i+D - Mars/Avril 2018 - 40

Des rues plus attrayantes - par Lydia Lee

Forces motrices
General Motors, Ford et BMW sont parmi les grands constructeurs
automobiles qui prévoient d'offrir des voitures autonomes au
cours des prochaines années. L'on s'attend à ce que GM soit le
premier avec son VA Cruise électrique en 2019. Entre-temps,
l'entreprise en démarrage de voitures auto-conduites Waymo a
testé ses fourgonnettes à Phoenix et est sur le point de lancer un
service de covoiturage sans conducteur pour le public. Toutefois,
l'on s'entend pour dire qu'il faudra quelques décennies avant que
les humains adoptent massivement les VA. « La bonne nouvelle
est que nos villes auront un certain temps pour s'y préparer », dit
Joshua Karlin-Resnick, associé principal chez Nelson/Nygaard,
firme de consultation en transports. Déjà, les concepteurs
de divers horizons collaborent sur les concepts les plus efficaces
pour ces villes futuristes : de la nouvelle désignation des routes
à la réappropriation des stationnements intérieurs.
Les bonzes du transport tirent maintenant la sonnette d'alarme,
pour nous mettre en garde que notre dépendance à la voiture
et les problèmes environnementaux afférents pourraient être pires
avec l'arrivée des VA. « Si chacun possède son véhicule autonome
et se fait emmener en ville du plus profond des banlieues,
puis envoie sa voiture faire des courses toute la journée, il faut
s'attendre à un avenir autonome, certes, mais très congestionné »,
explique Gerry Tierney, directeur associé chez Perkins+Will
et codirecteur du Perkins+Will Mobility Lab. « Nous arrivons
à une croisée des chemins où nous pouvons soit nous retrouver
avec d'égoïstes versions mains libres du futur, soit partager les VA
selon un modèle d'abonnement et les utiliser pour récupérer de
l'espace public. En tant que designers, nous devons présenter cette
vision aux gens. »
Les services de transports partagés Uber et Lyft ont lancé la
discussion de politique publique, et ont déjà laissé leur marque
dans la demande en stationnement dans les aéroports et les
garages du centre-ville. L'espoir est de réduire la nécessité de
posséder une voiture et de contribuer à résoudre le « problème
des derniers kilomètres », le chaînon manquant entre le transport
collectif et la destination finale. Cependant, dans une récente
enquête de 4 000 utilisateurs effectuée par des chercheurs de
UC Davis, on constate une réduction de 6 pour cent du transport
en commun chez ceux qui utilisaient les services Uber ou Lyft,
et que bon nombre de voyages n'auraient pas eu lieu si ces services
n'existaient pas. Les auteurs de l'étude ont conclu qu'Uber et
Lyft contribuaient probablement à augmenter, et non à réduire,
la circulation dans la ville.

Les véhicules autonomes
pourraient aussi libérer une importante
somme de productivité qui se perd
actuellement en temps de transit.

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Cette perturbation menaçante pourrait bien aider les urbanistes à faire
valoir la cause de « rues complètes » et autres solutions de transports.
« Nous discutons depuis des décennies de la nécessité de réduire
les exigences de stationnement pour les promoteurs, développer plus de
transports collectifs et instaurer une taxe à l'utilisation des routes », déclare
David King, enseignant en urbanisme à l'université d'État de l'Arizona.
« Aucune de ces politiques n'est réservée qu'aux véhicules automatisés,
mais elles peuvent devenir des catalyseurs pour dicter ces changements. »
Plus particulièrement, M. King soutient que le stationnement sur place est
dépassé. « Il n'est pas nécessaire de proscrire le stationnement, mais nous
devrions le dissocier du bâtiment lui-même. Les nouveaux stationnements
devraient être construits selon des normes qui permettront de les convertir
à un autre usage dans le futur », dit-il. Entre-temps, Seattle et San Francisco
ont créé des déclarations de principe pour orienter les futures décisions
politiques, et Los Angeles et Vancouver, en Colombie-Britannique, ont mis
sur pied des centres d'innovation au sein de leurs services de transports
pour mener leurs propres expériences.

i+D - mars-avril 2018
i+D - Mars/Avril 2018

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