Repères - N°42 / Juin 2019 - Le magazine de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire - 11

DOSSIER

Démantèlement

Avancer en toute sûreté
Pour les installations nucléaires en démantèlement, les niveaux de difficulté, de risque ou
d'urgence sont variables. En rendant son avis sur la stratégie globale des exploitants, puis sur
les solutions techniques proposées pour chaque opération, l'IRSN veille à ce que celles-ci
puissent être menées dans les meilleures conditions de sûreté et de radioprotection.

Tchernobyl

Isoler les transuraniens

la demande de la Commission européenne,
l'IRSN a étudié la création d'une installation
de prétraitement des eaux d'infiltration
collectées dans le sarcophage du réacteur n° 4
de la centrale de Tchernobyl. Il faut en effet
décomposer les matières organiques dont les eaux
se sont chargées et isoler les radioéléments
à vie longue - les transuraniens.
Or, le dossier de l'exploitant ukrainien
ne renseigne pas suffisamment sur la nature
des produits organiques, ni sur celle
des sous-produits résultant de leur traitement
et susceptibles d'occasionner des risques
d'explosion. Dans son avis de mars 2017,
l'Institut a recommandé de porter
une attention à ces risques.
Pour en savoir plus :
patrice.francois@irsn.fr
denix.depauw@irsn.fr

Des déchets radioactifs
sont entreposés en containers
à la centrale de Saint-Laurentdes-Eaux (Loir-et-Cher).
Ils sont en attente
d'acceptation par l'Agence
nationale pour la gestion des
déchets radioactifs (Andra).

1. Celui pour les laboratoires
et usines et celui pour
les déchets. Les GPE sont
spécialisés et comptent
une trentaine de membres
chacun. Ils sont nommés
par l'ASN pour une durée
de quatre ans.

e grand oral a duré deux jours. Il s'est tenu les
27 et 28 juin 2018, au siège de l'Autorité de
sûreté nucléaire (ASN) à Montrouge (Hautsde-Seine). L'Institut a rendu son avis sur la nouvelle stratégie de démantèlement des installations
et de gestion des déchets du Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA)
devant deux groupes permanents d'experts (GPE)1.
Une trentaine d'ingénieurs de spécialités variées -
démantèlement, transport de déchets et de combustibles, facteurs humains et organisationnels... - ont
instruit ce dossier. La quasi-totalité de leurs conclusions a été reprise par les GPE.
L'examen des trois stratégies générales de démantèlement des principaux exploitants - EDF, le CEA
et Orano - est la première phase de l'expertise de
l'Institut pour vérifier que les étapes pourront être
réalisées dans un délai acceptable, en maîtrisant les
risques liés à la radioactivité. Chaque stratégie générale dresse, par ordre de priorité en termes de sûreté,
la liste des opérations. Elle recense les moyens disponibles ou à créer : unités de traitement de déchets,
capacités d'entreposage, emballages et transport,
sites de stockage...

Cadarache et Saclay en priorité
L'instruction d'un tel dossier court sur près de deux
ans. Les experts vérifient les choix de l'exploitant. Ils
formulent des demandes de compléments d'informations et suggestions. L'exploitant peut en prendre
acte sous la forme d'engagements. Les désaccords
font l'objet, en fin d'examen, de recommandations
de l'IRSN soumises à l'ASN.
« Les vingt-deux installations nucléaires de base (INB)
à démanteler sont variées : réacteurs expérimentaux, installations d'entreposage de déchets... Cela
empêche la standardisation des modes opératoires,
remarque Stanislas Massieux, expert en démantèlement. Nous avons accordé une grande attention à
la hiérarchie des priorités en allant jusqu'à développer une méthodologie pour comparer objectivement
les risques. » C'est l'un des principaux acquis de
l'expertise.
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