Les Clés de la presse - Magazine n°52 - 34

Les Clés de la presse 52 Rossel VDN_Gabarit test 17/11/2019 19:55 Page6

la statégie du groupe Rossel

et le gratuit, soit lesoir.be. Celuici propose un fil continu d'actualité,
généraliste, factuel, mais toujours
validé et alimenté par la rédaction. Ce
sont des contenus à durée de vie courte
qui répondent au premier besoin d'information. Il y a un an, en novembre
2018, ce service a fait l'objet d'une
série d'évolutions : sur le fond, la
forme, mais aussi, parce que c'est malheureusement devenu l'un des nerfs de
la guerre, l'optimisation des temps de
chargement sur mobile, la « viewability »... L'effet a été immédiat avec
une croissance de 20 à 30 %. Ce qui nous
amène aujourd'hui à une moyenne de près
de 450 000 visiteurs uniques par jour.
Si je vous en parle, c'est parce
qu'il y a un effet de levier direct
entre notre site gratuit et celui
réservé aux abonnés. Lesoir.be est et
demeure la principale porte d'entrée
vers le premium. C'est une vitrine cruciale, qui nous impose des standards de
qualité en termes de contenus et d'expérience nettement supérieurs à ceux
qui nous ont animés durant la période
du tout gratuit, où le nombre de pages
vues était le critère cardinal.
Quelles sont vos performances sur les
abonnements numériques ?
Ph. L. Elles sont réjouissantes :
on observe une hausse de 72 % entre le
premier semestre 2018 et le premier
semestre 2019. En mai dernier, mois des
élections européennes et fédérales en
Belgique, nous avons franchi la barre
des 1 000 abonnements numériques vendus par mois, et nous dépassons aujourd'hui le rythme des 1 300. Notons
que les abonnements mixtes (numérique
+ 1 ou 2 jours papier, NDLR) rencontrent toujours beaucoup de succès, et

Les Clés de la presse - n°52, novembre 2019

Philippe Laloux, rédacteur en chef adjoint du Soir

que la vente des abonnements papier a
connu une légère hausse en 2018.
Si ces chiffres montrent que les
gens sont bel et bien prêts à payer pour
de l'information de qualité (en plus de
leurs abonnements pour Netflix, Apple
ou Amazon), la croissance est encore
trop lente. D'autant que le marché
publicitaire, depuis un an, joue les
rabat-joies. Avant que l'abonnement ne
prenne le relais de la chute des revenus de la publicité, il y a encore du
chemin. Nous mettons tout en œuvre pour
accélérer le mouvement, en travaillant
sur le contenu, le marketing éditorial, l'analyse des datas, l'amélioration des produits... L'un des enjeux
majeurs, désormais, c'est la fidélisation. Pour que les abonnés restent, il
faut les amener à davantage consommer
nos produits, les faire revenir plus
souvent. Cela passe par l'offre, les
services, les newsletters, les notifications, la personnalisation...

||L'auteur ||
David Sallinen, fondateur d'Upgrade média, a pour mission d'accompagner les
médias dans leurs transformations numériques. Il travaille actuellement pour
Tamedia, le leader de la presse en Suisse, mais aussi depuis deux ans pour le
Télégramme ou encore Euronews, ainsi que l'Agence de presse marocaine et la
presse hyperlocale (PHR). David Sallinen a publié deux analyses, dont celle sur
1 million de titres de la presse francophone pour comprendre comment rédiger des
titres engageants. « Désormais, l'idée n'est pas de ressasser de vieilles
recettes ou encore d'appliquer à chaque média des solutions toutes faites,
estime-t-il. Ce temps est terminé. L'objectif est bien d'élaborer pour chaque
média sa feuille de route digitale en analysant notamment ses propres données,
afin de faire un accompagnement sur-mesure ».

Comment la rédaction du Soir a-t-elle
évolué pour relever ces défis ?
Ph. L. C'est un travail de très
longue haleine. Lesoir.be existe
depuis 1996 mais la transition numérique a réellement démarré en 2007. Il
y a eu un travail sur le fond, l'organisation, les contenus, l'édition, les
produits, le modèle économique. L'arrivée du Soir plus, en 2015, a joué un
rôle de détonateur. Le Plus est
aujourd'hui résolument au centre de
nos activités. Le papier reste indispensable, mais ce n'est plus lui qui
dicte sa loi en termes de contenus, de
rythme de production, d'outils...
En quoi vos exigences de qualité ontelles évolué pour booster l'abonnement
numérique ?
Ph. L. Tout notre travail journalistique s'articule autour de quelques
principes portés par Christophe Berti,
rédacteur en chef.
1. L'hyperchoix : on choisit ses
combats. Mieux vaut faire la différence sur quelques priorités que courir derrière tout, tout le temps. Ces
priorités font obligatoirement l'objet d'un travail soigné en amont (choix
de l'angle, formats), mais aussi en
termes d'édition (enrichissements,
multimédia, data, mise en avant sur les
sites, sur les réseaux sociaux, mise en
scène graphique). Ces « pépites » alimentent surtout notre newsletter abonnés du soir, envoyée vers 19h30. Elle
est devenue un pilier de notre organisation : elle rythme la journée, sert

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