
est organisée à l'échelle de l'IRIS,
soit des zones de 2.000 habitants.
Pour le Covid, il a fallu décliner
des indicateurs à des échelles
plus fines, afin de gérer la crise et
envisager des mesures de freinage.
Dans SI-DEP, la base de suivi des
tests Covid, l'adresse des patients
souvent saisie manuellement était
erronée dans 5% des cas. En raison
d'une automatisation difficile, il
a fallu beaucoup de travail pour
ressaisir et vérifier des données
en provenance de plus de 600
laboratoires d'analyse. Collecte,
agrégation ou encore création des
indicateurs épidémiologiques,
Santé Publ ique France s'es t
concentré sur ses missions, dont la
première : faire remonter des cartes
SIGMAG
en interne à des fins de décision.
Ensuite, alimenter le dashboard
InfoCovid France et donner de
l'information au grand public dans
la continuité.
Presque toutes les autres activités
de l'agence ont été mises en
stand-by. Et quand les vagues
ont diminué, il a fallu gérer les
vaccins ou suivre les eaux usées.
« Là où nous n'avons pas été bons,
reconnaît Xavier Vitry, c'est dans la
communication en temps réel, sur
ce que l'on était en train de faire. »
Dans la suite de la crise, les agents
du ministère ont appris et progressé
en réactivité : le référentiel des
centres de vaccination en France
SI-Vaccination a par exemple été
créé en deux semaines. Entre le
CNAM, SPF, le Ministère, les ARS,
Matthieu André, responsable SIG
au ministère de la Santé depuis
2008, reconnaît que l'ensemble
des acteurs n'était pas très préparé
face à cette situation de crise. Les
premières cartes ont été diffusées
tard. Alors, y a-t-il eu un coup de
boost avec le Covid ? « C'est évident !
L'attrait pour les cartes au ministère
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a connu une embel l ie avec le
Covid. Avant la crise, on éditait
des données sur des applications
métiers, puis on ajoutait une carte
pour se faire plaisir. Maintenant, on
peut faire rapidement des cartes si
la base de données est bien faite.
En plus, il y a de la demande pour
cela. »
Entretien avec
Gaëtan Lavenu
autour du
Dashboard Covid
d'Esri France
Toutes les données collectées
pendant cette période n'en restent
pas là. Des analyses avec des outils
de SIG sont menées tous azimuts.
Comme le projet « GeoCov »
présenté par Hector Countouris,
Datamanager & ingénieur bioinformat
i c ien à l 'Assi s t ance
publique des hôpitaux de Paris
(APHP) aux Geodatadays 2021,
montrant comment les quartiers
à revenus plus faibles ont été un
déterminant clé d'incidence sévère
du Covid pendant la première vague
épidémique à Paris (BJM-2021).
À elle seule, l 'APHP rassemble
39 établissements et 14 millions
de patients. Ou bien ce projet
« Periscope » qui vise à développer
des solutions et des conseils pour les
décideurs et les autorités sanitaires
à l'échelle européenne en prévision
de futures épidémies. Ou encore
ces recherches sur la surmortalité
associée au Covid, ou sur la santé
des étudiants, leur précarité, dans
le cadre de l'observatoire de la vie
étudiante, menées par le Ladyss,
le laboratoire dynamiques sociales
et recomposition des espaces à
l'université de Paris Nanterre.
Nombre de lits
d'hospitalisation
complète en soins
de longue durée
dans ScoreSanté
Désormais, il faut sor tir de la
situation de crise, prendre de
la hauteur, sys témat iser les
approches, anticiper les urgences
futures. De fait, si la crise sanitaire
a permis de mettre sur le devant
de la scène publique les cartes,
tableaux de bord et autres outils de
cartographie, les équipes en charge
des questions de santé publique
https://www.sigtv.fr/CLUB-SIG-7-1-Gaetan-Lavenu-Esri-France_a1369.html?preview=1
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