i+D - Juillet/Aout 2018 - 44

Réaménager l'histoire - par Brian Libby

« Nous voulions utiliser ce langage, indique M. Gagné. Nous désirions
exprimer, bien entendu, l'époque où nous vivons. Mais en conservant les
anciens matériaux, qui sont presque éternels. Et puisque le bâtiment en
tant que tel ne changeait pas beaucoup, nous avons voulu en conserver
l'esprit. Il était dénué de toute ornementation. Nous avons donc voulu
créer une atmosphère intérieure très nette et très zen. »
Cette transformation n'est qu'un exemple de la valeur de la préservation
historique et de l'occasion qui est offerte aux designers d'intérieur de
transposer le vocabulaire du design d'une époque dans un avenir redéfini.
Pourtant, chaque projet présente de nombreux défis. Un édifice historique
révèle presque chaque fois des surprises en ce qui a trait à la structure
et à l'état des matériaux. Il est aussi frappé d'une multitude de restrictions,
des codes locaux aux protections nationales de sa valeur historique.
Et des systèmes de CVC aux salles de toilettes en passant par l'ajout de
transparence, les besoins modernes doivent être pris en compte, sans
pour autant réduire l'intégrité historique de l'immeuble.

Mais les bâtiments anciens possèdent une valeur intrinsèque. Plus
particulièrement, les structures construites avant la Seconde Guerre mondiale
sont généralement faites de matériaux de meilleure qualité, tels que des
bois provenant de forêts anciennes qui n'existent plus. Les bâtiments
d'avant-guerre étaient également construits selon des normes différentes.
Un immeuble vieux d'un siècle peut facilement se révéler un meilleur
investissement à long terme en raison de sa solidité et d'une main-d'œuvre
de qualité dont ne profitent pas les édifices neufs. Jane Jacobs, légendaire
activiste en urbanisme, a elle aussi eu une influence sur une génération de
designers, en caractérisant, dans son livre phare publié en 1961, The Death
and Life of Great American Cities, les édifices anciens comme des lieux
où la culture nous anime et où librairies, restaurants ethniques, antiquaires,
bistros de quartier et, plus particulièrement, petites entreprises en
démarrage, peuvent le mieux s'épanouir et profiter.

« Tout immeuble va exiger des
modifications. Notre travail consiste
à gérer ce changement avec intelligence.
À intégrer des fonctions dans un lieu
qui n'y était pas destiné. Le défi consiste
à le faire d'une manière qui convient
à l'immeuble et s'y agence. »
-JULIA GERSOVITZ, EVOQ

Une question d'équilibre
Les clients du Monastère
des Augustines peuvent
choisir entre quartiers
contemporains (illustrés ici)
ou des chambres authentiques
qui reflètent l'esprit des
« cellules » de l'ancienne
résidence des religieuses.
(Photo : Le Monastère
des Augustines)

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Cela dit, aucun bâtiment historique ne peut simplement être ramené à son
état d'origine sans tenir compte de nouvelles utilisations et de nouveaux
programmes. « Chaque immeuble requiert certaines modifications, parce
qu'il y a eu un modèle d'utilisation depuis son inauguration », explique Julia
Gersovitz, partenaire fondatrice de l'agence d'architecture EVOQ, établie à
Montréal et à Toronto. Mme Gersovitz dirige les grands projets de patrimoine
de la firme, notamment une restauration de la basilique Saint-Patrick, ainsi
que l'hôtel Gault primé, un bâtiment commercial du 19e siècle à Montréal qui,
actuellement, tout comme le Monastère des Augustines, est exploité à titre
d'hôtel renommé. « Tout immeuble exigera des modifications. Notre travail
consiste à gérer ce changement avec intelligence. À intégrer des fonctions
dans un lieu qui n'y était pas destiné à l'origine. Le défi consiste à le faire
d'une manière qui convient à l'immeuble et qui s'y agence », dit-elle.

i+D - juillet-août 2018
i+D - Juillet/Aout 2018

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