Le Magazine du Trésorier - n°57 - 1er trimestre 2007 - (Page 3)

EDITORIAL Le temps semble passer si rapidement, les mois défilent et l’activité de trésorerie et de finance en général n’a jamais été aussi intense. Certes l’année 2006 fut exceptionnelle pour nombre de nos entreprises. Pour la première fois depuis longtemps, pour ne pas dire, pour la toute première fois, l’ensemble des pays du monde a connu la croissance. Elle fut différente selon les pays et les continents. Chine et Inde, monstres asiatiques tirent toujours le vaisseau économique mondial par leur effervescence et leur dynamisme. Les pessimistes craignent le retour de flamme… Le feu d’artifice s’arrêtera un jour, non ? Les optimistes se plaisent à penser que ce n’est que le début… Par expérience, nous savons de la physique moderne, que tout ce qui monte, redescend un jour mais que l’inverse n’est pas nécessairement vrai. Comme tous, nous voudrions rejoindre le camp des optimistes. C’est tentant ! Pourtant, avec les marchés, il faut raison garder. Une manne de liquidités semble accessible. Les trésoreries sont plus longues qu’emprunteuses. Les Fonds d’Investissement regorgent de cash et sont prêts à payer n’importe quel prix pour acquérir des actifs, que dans une vue idyllique, ils espèrent revendre ans 3 à 5 ans avec une solde plusvalue. Ils espèrent embellir l’actif et trouver encore plus riches et plus dispendieux qu’eux. Cette quête d’actifs à tout prix crée une dangereuse dérive dont on peut craindre, qu’un jour, elle n’endommage tous les marchés en faussant les prix des acquisitions. Aujourd’hui, plus un groupe n’achèterait à un tarif manifestement trop élevé, par peur de ne pouvoir récupérer le bénéfice de sa mise initiale ou par crainte des fameux " impairments " de "goodwill". Les acheteurs d’actifs, de nos jours, sont des fonds tels que KKR, Advent, Apas, et autres qui s’associent avec des groupes internationaux pour accroître leurs chances de revendre avec plusvalues. Car, au bout du compte, leur unique but n’est-il pas la plus-value, plus qu’un quelconque objectif économique ou social ? On ne peut le leur reprocher, tout au plus le regretter. Par contre, l’inquiétude provient de cette inflation des prix en matière de M&A (" Mergers & Acquisitions "). En exagérant les prix, on fausse complètement les marchés. Les leaders d’un secteur sont incapables, parce que trop ou très raisonnables, de suivre ces fonds prodigues dans leur folie acheteuse. Demain, plus encore, les prix de revente demandés seront exorbitants. Un jour viendra où il n’y aura personne pour payer davantage. Ce type de stratégie dangereuse peut fonctionner lorsque l’activité économique est bien orientée et à la hausse. Mais lorsque l’hiver viendra, il y aura des déçus. Faut-il être prudent et refuser de surpayer au risque de perdre une opportunité stratégique ou être agressif et risquer un réveil douloureux demain ? C’est une question qui taraude nombre de CEO. Espérons que la raison reviendra car la croissance et la valeur doivent être réelles et tangibles plus que futures, hypothétiques ou même chimériques. La prudence reste de mise dans des marchés volatiles même s’ils sont bien orientés. 3 Le Magazine du Trésorier - N° 57

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