Expertises des Systèmes d'information - Mars 2021 - N°466 - Le mensuel du droit de l'informatique et du multimédia - 123

haut débit. En conséquence, il
faudra disposer plus d'antennes
pour une fréquence de 3,5 GHz en
5G, par rapport au réseau 4G dans
la bande des 800 MHz. Quant aux
antennes de la bande des 26 GHz,
elles n'auraient qu'une très faible
portée d'une centaine de mètres.
L'amélioration de la couverture
sera possible grâce (?) à une topologie de réseau maillé (« mesh ») où
tous les hôtes sont connectés pairà-pair (P2P) et chaque nœud reçoit,
transmet et relaie les données,
ce qui pourrait se faire grâce à de
nombreux objets connectés13.

Conséquences
sur le déploiement
Les simulations réalisées par le
cabinet Tactis14, à partir de sites
existants d'antennes déployées en
4G, permettent une évaluation du
nombre d'antennes nécessaires
pour couvrir le territoire en 5G avec
une couverture équivalente en
4G. Selon ce cabinet, il est estimé
qu'en zones péri-urbaines denses,
il faudrait 30% de sites d'antennes
supplémentaires par rapport au
réseau 4G, tandis qu'en zones
rurales, peu denses, il faudrait
doubler ce nombre, voire le tripler
pour être en mesure de délivrer
un service de très haut débit, ce
qui obligerait à une densification
massive avec un surplus global
de consommation énergétique15.
Cette question essentielle liée à la
couverture 5G du territoire, fixée à
10500 sites pour 2025 par l'ARCEP,
a été posée au Sénat16 en attirant
l'attention sur l'installation massive
d'antennes supplémentaires, sans
obligation stricte pour les opérateurs de mutualisation lors du
déploiement de leurs réseaux 5G.
Il n'est pas superflu de penser que
les déploiements pourraient se
concentrer d'abord sur les zones
denses urbaines et péri-urbaines,
et plus lentement dans les autres
peu denses, voire de manière
parcimonieuse, dans les zones les
plus rurales, ce qui provoquerait
une autre rupture numérique
durable, entre le réseau des villes,

rapide et robuste, et celui des
campagnes, plus lent et instable,
alors que la couverture numérique
territoriale est une de grandes priorités actuelles.
Les départements et communes
qui se sentent concernés pourraient tirer parti des dispositions
du « New Deal Mobile »17 pour jouir
d'une couverture ciblée de qualité
avec la généralisation de la 4G sur
l'ensemble des sites mobiles et une
offre de 4G fixe dans les zones où
les débits fixes ne sont pas satisfaisants. Cette combinaison exige
une orientation ad hoc du déploiement des technologies disponibles,
en fonction des territoires et avec
des démarches propres à la 5G si
nécessaire.

Particularités techniques
de la 5G et incidences
Les réseaux mobiles actuels sont
des réseaux cellulaires organisés en
cellules. Les sites d'antennes sont
idéalement situés sur des points
hauts pour émettre des faisceaux
dans toutes les directions. La 5G fait
aussi appel à la technique de formation de faisceaux (« beamforming »)
pour l'émission ou la réception
directionnelle de signaux. De petites
antennes complémentaires sont
déployées, de sorte que le signal
est orienté dans une direction
précise et plus distribué à 360°. Ceci
permet de gérer indépendamment
plusieurs faisceaux et de les orienter en direction des utilisateurs, y
compris en mouvement, selon la
demande de chacun et pas de façon
permanente.
Différentes
technologies
de
programmation du réseau sont
en mesure d'assurer une architecture en tranches («  Network
Slicing  »), flexible et modulaire,
permettant de créer simultanément plusieurs réseaux logiques18,
adaptés aux besoins, et taillés à la
demande en fonction de la qualité
de service : bande passante, débit,
latence, etc.
Tout ceci a plusieurs incidences.
D'abord, sur le niveau d'exposition,
EXPERTISES Mars 2021

plus fort dans le faisceau et plus
faible en dehors. Ensuite, sur la
durée d'exposition, plus faible, avec
de surcroît l'idée d'une économie
de
consommation
d'énergie.
Enfin, sur la possibilité de gérer des
millions de connexions de façon
différenciée.
Il faut ajouter que, contrairement à
la 4G, les opérateurs de la 5G vont
stocker des données en masse, avec
des conséquences sur la sécurité et
les droits, ce qui sera le cas aussi du
recours à un réseau maillé dont les
nœuds sont des objets connectés
réputés peu sûrs, donc favorables
à l'intrusion et propres à servir de
base pour des cyberattaques.

Développement
et évolution des usages
Avec la 5G, il est prévu un débit
jusqu'à 10 fois supérieur à celui de la
4G, un temps de réponse de l'ordre
de la milliseconde, soit 10 fois plus
rapide que la 4G, et une densité
permettant de multiplier par 10 les
capacités de connexion de la 4G.
Un tel saut théorique d'un facteur
10 dans ces performances essentielles permet d'envisager des
applications critiques en temps réel
et la prise en charge des éléments
connectés du monde de l'Internet
des objets (IoT) en croissance
soutenue19.
Des usages diversifiés et intensifs
sont attendus. Ils concernent
notamment la santé : télémédecine, téléchirurgie, télémonitoring,
etc., les territoires : connexions,
maîtrise de l'énergie, etc., le travail
et la formation : nouveaux modes
de communication des connaissances, innovations dans le travail
distant, etc., l'industrie : robotique,
pilotage à distance de la production,
etc., les transports : véhicules autonomes, triage, liaison et logistique
des flux multimodaux : routiers,
ferroviaires, fluviaux, maritimes
et aériens, etc., les médias : vidéo
UHD, réalité virtuelle, médias
immersifs, hologrammes, etc., la
sécurité : télésurveillance, sécurité
publique, etc.

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