SIGMAG - N°36 - Mars 2023 - 3

ÉDITO
L'ANNÉE GEEK
C
es dernières semaines qui n'a pas évoqué ChatGPT entre
fromage et dessert ? Et quand l'agent conversationnel
mis au point par OpenAI n'était pas au cœur de l'échange,
l'on vous a probablement sorti l'image de cet édito : « devine
ce que c'est » ? Cette série de « photos » créées par Midjourney
AI est bluffante. Une soirée qui n'a jamais existé, avec des
personnes qui n'ont jamais vu le jour ; « impossible avec tant de
dents »... Fin connaisseur, un ami m'explique le fonctionnement
de ce générateur d'images à partir d'un texte descriptif et de
millions de données. Bon j'avoue avoir décroché sur la manière
dont l'algorithme travaille à partir de ces poussières de pixels :
mon esprit reste bloqué sur les six doigts que fabrique la machine.
Et pourquoi pas trois oreilles ?
Dans mon village de Beaulieu, j'ai la chance d'avoir quelques
copains qui bossent dans la Tech. Eux ont accueilli le brouhaha
autour de ChatGPT avec autant d'enthousiasme que de sérieux.
Au cours d'un déjeuner, ils m'expliquent que désormais, dans
leur milieu, toutes les organisations développent leurs propres
outils basés sur l'intelligence artificielle en tirant justement parti
des ressources librement accessibles comme ChatGPT. L'un
d'entre eux reconnait avoir souscrit un abonnement « largement
rentabilisé ». Mordant dans sa pizza, il confesse avoir depuis
une bonne cinquantaine d'interactions quotidiennes avec la
machine ! « Jamais je n'aurais cru voir de mon vivant une telle
avancée de l'IA », lâche-t-il. Ce qui le désarçonne aussi, c'est
sa nouvelle manière de penser. Depuis des années, il raisonne
en if, else, switch, for, while, do, try... Et le voilà aujourd'hui en
train de converser le plus « naturellement » du monde avec son
ordinateur ; lui expliquant ce qu'il souhaite obtenir et surenchérir
en fonction des résultats obtenus. En somme, en 2023, mes potes
parlent à leurs ordis et sont devenus les neurones de ChatGPT.
Generative Pre-Trained Transformer : l'outil a été surentraîné grâce
au « machine Learning ». Surtout, il se nourrit au « reinforcement
learning », une technique d'apprentissage basée sur la rétroaction
humaine. On comprend mieux pourquoi Google force ses
ingénieurs à deux heures d'interaction par jour avec Bard !
Beaucoup de développeurs ont testé l'IA générative en concluant
sur sa difficulté à concevoir avec justesse un programme
complexe. À ce propos, lisez sur arcOrama l'essai réalisé
mi-janvier par Gaëtan Lavenu avec ChatGPT autour d'ArcGIS.
Pourtant, bien guidé, ChatGPT reste capable de générer du code,
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comme il peut disserter ou écrire un article. Surtout, il détecte en
quelques secondes des erreurs et les débogue. Il souligne des
failles de sécurité et peut même vérifier les patchs qu'il génère en
simulant une machine virtuelle. Là encore, en deux-deux. « Cette
rapidité est l'une des marques de fabrique de l'IA », m'affirme un
éminent Professeur qui évoque plutôt l'IA « Hybride ». « L'homme
a été capable d'aller sur la Lune avec sa propre intelligence. La
différence, c'est qu'aujourd'hui les décisions doivent être prises
vite et bien. C'est crucial par exemple pour le véhicule autonome.
L'autre différence, c'est que l'IA peut faire des prédictions à
partir d'un volume considérable de datas et de modèles qui
reflètent une réalité. Grâce aux fantastiques progrès en termes de
capacité et de puissance informatique, l'IA permet donc d'enrichir
artificiellement le modèle réel et la connaissance physique et
mathématique de tout ce qui l'entoure, pour faire mieux et plus
vite ».
C'est ainsi que les voitures autonomes évolueront bientôt dans
un flux de circulation sur un territoire complexe. Dans ce contexte
de « Sci-Fi » devenue réalité, apparait alors le jumeau numérique.
Gavé aux datas IoT temps réel et dopé à l'IA, il s'érige en outil de
résilience permettant aux infrastructures, aux villes et plus encore,
de surveiller, prévenir, simuler et s'adapter, encore mieux et plus
vite... À l'heure de l'Anthropocène, certains défenseurs de la
planète somment d'agir avant le 1er décembre 2024. Cette année
sera donc celle du jumeau numérique territorial. Le SIG étant l'un
des socles majeurs de son fonctionnement, les géomaticien(ne)s
doivent prendre leur part, insuffler la vie aux jumeaux numériques,
les nourrir et les développer. Si cela vous chante, vous pouvez
même leur parler...
Bonne lecture !
En 2023, mes potes
parlent à leurs ordis
et sont devenus les neurones
de ChatGPT.
XAVIER FODOR
RÉDACTEUR EN CHEF SIGMAG SIGTV.FR
SIGMAG
SIGMAG - N°36 - Mars 2023

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