i+D - Septembre/Octobre 2018 - 38

Le design de ce que l'on ne voit pas - par Brian J. Barth

Bien-être et inclusivité
Notre mode de vie moderne à l'intérieur n'est bien entendu pas
la seule cause des problèmes de santé mentale. Et remanier des
bâtiments n'est en aucun cas une panacée à cet effet ni pour
quelque autre problème de santé. Mais, c'est un moyen de plus
en plus éprouvé pour les designers d'intérieur de contribuer à
une société plus saine.
Cela dit, certains éléments probants de l'étude de cas des bureaux
de l'ASID indiquent que de tels changements font réellement
une différence. Les employés interagissent davantage avec leurs
collègues. Pour communiquer entre eux, ils semblent désormais
privilégier les interactions en personne plutôt que les courriels, et
le travail de collaboration a augmenté de 9 pour cent. Parmi les
employés interrogés, 83 pour cent avaient l'impression que les
nouveaux lieux « favorisaient le partage et l'échange d'idées »,
comparativement à 39 pour cent dans les anciens bureaux. De
modestes interventions comme orienter les écrans d'ordinateur à
20 degrés par rapport aux fenêtres pour réduire l'éblouissement (et
la fatigue oculaire) et un système d'éclairage circadien (qui imite la
fluctuation de température de couleur de la lumière du jour, ce qui
peut avoir une incidence sur tout : vivacité intellectuelle, fatigue,
pression artérielle, vitesse du métabolisme et risque de cancer) sont
comme des touches de « petits soins affectueux » qui contribuent
à créer une expérience de travail plus positive dans son ensemble.
Whitney Austin Gray, Ph. D., première vice-présidente de Delos
Insights, qui a mis la santé et le bien-être au cœur des décisions de
design, fait remarquer que réaliser ces objectifs de bien-être exige
des designers qu'ils travaillent de manières nouvelles et inattendues.
Par exemple, bon nombre des interventions les plus robustes
peuvent, dans les faits, se traduire par un post-emménagement
obsolescent, à moins que l'on mette en place des structures qui
donnent aux gestionnaires la capacité de prendre le relais là où les
designers quittent les lieux. « Afin de transposer ces idées dans la
pratique, il est souvent utile d'intégrer dès le début une représentante
des ressources humaines à l'équipe de projet, pour discuter de la
mise en place des politiques en milieu de travail qui rejoignent le
design », souligne Mme Gray.
Elle prône aussi de penser davantage à l'inclusivité quand on conçoit
pour le mieux-être. « Quand l'ASHRAE a établi ses normes de confort
thermique, elle a fondé son modèle sur la physiologie d'un homme de
40 ans. » Les femmes ont des besoins différents, fait-elle remarquer,
des raisons physiologiques, certes, mais aussi parce qu'elles ne
portent pas de costume trois-pièces au bureau, en plein été.
Portant l'idée de l'inclusivité une étape plus loin, elle croit que le
design pour le mieux-être devrait s'attacher à favoriser la santé de
ceux qui sont les plus vulnérables, ce qui conduit inévitablement à des
bâtiments qui sont sains pour le reste de la population. « Pense-t-on
aux femmes ménopausées dans les lieux de travail ? Et à ceux dont le
système immunitaire est affaibli après un traitement contre le cancer ?
Quelles sortes de sensibilités sont en jeu ? Et si vous êtes plus âgé,
en surpoids ou au contraire en insuffisance pondérale, ou encore petit
ou très grand ? Soudainement, l'environnement de travail ne vous
convient pas. En concevant ces lieux pour les 5 pour cent des gens
qui sont les moins aptes physiquement, nous rendons les bâtiments
meilleurs pour tout le monde », dit-elle.

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Des lieux de rencontre clairs et ouverts contribuent à la fois
à l'éclairage et à la nourriture de l'âme, deux des concepts mis
de l'avant par la norme WELL Building Standard.
(Photo : Naomi Castillo)

À titre d'exemple, elle souligne l'importance pour ceux qui
souffrent de cataractes ou d'autres problèmes de la vue et qui
ont de la difficulté à lire sous un éclairage vertical par plafonnier,
de prévoir de l'éclairage direct, solution qui contribue en outre
à préserver la bonne vue des autres. Elle mentionne aussi les
accès de trottoirs surbaissés. « Ils ont été conçus pour les
personnes en fauteuil roulant, mais ils servent à tout le monde,
comme ceux qui tirent une valise à roulettes. »
Autre exemple, plus complexe : la variabilité de la température
dans chaque édifice. « Vous n'arriverez jamais à avoir la même
température sur l'ensemble d'un étage - cela dépend de
l'emplacement des évents d'aération, des fenêtres, de la
période de l'année ; cessons donc de tenter d'uniformiser
la température. Pourquoi ne pas indiquer sur un plan les
endroits où il fait plus chaud ou plus froid ? Puis, en informer
les occupants, qui choisiraient où ils veulent travailler »,
recommande-t-elle.

i+D - septembre-octobre 2018
i+D - Septembre/Octobre 2018

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