Les Clés de la presse - Magazine n°52 - 18

Les Clés de la presse 52 Reworld _Gabarit test 18/11/2019 08:09 Page6

la stratégie de Reworld média

tion. Certaines manient plus le digital
que d'autres. Les patrons de rédaction
travaillent désormais à un projet global, avec une stratégie à trois ou cinq
ans, portée sur l'innovation : comment
faire du podcast, de la vidéo, quel ton,
quel format ? Il peut y avoir des synergies sur les supports techniques (CMS,
studio vidéo...). Les moyens transversaux
peuvent fonctionner, avec des experts
qui savent former des équipes. L'intérêt du digital, c'est que l'on sait tout
de suite si ce que l'on fait fonctionne
ou pas. Chaque rédaction fait ses propres choix de stratégie, dans une culture de start-up, avec un objectif :
lancer dix projets par an en espérant en
pérenniser quelques-uns. A partir du
moment où vous êtes à l'équilibre économique, vous avez une indépendance éditoriale qui vous permet de faire ce que
vous voulez. Science & vie n'a pas
besoin de moi, elle existait avant et
existera après mon passage, je n'en suis
que le dépositaire pour quelques
années.
Quelle sera la marge de manœuvre des
directeurs de rédaction ?
P. Ch. Je ne suis évidemment pas
compétent sur tous les médias. Mon rôle
est d'embaucher les meilleurs du marché, des professionnels bien plus chevronnés que moi, et de leur donner une
indépendance et une marge de manœuvre
totale. Je n'irai pas voir les directeurs des magazines pour leur dire de
parler plus ou moins d'un annonceur, ça
ne marche pas comme ça. Le lecteur aime
avoir des journalistes engagés, c'est
pour ça que je fais ce métier. Je veux
m'assurer d'avoir des convictions et de
les partager. Les journalistes du
groupe, de toutes les marques, sont passionnés de mode, de chasse, de voiture...
et c'est un point très important.
Nos marques historiques sont fortes,
les marques de Montrouge pourront récupérer cette expertise pour progresser
plus vite. Nous y travaillons sur Closer, Téléstar, Top santé... et l'on
observe déjà une amélioration des
audiences, grâce aux outils de référencement naturel. Il va falloir lancer des
programmes sur chacun des médias, certains feront du podcast, d'autres de la
vidéo, mais il faut que chacun fasse ses
propres projets innovants.

Les Clés de la presse - n°52, novembre 2019

« La transformation digitale
fait peur, mais ce n'est pas
la faute de Reworld média :
c'était la même chose dans le
retail avec l'e-commerce ».

La nécessité
d'innover
Comment définiriez-vous votre mission
et votre stratégie ?
P. Ch. Notre métier est de transformer les marques magazines en marques
médias, pour faire en sorte que l'expression de ces marques soit présente
sur tous les leviers. Dans notre portefeuille, nous avons des marques fortement digitalisées, comme Marie-France,
alors que certaines que nous venons de
racheter n'ont même pas de sites Web.
Nos lecteurs nous attendent là-dessus,
sur le téléphone portable, en fonction
de la cible, de son âge. Auparavant,
nous avions comme unique point de
contact le magazine. Aujourd'hui, nous
en détenons une bonne vingtaine : les
réseaux sociaux, le site, les newsletters, les événements... Chaque jour qui
passe, les lecteurs nous demandent de
créer toujours plus de points de contact
avec lui. Ces derniers sont devenus plus
complexes à comprendre, plus techniques. Non seulement nous devons produire de bons articles mais en plus, ils
doivent être bien référencés dans Google. Le groupe s'est constitué en intégrant les nouveaux aspects techniques
du secteur dans ses métiers et nous
continuerons à le faire. Les salariés du
groupe sont dopés à l'énergie et à la
croissance car ils viennent de vivre une
période où l'on n'existait pas et désormais, nous sommes les premiers. Notre
ambition est de garder toutes les

marques et de les développer. Nous ne
sommes pas des financiers, nous n'avons
jamais rien vendu.
Comment appréhendez-vous la nécessité
d'innover dans votre réflexion ?
P. Ch. C'est en travaillant au
contact de l'innovation que l'on décèle
les bonnes idées. Nous apprenons toujours plus de nos échecs que de nos succès ! J'ai le souhait de porter, en
parallèle du groupe, l'incubateur 50
partners. Cet entonnoir d'innovations
nous permet d'avoir une réponse immédiate à toutes les questions que l'on se
pose sur le marché, en termes de contenus, de techno... Notre force est d'agir
sur les terrains que les autres médias
n'ont pas exploités, en raison de choix
d'actionnaires. Si vous considérez que
le marché des médias, c'est le marché de
la presse papier, alors évidemment, ça
ne va pas très bien. Si en revanche, vous
considérez le marché dans sa globalité,
je dirais qu'il va déjà mieux. Le levier
de la diffusion presse baisse, c'est une
réalité, mais d'autres leviers sont en
croissance. Si demain, les audiences ne
vont plus sur Facebook mais sur Instagram, ça ne veut pas dire que nous allons
arrêter de tester des choses sur Facebook. Cela veut dire que nous avons déjà
anticipé les évolutions des leviers et
que nous travaillons désormais sur des
temps plus courts.

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