i+D - Septembre/Octobre 2018 - 57

Profil ICONique : Jason F. McLennan - par Ambrose Clancy

L'on peut voir le travail de McLennan Design
sous de nombreuses formes aux États-Unis et au
Canada, notamment, des campus scolaires, des
immeubles de grandes sociétés, des habitations,
ainsi que dans le secteur de l'accueil.
Né et ayant grandi en Ontario, au Canada,
Jason F. McLennan a fait ses études à l'université
de l'Oregon et à The Glasgow School of Art
en Écosse.
Il s'est entretenu avec i+D depuis Heron Hall.
i+D : D'où est venue l'idée du nom de
votre maison ?
J. F. McLennan : Du héron qui est notre voisin et
qui vit dans l'estuaire. Je voulais que notre maison
soit romantique et magique pour nos enfants. Je
me rappelais avoir lu The Wind in the Willows
(Le Vent dans les saules), l'un de mes livres préférés,
dans lequel le nom de la maison du crapaud était
Toad Hall. Alors, pourquoi pas Heron Hall ?
i+D : Quelle a été la première chose que
vous avez conçue ou construite lorsque vous
étiez enfant ?
J. F. McLennan : Je dessinais toujours
des châteaux.
i+D : L'un de mes titres de livre préféré
de tous les temps est le vôtre : The Dumb
Architect's Guide to Glazing (guide du
vitrage pour l'architecte idiot).
J. F. McLennan : C'est une taquinerie pour
notre profession, et pour signifier qu'il ne faut
pas se prendre trop au sérieux les uns les autres.
i+D : Non, ne me dites pas, les architectes
se prennent trop au sérieux ?
J. F. McLennan : (Riant.) Nous ne
connaissons pas tout, et nous devrions
nous donner l'occasion d'apprendre.
i+D : Qu'est-ce que le design régénérateur ?
J. F. McLennan : Vivre dans un endroit meilleur
est le résultat de designs que nous faisons lorsque
nous arrivons dans ces endroits. Guérir la planète,
guérir une communauté, et non conserver le statu
quo, mais plutôt améliorer les choses. Augmenter
l'habitat. Améliorer le bassin versant. Ramener
la vie dans une région.

Image : Danilo Agutoli

i+D : Laisser une empreinte plus légère ?
J. F. McLennan : Ça, c'est essayer d'être moins
mauvais. Ce que nous voulons, c'est être bon,
laisser une empreinte qui a un effet positif.
i+D : Quel objet avez-vous toujours avec vous ?
J. F. McLennan : Un collier que je porte, un
« koru » de la Nouvelle-Zélande, un os sculpté à
la main en forme de tourbillon. C'est un symbole
de régénération que ma femme a acheté pour moi.

La coutume veut qu'on l'offre en cadeau, mais
le donateur doit le porter pendant un certain
temps pour y transmettre son énergie avant de
vous l'offrir.
i+D : Magnifique.
J. F. McLennan : Oui. De la tradition maorie.
i+D : Quel est l'endroit où la science de
l'environnement et le design se rencontrent
dans le processus créatif ?
J. F. McLennan : Ils ne sont pas séparés. Il n'y
a ni début ni fin - cela s'intègre dans notre
réflexion à mesure que nous concevons.
i+D : Que lisez-vous en ce moment ?
J. F. McLennan : Sapiens : Une brève histoire
de l'humanité. Ainsi qu'un livre sur la navigation
de plaisance, pour apprendre tout ce que je dois
savoir pour aller faire un tour dans Puget Sound.
i+D : Étant donné qu'il y a tant d'information
qui passe par les médias visuels, est-il
nécessaire pour les architectes et les
designers de lire sur l'histoire, la science, les
sciences sociales, ainsi que des biographies
et de la fiction ?
J. F. McLennan : C'est absolument nécessaire.
L'architecture et le design sont deux des dernières
professions généralistes. Nous devons connaître
une grande variété de sujets - en savoir un peu
sur plein de choses différentes. Il n'y a rien qui ne
soit pas pertinent pour l'architecture et le design.
i+D : En regardant le démantèlement de
la réglementation environnementale dans
presque toutes les industries aux États-Unis,
quelle est la stratégie pour convaincre
les décideurs politiques d'adopter des
mandats verts ?
J. F. McLennan : Dans certains milieux
politiques, il ne vaut pas la peine de tenter de
les convaincre. Nous le faisons en influant
sur les gens lorsque nous construisons de
meilleurs bâtiments. Les immeubles que nous
concevons sont plus sains et plus avantageux
économiquement. C'est pourquoi la construction
et les bâtiments écologiques continuent de croître
malgré un manque de bonnes politiques publiques.
Si vous construisez quelque chose de meilleur,
qui est également meilleur sur le plan financier,
vous l'emportez. C'est comme ça que fonctionne
le commerce. Une fois qu'une chose est moins
chère et meilleure, on l'adopte immédiatement,
peu importent les politiques.
i+D : Lorsque vous vous réveillez le matin,
combien de temps s'écoule-t-il avant que
vous ne vous mettiez à penser au travail ?
J. F. McLennan : C'est plutôt rapide. (Riant.)
Oh, oui, absolument.

i+D - septembre-octobre 2018

i+D : Quel conseil, que vous auriez aimé
recevoir vous-même, donneriez-vous à
quelqu'un qui commence dans la profession ?
J. F. McLennan : De ne pas se préoccuper des
maths. Vous faites plus de mathématiques à l'école
que vous n'en ferez jamais dans la pratique. Je ne
sais plus combien de gens j'ai entendus dire, « Oh,
je voulais aller en architecture, mais je n'avais pas
les maths qu'il fallait. »
i+D : Un peu comme l'idée voulant que
les avocats soient des médecins que la
chimie intimidait ?
J. F. McLennan : Oui. Une autre chose
que personne ne m'avait dite - sois prêt à
travailler dur.
i+D : Qu'est-ce qui vous exaspère ?
J. F. McLennan : La politique d'aujourd'hui.
Il y manque de la vérité, de la compassion et
de l'intelligence.
i+D : Qu'est-ce qui vous élève ?
J. F. McLennan : Le monde de la nature. L'art et
une belle plume. La sollicitude. Mes enfants.
i+D : Qu'est-ce qui cloche avec
le design, aujourd'hui ?
J. F. McLennan : Que la plupart des choses ne
fassent pas du tout l'objet de design, qu'elles soient
simplement assemblées à la hâte et fabriquées sans
soin. Beaucoup d'objets sont fabriqués, mais non
conçus. Et, aussi, que les gens ne réfléchissent
pas aux conséquences de leurs designs en ce qui
a trait aux impacts en amont et en aval sur la
planète et les gens.
i+D : Qu'est-ce qui vous a inspiré à poursuivre
dans votre profession ?
J. F. McLennan : L'architecture en soi. Et l'idée
de créer une chose qui n'était pas là.
i+D : Lorsque vous levez les yeux de votre
bureau, que voyez-vous ?
J. F. McLennan : Des arbres.
i+D : Quoi d'autre ?
J. F. McLennan : Des arbres, c'est suffisant.

AMBROSE CLANCY
est rédacteur en chef du Shelter Island Reporter
et romancier, auteur documentaire et
journaliste. Ses articles ont paru dans GQ,
The Washington Post et le Los Angeles Times.

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