i+D - Janvier/Fevrier 2019 - 32

De la pensée et du processus - par Brian J. Barth

ou augmentation du rythme cardiaque, par exemple. Les
sensations unidimensionnelles comme le plaisir et l'excitation sont
des blocs de construction qui permettent aux neuroscientifiques
de déchiffrer des expériences émotionnelles plus complexes,
selon le chercheur.

« La façon dont nous voyons la
pensée design est d'utiliser
la recherche pour informer
le processus de design dans un
effort pour se rapprocher de la
solution de conception optimale
pour quelque projet que ce
soit sur lequel nous travaillons. »

« Si vous créez une salle d'attente dans un hôpital, vous voulez que
ce lieu respire le calme et favorise la détente, et vous souhaitez
donc voir une augmentation des ondes cérébrales alpha, expliquet-il. Mais, lorsque vous concevez un musée ou une galerie d'art, ou
encore un lieu de divertissement, vous voulez alors voir davantage
d'ondes bêta, parce que cela signifie que les gens réagissent à ce
lieu et désirent l'explorer. »
Il ajoute que ses expériences avec l'EEG sont encore à l'étape de
la validation de principe, mais l'objectif est d'intégrer ce processus
au travail de conception quotidien de l'entreprise. La disponibilité

-VEDRAN DZEBIC, ENTRO

de la technologie d'EEG à bon prix pour le marché de masse - le casque
dont se sert Vedran Dzebic coûte moins de 1 000 $ - donne un nouveau
sens au concept de la pensée design. En théorie, les designers pourraient
même employer ces appareils sans fil directement sur place. Combinés avec
d'autres technologies qui s'infiltrent dans le monde du design, comme les
lunettes de réalité virtuelle, l'on peut facilement imaginer qu'un processus
de conception très différent voie le jour dans un avenir pas trop lointain.
Une autre des expérimentations courantes de Vedran Dzebic - qui met
l'intelligence artificielle au service du processus de conception - rend
passablement imminent cet avenir. Il travaille au développement d'un outil
de prévision de l'expérience utilisateur, qu'il appelle Entro AQ et qui se
sert de la vision informatisée et de l'apprentissage machine pour évaluer
comment les gens feront l'expérience de lieux donnés. « Vous saisissez un
aménagement donné dans le logiciel, et les algorithmes recrachent une
série de valeurs qui nous disent comment il s'attend à ce les gens ressentent
cet aménagement particulier, explique-t-il. Cela nous permet de savoir si
on était sur la bonne voie, et aussi de choisir entre diverses options de
design. » La technologie, qui évalue la manière dont un aménagement aura
un impact sur le cerveau (les algorithmes classent des éléments comme la
complexité et l'ordre qui influent sur les états de plaisir et d'éveil mental),
est étroitement liée à ses travaux d'EEG.

Chez Entro, on met à
l'essai la technologie
qui permet d'évaluer la
manière dont les gens
ressentiront un lieu afin
de pouvoir l'utiliser au
quotidien dans le travail
de design.

En fin de compte, déclare Vedran Dzebic, « La façon dont nous voyons la
pensée design à Entro est d'utiliser la recherche pour informer le processus
de design dans un effort pour se rapprocher de la solution de design optimale
pour quelque projet que ce soit sur lequel nous travaillons. Les designers ont
toujours un scénario sur la façon dont les gens feront l'expérience des lieux
qu'ils conçoivent : Ils inciteront au calme ou seront vivifiants, l'orientation...
sera intuitive, diront-ils. Mon travail est de veiller à ce que l'expérience dont
nous parlons soit en fait vécue comme prévu. »

(Photo : Entro)

i+D - janvier-février 2019

i+D - Janvier/Fevrier 2019

Table des matières de la publication i+D - Janvier/Fevrier 2019