SIGMAG - N°36 - Mars 2023 - 43

DÉCOUVERTE
Walls... Des années plus tôt déjà,
alors qu'il n'avait que 18 ans, il
accomplit sa première expédition
vers le Yukon, au nord du Canada
et près de l'Alaska, à l'initiative
de Mary, une amie rencontrée à
l'université. « Jusqu'à ses six ans,
elle avait vécu avec ses parents
qui étaient trappeurs dans les
montagnes le long du Cercle polaire
arctique. Huit mois de l'année, ils
vivaient seuls dans une cabane
canadienne en rondins de bois,
seulement entourés par leur attelage
de chiens de traineaux ». Durant
trente-cinq jours, elle le conduit
sur les traces de son enfance. Les
températures avoisinent les -40°C.
Ils évoluent dans le froid, tractant
de surcroît la (lourde !) luge qui
contient les vivres et le matériel
de survie. Malgré les conditions
difficiles, Gilles Denis est émerveillé
par l'expérience et les paysages. Au
fil du temps, il n'en démord pas :
il veut être exper t de l'aventure
arctique et impacter positivement
le monde, en accomplissant un
triathlon polaire au Groenland ! « Je
n'avais au départ pas d'expérience,
ni les compétences physiques et
techniques suffisantes », admet-il.
Détenteur d'un master en physique,
il veut allouer à son expédition une
approche scientifique. Peu à peu, il
Avant d'affronter
le Groeland,
Gilles Denis et
Nathan Goffart
ont appris à se
connaitre et à tester
leurs résistances
mutuelles à l'effort
en France, aux
États-Unis, en
Espagne ou au
Maroc.
se met à planifier le parcours et les
étapes. Il suit des cours pour devenir
guide de kayak en mer ou pour
apprendre à dormir en paroi sur des
vires. Il réalise même une première
mission de repérage durant six
semaines avec son frère. C'est en
2018, dans une salle d'escalade,
qu'il rencontre Nathan Goffart, un
ancien footballeur professionnel
devenu dirigeant d'une société de
complément alimentaire. Grimpeur
éméri te, Nathan adhère quasi
instantanément au projet hors
norme que lui soumet Gilles.
UNE INTENSE PRÉPARATION
Ainsi constitué, le duo part pour
un périple de 21 jours en kayak
dans les Cornouailles, un territoire
situé à l'extrémité sud-ouest de
Grande-Bretagne et réputé pour
ses conditions météorologiques
difficiles. Ce premier voyage est
concluant, confirmant leur entente
amicale et sportive. Il va même se
solder par un épisode héroïque
et médiatisé. « Le lendemain de
Noël, les Anglais ont coutume
d'aller se baigner en mer. Nous
avons sauvé l'un des participants
de la noyade en longeant à ce
moment précis la côte ». De retour
en Belgique, le projet d'accomplir
un défi sportif et environnemental
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au Groenland prend forme. Il se voit
baptisé Nanok, « en référence à la
mythologie inuite ; Nanook étant
le maître des ours ». De manière
presque ininterrompue, les deux
hommes s'entraînent en France,
en Espagne, au Maroc ou encore
aux États-Unis pour parfaire leur
technique dans les trois disciplines
prévues lors de l'expédition. Ils
apprennent à survivre dans des
conditions extrêmes, à construire
des igloos, à réagir en présence d'un
ours...
Seule ombre au tableau, les sponsors
sont durs à convaincre. À force de
persévérance et de ténacité, ils
parviennent à l'hiver 2020 à nouer
leurs premiers par tenariats au
service de la science. L'Observatoire
Royal de Belgique (ORB) est le
premier à retenir le duo. « Ils ont
souhaité que nous réalisions pendant
notre séjour polaire un relevé de
mesures topographiques pour les
comparer aux données satellites
afin de calibrer avec davantage de
précision les modèles d'élévation
de la calotte glaciaire ». Rapidement,
l'Université Libre de Bruxelles (ULB)
les sollicite pour le prélèvement
d'échantillons de neige de manière
à étudier l'impact du dépôt de
poussières à la sur face de
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SIGMAG - N°36 - Mars 2023

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