i+D - Janvier/Fevrier 2018 - 22

Les affaires
du design
Le design à l'ère
numérique

REGARDER,
AIMER,
ACHETER :
LE DESIGN
À L'ÈRE
NUMÉRIQUE
PAR BARBARA THAU

UN PROVERBE DU TALMUD VA AINSI, « UN HOMME INSTRUIT NE SERA JAMAIS
PAUVRE » Cela pour dire que, contrairement aux choses matérielles qui sont éphémères,
la connaissance est un atout invisible, bien que précieux et durable.
La communauté du design d'intérieur se trouve désormais en passe de partager un message semblable
avec les clients à l'ère du commerce en ligne.
Pour les consommateurs, Internet a ouvert les vannes à un flot continu de marchandises, tout en
levant le voile sur le prix de presque tous les produits imaginables.
L'accès instantané, au bout des doigts, à d'énormes possibilités mondiales en matière d'ameublement
pour la maison, d'idées de décoration et d'information sur les prix a privilégié le produit et le coût
au détriment du processus dans l'esprit de certains consommateurs, émoussant la valeur et l'expertise
des professionnels du design ainsi que le rôle distinct qu'ils jouent dans la création de lieux sur mesure,
selon les gestionnaires en design. Aujourd'hui, « la communauté du design d'intérieur nous raconte
que l'un des plus grands défis auxquels fait face l'industrie est de sensibiliser les consommateurs
à ce que font les designers d'intérieur et de leur expliquer pourquoi il vaut la peine de payer pour
obtenir ces services », déclare Liza Hausman, vice-présidente du marketing pour l'industrie et la
communauté chez Houzz, un marché mondial en ligne de services de design d'intérieur.
Entre-temps, les émissions télévisées de transformation résidentielle ont répandu de fausses idées
sur ce qu'exige la création d'un lieu de vie, font remarquer certaines sources. Ce qui fait que les designers
professionnels se trouvent aux prises avec des clients qui croient que l'on peut remodeler leur maison
en un week-end. « La prolifération des "entrepreneurs du dimanche", du bricolage et des achats en ligne
dans le monde du design d'intérieur est à la fois une bénédiction et une malédiction », fait remarquer
Jason Kasper, associé principal d'IDEATE Design Consulting et président du conseil d'administration
de l'association Designers d'intérieur du Canada (DIC). « Nous en discutons beaucoup dans notre
bureau et avec des collègues. »
Bien que cela ait été catalyseur d'une meilleure sensibilisation - et d'attentes plus élevées - envers le
bon design, la mentalité du cliquez-et-recevez banalise les objets de design, « tout comme les émissions
de 30 minutes de transformation résidentielle dévalorisent le processus de design », ajoute M. Kasper.
Phyllis Harbinger, stratège d'affaires en design d'intérieur et fondatrice et associée principale de
Harbinger Design Consulting, abonde dans le même sens : « C'est une question d'actualité, et
certainement quelque chose que nous ne pouvons pas ignorer. J'enseigne à mes designers de ne pas
s'attarder sur la manière dont nous faisions les choses dans le passé, mais plutôt à se concentrer
sur la façon de travailler à l'intérieur de ce nouveau paradigme, car il n'est pas près de disparaître. »

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i+D - janvier-février 2018
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