SIGMAG - N°36 - Mars 2023 - 26

DOSSIER
« Fragiles Métropoles » qui
explique que « les grandes villes
por tent en elles des fragili tés
qui les rendent particulièrement
s e n s i b l es - à des de g r é s
divers - aux conséquences des
catastrophes sanitaires, naturelles
ou technologiques ». L'ouvrage
rédigé par Tanguy Le Goff, politiste,
et Ludovic Fay tre, géographeurbaniste
à l'IPR, rappelle ainsi
qu'en 2018, l'ONU s'inquiétait que
près de trois villes sur cinq dans
le monde comptant au moins
300.000 habitants (soit 1,6 milliard
d'habitants) soient exposées à
un risque élevé pour au moins
un type de catastrophe naturelle
(séisme, érupt ion volcanique,
cyclone, inondation, glissement de
terrain, sécheresse). Voire, pour 45
d'entre elles, comme Tokyo, Osaka,
Manille, San Francisco, Santiago
du Chili, pour les plus importantes,
à plus ieurs d'ent re eux. « La
connaissance fine des aléas naturels
ou technologiques, leur prise en
compte dans l 'aménagement
des zones urbaines, l'existence
de dispositifs réglementaires, à
l'exemple des Plans de prévention
de s ri sque s natu r els
( PPRn)
en France, ou l'adaptat ion du
bâti
(normes de cons t ruc tion
parasismique, protection contre les
inondations, etc.), sont autant de
mesures de prévention pour rendre
la ville moins vulnérable aux aléas,
notent les auteurs de l'ouvrage.
Le développement des out i l s
d'observation et de prévision des
événements (inondations, typhons,
volcanisme, etc.), et les systèmes
d'alerte de la population qui doivent
leur être associés sont aussi des
outils essentiels pour réduire le
bilan humain des catastrophes ».
La solution se trouve sans doute
« LA RÉSILIENCE CLIMATIQUE EXIGE DES
OUTILS PLUS RAPIDES POUR AMÉLIORER
LE FONCTIONNEMENT D'UN TERRITOIRE »
Richard Wojciechowski
Gérant d'Urbanwave,
société de conseil
en transformation numérique
basée à Marseille.
dans les territoires, qui tous ne
sont pas soumis au même impact
du changement climatique. En
Île-de-France, l'IPR est aux avantpostes
pour fournir des outils de
compréhension. L'organisme produit
ainsi des études de fond (voir
encadré) livrées par des experts,
mais se pose aussi la question de
savoir comment mobiliser les SIG.
« Désormais, l'urgence climatique
fait partie des fils rouges importants
comme résilientes. Par contre, ce qui évolue aujourd'hui, c'est
véritablement la priorité donnée aux cas d'usages qui répondent
à des priorités à court terme. Dans le passé, les thématiques
qui remontaient souvent tournaient autour de la relation
avec l'usager, ou traitaient des enjeux de la mobilité. Depuis
quelque temps, des questions émergent clairement autour du
changement climatique ou de manière plus ponctuelle à la crise
énergétique. Sur les territoires du littoral, la pression maritime
pousse ainsi de nombreuses collectivités à s'emparer des
technologies du numérique pour modéliser l'interface terre-mer.
C'est le cas sur le trait de côte, mais aussi sur tous les territoires
soumis à une pression environnementale.
Quel lien faites-vous entre la résilience climatique
et le territoire intelligent ?
La smart city se définit principalement par sa capacité à
communiquer et à faciliter les échanges entre toutes les
composantes d'un territoire que sont les usagers, les entreprises
et les services publics. Si le changement climatique peut être
diagnostiqué, c'est parce qu'un certain nombre de structures
ont mesuré en amont sur le long terme les élévations de
température, la pression atmosphérique ou encore les taux de
carbone. Les modèles obtenus ont permis de conclure à l'impact
de l'intervention humaine sur le territoire. Identifier et mesurer les
problèmes, puis repasser rapidement les données pour prendre
des actions correctives est le propre du territoire intelligent qui
doit mettre en place des outils plus rapides pour améliorer son
adaptation au changement climatique.
Vous conseillez fréquemment des collectivités
territoriales. Pour elles, la résilience climatique
est-elle devenue centrale ?
La demande de fond a peu changé, car beaucoup de
territoires sont un peu comme Monsieur Jourdain faisant
de la prose sans le savoir. Beaucoup se sont emparées des
questions environnementales sans qu'elles soient identifiées
SIGMAG
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En quoi le numérique et les SIG
peuvent-ils aider à s'adapter au changement ?
La résilience demande de décider plus vite, mais sur ce point, il
faut avouer que les outils numériques n'ont pas encore trouvé
toute leur place. En effet, établir les priorités pour savoir par où
commencer s'appuie toujours sur de bonnes vieilles techniques
consistant à établir un diagnostic, puis un bilan, pour ensuite
faire des réunions de travail pour analyser les différents sujets ou
encore définir les enjeux stratégiques. Et puis, si un élu considère
que pour ses administrés, une poubelle qui déborde, c'est plus
grave qu'une place où la température monte à 50 degrés en été,
la thématique climatique n'aura pas pris. Notre intervention se
situe donc en amont pour aider les collectivités à déterminer les
enjeux et à choisir les solutions technologiques adaptées pour
identifier les problèmes de fond sur leurs territoires. Toutefois,
la première question à laquelle il faut répondre n'est pas d'ordre
technologique. Il s'agit avant tout de savoir quels sont les besoins
relatifs à la plate-forme de données et quels sont les domaines
sur lesquels il y aurait le meilleur retour sur investissement ;
c'est-à-dire le minimum d'efforts pour le maximum d'impact
environnemental. Gérer des outils, c'est donc toujours les
prioriser. Sachant que le meilleur outil, c'est celui qui pourra être
mis en œuvre le plus facilement.
SIGMAG - N°36 - Mars 2023

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