SIGMAG - N°36 - Mars 2023 - 28

DOSSIER
bien au-delà du simple travail
d'analyse d'indicateurs clés. « Cet
outil nous a permis au travers de
cartes à la maille de prendre en
considération des endroits où
les populations sont soumises à
plusieurs risques environnementaux
afin de commencer à dessiner des
propositions d'action, souligne
Laurie Gobled. Établir des constats
n'est plus suffisant, il faut aussi
s'outiller pour agir sur les territoires
surtout lorsqu'ils cumulent des
risques importants pour la santé
humaine. Le cumul d'indicateurs
que l'on cartographie est vraiment
la clé pour identifier des territoires
sur lesquels il faut agir en priorité
ou en tout cas commencer à mener
un certain nombre d'actions pour
les accompagner au mieux dans
leur résilience. Le changement
cl imat ique est donc aus si un
changement de paradigme : nous ne
pouvons plus nous contenter du seul
diagnostic. Il nous faut raccorder les
indicateurs cartographiques avec
des éléments de proximité, c'està-dire
tout ramener à l'humain. En
effet, les territoires les plus résilients
sont aussi ceux qui impliquent
le plus fortement leurs citoyens
et qui les informent en amont de
l'existence du risque climatique. Ils
sont plus prompts à agir lorsqu'une
catastrophe arrive et à s'adapter
sur le temps long aux prochains
bouleversements. Dans ce contexte,
le SIG reste le meilleur outil d'aide,
car il permet de rendre concret un
discours ». Désormais fortement
impliquée sur les thématiques
environnementales,
l 'IPR s'est
également attaché à cartographier
les espaces susceptibles en Île-deFrance
d'être renaturés. Dans le
cadre du projet européen REGREEN
débuté en septembre 2019 qui vise
à favoriser des solutions fondées
sur la nature pour la transition
écologique des villes en Europe et
en Chine, il a produit un Cartoviz
qui représente des zones urbaines
à renaturer prioritairement. Un outil
cartographique qui a permis à la
Région d'identifier 145 communes
prioritaires. Ce cartoviz comprend
quatre onglets : trois onglets pour
identifier les zones de renaturation
prioritaire au titre du changement
climatique, de la biodiversité, de la
santé et le cadre de vie, et un onglet
identifiant des sites minéralisés où
SIGMAG
des opérations de renaturation
pourraient être assez facilement
déployées (parkings, cours d'école,
places publiques, etc.). Mais pour
l'IPR, le lourd dossier à venir, c'est
indéniablement la révision du
Schéma directeur régional d'Îlede-France
(SDRIF). Dans la version
qui sortira cet été, il aura une forte
connotation environnementale
et d'adaptation au changement
climatique, puisqu'il se nommera
désormais le « SDRIF-E », comme
envi ronnement. Un document
auquel collabore l'Institut et qui aura
de fortes répercussions. « Dans les
années à venir, nous allons mobiliser
notre SIG pour travailler avec des
ressources beaucoup plus fines
et précises afin de mieux mesurer
l'impact de l'environnement sur
notre quotidien et nos modes de vie,
conclut Laurie Gobled. Nous n'avons
pas encore tout envisagé en matière
de croisement de données et la
perspective de créer des indicateurs
encore plus pertinents est l'enjeu de
demain ».
COMPRENDRE
LE CHANGEMENT CLIMATIQUE
Cet enjeu, Le Havre Seine Métropole
l'a aussi intégré avec sa maquette
de territoire en LOD2.5. L'outil avait
au départ pour vocation de servir
de support aux projets pour de la
connaissance du territoire, de l'aide
à la décision, de la concertation
et de la communication. Mais il
prend aujourd'hui une envergure
totalement inédite. Pour une raison
simple : à l'époque, la thématique
de l'impact climatique, totalement
inexistante, n'est pas prise en
compte. Lorsque le projet est lancé
en 1997, le service SIG vise un quartier
pilote du Havre afin de mener une
restitution photogrammétrique des
bâtiments sur une zone pour valider
le concept d'aide à la décision et de
concertation avec les habitants sur
les projets urbains menés par la ville.
Une première étape concrétisée en
2006 par l'acquisition de la première
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C a r t ov iz de s zones
urbaines à renaturer
en Île-de-France (IPR).
maquette 3D sur les villes du Havre
et de Sainte-Adresse, soit 65.000
bâtiments répertoriés. Viendra
par la suite le passage au statut de
communauté d'agglomération avec
cette fois 17 communes et 210 km²
de territoires intégrés à la maquette.
Enfin, depuis 2021, la Métropole
est en marché avec la société
Avineon pour faire la restitution
du référentiel sur la communauté
urbaine, soi t 54 communes et
530 km2
de territoire. Un passage
Coupe transversale
et étude des ombres
portées dans la
maquette d'un futur
bâtiment au Havre.
à une échelle importante qui va
permettre à partir d'une restitution
photogrammétrique de produire
une maquette de territoire texturée
avec les vraies façades réalistes des
bâtiments et sur un MNT précis.
La dernière mouture de 2018 et
celle en cours de réception sont en
effet à 5 cm de précision pixel. Une
finesse de rendu qui permet d'avoir
un socle de territoire garantissant
des analyses exploratoires, des
extractions de données lidar sur
le sol ou sur le modèle numérique
d'élévation et qui sont une source de
données précieuse pour les études
faites par les différentes directions
métiers. Lesquelles perçoivent
désormais tout l'intérêt de l'outil
et s'adressent au service SIG pour
étudier par exemple les solutions
pour lutter contre l'inondation ou
la submersion marine. Le service
SIG est ainsi devenu un service
support pour ces directions métiers
qui toutes sont confrontées aux
questions environnementales. La
maquette 3D a donc définitivement
at teint une aut re dimens ion.
« Quand la maquette a été mise
sur pied, il s'agissait d'abord de
connaître l'impact d'un grand projet
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