À PARIS - N°69 - Printemps 2019 - 26

DÉCOUVERTES

Marion Dubier-Clark

Sophie Robichon / Ville de Paris

Sana, ébéniste menuisier en Gambie, se forme pour répondre aux besoins du marché français.

La Fabrique nomade
valorise les artisans réfugiés
Lauréate 2018 des trophées de l'économie sociale et
solidaire de la Ville de Paris, l'association aide depuis 2016
les artisans réfugiés à vivre de leur talent.

'est en découvrant l'histoire de sa
mère qu'Inès Mesmar décide de
créer l'association la Fabrique nomade en 2016, un lieu d'accompagnement
pour les artisans réfugiés. Elle a 35 ans
quand, au détour d'une conversation, elle
comprend que sa mère, arrivée en France
des années plut tôt, a non seulement laissé
derrière elle la Tunisie, mais aussi son métier de brodeuse.
Inès enquête alors auprès des centres d'accueil pour réfugiés et migrants. Elle y rencontre Kim, brodeuse au Vietnam, caissière
en France ; Ali, menuisier afghan, agent
d'entretien en France... Et tant d'autres.
« J'ai pris conscience de la violence de la
migration, de la perte de repères et des difficultés à faire valoir ses compétences. »
Répondre aux besoins
D'une durée de six mois, le programme
qu'elle a mis sur pied aide ces artisans à
développer leur savoir-faire en France. Dans
des locaux loués à la Semaest, société d'économie mixte de la Ville de Paris spécialisée
dans l'animation économique des quartiers,
les talents valorisent leurs compétences,

apprennent à s'adapter au contexte économique et culturel français et à répondre aux
besoins des entreprises.
Originaire du Togo, Jeannette s'affaire derrière son atelier à la confection de bijoux en
cuivre et laiton. Si elle ne parle pas encore
bien notre langue, son sourire en dit long
quand elle nous confie avoir « retrouvé
l'énergie et l'envie ». Un peu plus loin, Sana,
RÉCOMPENSES

Des trophées pour l'ESS
La Ville de Paris décerne chaque
année un prix à plusieurs projets
prometteurs de l'économie
sociale et solidaire (ESS). Douze
lauréats ont été récompensés
en novembre dernier et ont reçu
un chèque de 10 000 euros pour
développer leurs activités.
Chacun à sa manière incarne un
projet socialement innovant,
porteur de sens et de valeurs
pour Paris.
+ d'infos : Paris.fr/tropheesess

venu de Gambie, est heureux de nous montrer son travail du bois. « Ici, c'est Fayun. Il
est céramiste, mais il donne aussi des cours
de taï-chi aux artisans ». Fadhila et Wadie
se préparent quant à eux pour le cours de
français qui a lieu chaque semaine.
Comme un CV
« Les artisans réalisent ici ce qu'ils savent le
mieux faire. C'est comme un CV : leurs objets
donnent à voir leur savoir-faire auprès de
professionnels et entreprises du secteur des
métiers d'art. » Une collection « Traits
d'union » est d'ailleurs née d'une collaboration entre les artisans réfugiés et des
designers français.
Le grand public peut suivre un atelier avec
les artisans pour créer et repartir avec un
objet. Comme ils sont animés par les artisans
eux-mêmes, ces ateliers participent à leur
insertion socio-professionnelle. « Cette
action leur permet de prendre confiance. La
transmission est aussi très importante à leurs
yeux », conclut Inès. Un système gagnantgagnant à tous les niveaux.
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+ d'infos : www.lafabriquenomade.com
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À P A R I S PRINTEMPS 2019

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