Les Clés de la presse - Magazine n°53 - 45

Enquête audio 2 - n°53 _Gabarit test 22/07/2020 15:35 Page11

Les Clés de la presse - n°53, été 2020

représente un an et demi de travail, 20
comédiens, 30 figurants, un studio in
situ en extérieur, un casting de cinéma,
une sortie toutes deux semaines..., énumère Nora Hissem. Cela demande plus de
temps et de moyens, le fait d'être distribué sur Spotify nous permet de rester
accessible et de financer le projet. »

Le modèle économique
Les sources de revenus de Nouvelles

écoutes sont similaires aux standards
du marché : la production déléguée à des
marques représente une part majeure du
CA, au côté des partenariats et de la
vente de publicité en préroll via la
régie. Parmi les collaborations nouées
par le studio, une série de conversations avec la vidéaste Marion Seclin
pour Tinder, deux saisons de culture
foot avec la Ligue de football professionnel (LFP), un documentaire pour Red

Bull, plus d'une centaine d'épisodes de
rencontres avec des personnalités de la
mode et de l'art pour Chanel...
Des annonceurs ont également sponsorisé des programmes du studio, notamment l'assureur Maif, Google, Adidas et
Guerlain. De nouvelles diversifications devraient voir le jour prochainement, dont un projet d'éditions de
livres avec Marabout et des initiatives
événementielles payantes.

Binge audio, le réseau
nouvelle génération
Le concept
Kiffe ta race, les Couilles sur la
table, le Tchip... Derrière ces appellations déroutantes se cache l'un des
acteurs majeurs du podcast natif en
France. Dans le secteur des pureplayers de l'audio, Binge se positionne
comme un média à part entière, avec une
attention portée sur l'information et
les enjeux sociétaux (féminisme, masculinités, identité).
Entre la dizaine de programmes maison, les contenus en marque blanche pour
des annonceurs et la production des podcasts quotidiens du groupe le Parisienles Echos, les 15 salariés de la rédaction (des auteurs, réalisateurs,
compositeurs, journalistes...) ont de
quoi
occuper
leurs
journées.
« Binge est une machine à produire des
idées, des expériences et du sens, définit le patron et cofondateur Joël Ronez,
par ailleurs ancien directeur des nouveaux médias de Radio France. Nous ne
sommes pas juste des producteurs délégués, nous allons sur des sujets que les
autres médias ne traitent pas et, pour
ce faire, nous devons disposer d'un
savoir-faire en marketing et distribution pour monter en gamme, donner de la
valeur aux programmes et être là où les
gens sont. » La stratégie de « communautés », en phase avec les nouveaux codes
des jeunes adultes, porte ses fruits :
Binge revendique 2 millions d'écoutes
chaque mois et 80 % des auditeurs ont
moins de 35 ans.

La ligne éditoriale
Dans l'idée de concentrer ses
efforts sur des projets ambitieux, la
direction de Binge a fait le pari à la
rentrée de resserrer son périmètre éditorial autour de trois pôles : l'actualité (Programme B, par Thomas Rozec), la
société et la pop culture (les Couilles
sur la table, par Victoire Tuaillon) et
les contenus narratifs, au sein du label
Binge audio stories. Cette structure
est à l'origine du podcast bimensuel
Connaissez l'histoire de... ?, consacré à
des histoires vraies, et des récits
familiaux A la recherche de Jeanne et
Mon parrain, ce Black Panther. « Nous
avons suspendu certaines offres de
talks, de critiques ou d'entretiens
pour travailler sur des pilotes plus
écrits, des productions plus ambitieuses dans le documentaire et la fiction », assume Joël Ronez.
Conséquence de ce recentrage : d'anciens podcasts populaires (NoCiné,
NoFun, Miroir miroir...) ont laissé leur
place à de nouveaux programmes plus en
phase avec le positionnement éditorial
(la sexualité avec Camille, l'identité
française avec Parler comme jamais et On
est chez nous, les cultures arabes de
France avec Tarab).

Le modèle économique
L'arrivée sur le marché des services
d'écoutes de podcasts permet à Binge de
soutenir cette stratégie de montée en
gamme des contenus, en ouvrant de nou-

veaux débouchés commerciaux. A titre
d'exemple, le réseau de podcasts a cédé
les droits de Black Panther à la startup Sybel et a signé un accord d'exclusivité avec Spotify pour le programme On
est chez nous. Une manière pour les plateformes de renforcer leurs catalogues
et ainsi justifier la logique d'abonnements. Côté producteur, ces rapprochements stratégiques sont une manière de
multiplier les points de contact. La
montée en gamme se traduit également par
des diversifications « premium, dans un
souci d'être grand public », que ce soit
dans l'événementiel (la tournée Binge
en scène), l'édition de livres et de
jeux de société. « Notre chiffre d'affaires est issu à 20 % du sponsoring,
60 % de la production à des tiers et 10 %
des revenus auditeurs, résume Joël
Ronez, qui ne communique pas sur son
chiffre d'affaires global. C'est une
part que nous souhaitons voir augmenter. Nous sommes actuellement en train
de travailler sur une offre spécifique
payante. » Les ambitions de développement ont été accélérées par l'entrée au
capital du groupe le Parisien-les
Echos, à hauteur de 33,3 %. Un rapprochement synonyme de synergies entre les
deux entités mais également de liberté,
Binge étant libre de collaborer avec
d'autres médias. Le studio a notamment
accompagné les équipes des deux quotidiens au démarrage, dans le cadre du
lancement de Code source et la Story.
Une enquête de Mathilde Joris

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