SIGMAG - N°36 - Mars 2023 - 17

ENQUÊTE
faciliter la phase cartographique, le
partage et l'exploitation des données
et la dif fusion des résultat s. « En
matière de recensement statistique, la
révolution SIG n'en est qu'à ses débuts
en Afrique, résume Mathias Kuepie,
conseiller technique en matière de
données de population à l'UNFPA. Elle
met à disposition une masse incroyable
d'imagerie satellitaire géospatialisée
et une myriade d'outils d'analyse qui
permet d'améliorer la qualité et la
fiabilité des données collectées lors d'un
recensement statistique et d'optimiser
leur exploitation par toutes les parties
prenantes ».
UNE CAMPAGNE,
PLUSIEURS AMBITIONS
L'accroissement démographique étant
élevé dans les pays africains, l'inventaire
national est plus que jamais nécessaire.
Il permet notamment aux structures
étatiques d'adapter en conséquence
leur politique d'aménagement. Certains
pays le consacrent exclusivement au
dénombrement de la population.
D'autres capitalisent sur cette enquête,
en élargissant son champ d'analyse.
Au Sénégal par exemple, où la gestion
publique est décentralisée, l'Agence
Nationale de la Statis tique et de
la Démographie (ANSD) assure un
Recensement Général de la Population
et de l'Habitat, de l'Agriculture et
de l'Élevage. « Cela nous permet
d'examiner une série d'indicateurs
sociodémographiques et économiques
sur chaque dépar tement, détaille
Abdoulaye Sar r, chef du bureau
numérisation cartographique et chef de
cellule cartographique à l'ANSD. Ces
indicateurs sont spatialisés sur des cartes
commentées afin d'en faciliter la lecture
et l'aide à la prise de décision pour les
usagers et les décideurs politiques ».
Dans tous les cas, avant la collecte sur le
terrain, plusieurs phases préparatoires
doivent être accomplies pour assurer
sa réussite. Notamment la cartographie
qui s'apparente au découpage des
territoires en unités opérationnelles ; ces
mêmes zones qui sont ensuite confiées
aux agents recenseurs pour la collecte
terrain. Elle nécessite l'inventaire et la
mise à jour de toutes les localités (villages,
hameaux, centres d'habitation...) et de
ses infrastructures de manière à établir
des plans pour chaque zone.
Le Bénin mène ac t uel lement le
cinquième recensement statistique de
sa population (tablée à 9,9 millions lors de
la dernière édition en 2013 et estimée à
Rapport de
décembre 2021,
présentant les
résultats de
l'étude réalisée par
l'UNFPA auprès
de la population
du Ghana. Un
travail notamment
effectué par cette
équipe d'agents
recenseurs.
Entretien dans
CLUB SIG avec
Abdoulaye Sarr de
l'ANSD
environ 13,2 millions d'habitants en 2022
selon les projections démographiques)
dont les résultats sont at tendus en
2023. « La phase cartographique est
en cours d'élaboration, menée par
le concours d'environ cent quatrevingts
agents lors de la cartographie
pilote sur le terrain et environ six cents
agents lors de la phase principale »,
commente Samuel Nouetagni. L'année
passée, l'organisme avait investi dans
un pack ArcGIS d'Esri de manière à ne
plus produire la cartographie à la main,
mais numériquement, pour gagner en
temps et en précision. Prévu pour 2023,
le cinquième Recensement Général
de la Population et de l'Habitat du
Sénégal met également l'accent sur les
nouvelles technologies. « Auparavant,
la phase car tographique durait en
moyenne deux ans. Cette année, elle ne
devrait pas excéder dix mois », estime
Abdoulaye Sarre. En 2013, lors du
quatrième dénombrement, elle avait été
mixte, nécessitant un an et huit mois de
travail ; une partie ayant été mise à jour
en utilisant les outils SIG (logiciel Esri et
GPS), l'autre ayant nécessité l'utilisation
du papier comme support de mise à jour
avec le dessin à main levée.
VERS L'AMÉLIORATION D'UN
PROCESSUS CHRONOPHAGE ?
La définition des zones opérationnelles
permet d'évaluer le nombre d'agents
recenseurs qu'il convient d'embaucher
pour la collecte terrain. « Chaque unité
opérationnelle doit être couverte par
un agent recenseur, chargé de mailler le
territoire concerné sur une période de
quinze jours. Or, il est observé qu'elle
peut courir jusqu'à trente jours », avertit
Samuel Nouetagni. À titre d'exemple,
l'ANSD avait dû embaucher 17.164 agents
recenseurs pour la collecte du quatrième
recensement du Sénégal. Pour l'édition
2023, 32.500 sont actuellement en cours
de recrutement, sans compter le pôle de
réservistes. Pour ce faire, une plate-forme
pour l'enrôlement des candidatures a
été ouverte. Les postulants peuvent y
déposer leur dossier et consulter les
zones déficitaires. Il faut au minimum être
âgé de 21 ans et avoir en sa possession
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une carte nationale d'identité valide
pour candidater. « Le recrutement est de
préférence local, précise Abdoulaye Sarr.
Les critères de sélections peuvent varier
d'une zone à l'autre. La pratique physique
peut en être par exemple une dans les
régions escarpées ».
Une évaluation écrite peut aussi ponctuer
le processus de sélec tion, comme
c'est le cas au Bénin. Une fois recrutés,
les agents recenseurs suivent une
formation pour appréhender leur rôle
et leur mission. Et se familiariser avec
les outils mis à leur disposition. L'institut
national des statistiques nigérien a par
exemple récemment misé sur la solution
de collecte ArcGIS Survey123 pour
dérouler ses formulaires sur le terrain.
« L'an dernier, il nous a sollicités pour
un devis comportant 1.200 licences
ArcGIS Survey 123, désirant équiper les
agents recenseurs avec une solution
numérique fiable, précise et surtout
facilement accessible », commente Jean
Bosco Compaore, directeur général de
Gigahertz-B, partenaire officiel d'Esri
France et distributeur agréé des logiciels
ArcGIS au Niger et au Burkina Faso. On
l'aura compris, le processus de sélection
prend du temps. « Il peut s'espacer
deux mois entre le lancement de l'appel
à candidatures, la présélec tion, la
formation et la sélection définitive du
personnel de terrain », renseigne Samuel
Nouetagni.
Après quoi, les agents recenseurs
sillonnent la zone qui leur a été décernée,
por te après por te. Cette année, les
agents recenseurs sénégalais auront
entre leurs mains une tablette tactile
pour consulter les cartes géoréférencées,
dérouler les questionnaires et stocker
les réponses. « En 2013, le Brésil nous
avait prêté des PDA. Pour l'édition
2023, nous sommes sur le point de
faire l'acquisition de 32.000 tablettes
tactiles », décrit Abdoulaye Sarr. Au
Bénin aussi, la collecte 2023 se fera
également par l 'intermédiaire de
tablettes tactiles. Son apport est très
attendu. « En 2013, elle était manuelle ;
les agents recenseurs devaient emporter
avec eux les questionnaires papier, les
stocker et nous les envoyer après qu'ils
soient complétés. À réception, le bureau
central devait les vérifier, les codifier et
les saisir. Dorénavant, toutes ces phases
seront opérées presque en simultanée »,
se réjouit le conseiller technique de
l'UNFPA.
Une fois récoltées, les données sont
envoyées direc tement au moyen
d'une connexion Internet sur
SIGMAG
https://www.sigtv.fr/CLUB-SIG-29-4-Abdoulaye-Sarr-DCE-ANSD_a1716.html
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