i+D - Juillet/Aout 2019 - 39

En exposition - par Jesse Bratter

« Architectural Artifacts »
de Megan Panzano remet
en question les limites
spécifiques que posent
les perspectives linéaires
classiques, dévoilant
ainsi des renseignements
différents sur les lieux
décrits.
(Photo : OverUnder)

Willow Holdorf, directrice des expositions au Museum of Arts and Design
(MAD) à New York, doit composer avec ses propres conditions liées aux
éléments, bien qu'elle travaille sous le couvert protecteur d'un lieu intérieur
permanent. « Nous travaillons beaucoup avec des matériaux sensibles à
la lumière, tels que des textiles teints et de l'encre sur papier, qui ont besoin
d'éclairage aussi faible que 5 à 7 pieds-bougie, souligne-t-elle. Pour que les
visiteurs n'aient pas l'impression que les galeries sont trop sombres, nous
essayons de choisir des couleurs de peinture qui ont une faible luminance et
nous entourons les œuvres d'un éclairage ayant une luminosité plus basse.
La lumière rasante entrant par les fenêtres peut être belle - comme dans
l'installation "the eye's level" (2018) d'Anne Lindberg [qui a tendu des fils de
couleur dans les trois dimensions à travers la salle d'exposition] -, mais en
général, il est plus simple d'éclairer une exposition lorsque les fenêtres sont
couvertes, afin de contrôler les variations de la lumière naturelle au fil des
jours et des saisons. La plupart du temps, nous devons obscurcir les fenêtres
en raison des rayons UV. » L'accessibilité fait partie d'autres considérations
que les designers des expositions du MAD doivent garder à l'esprit - que
l'on pense aux parcours sans obstacle, aux sièges, à la taille de police des
étiquettes et au positionnement de celles-ci, entre autres - ainsi que les
vitrines à températures contrôlées pour protéger, par exemple, les métaux
précieux de bijoux qui seront exposés pendant une année complète à
compter de janvier 2020.
Outre de telles vitrines et la sécurité des objets, l'éclairage, les socles,
revêtements muraux, murs amovibles et accessoires temporaires, le principal
accent visuel au MAD repose sur la narration que l'on présente aux visiteurs.
Et Willow Holdorf croit qu'il est parfois préférable de laisser parler l'art
lui-même. « Notre principal "effet d'émerveillement" est le point de vue en
sortant de l'ascenseur », explique-t-elle, en ajoutant que c'est de cette façon
que la plupart des visiteurs arrivent à chaque étage. « Tout ce qui déjoue
les attentes des visiteurs en matière d'échelle, de taille, de complexité et
d'interactivité, a le potentiel de leur faire une impression durable. Il suffit
parfois de donner à l'œuvre d'art l'emplacement idéal et de l'entourer d'assez
d'espace libre pour qu'elle suscite son propre émerveillement. »

L'art de concevoir pour l'art
OverUnder, également établi à Boston, est un autre organisme
axé sur les expositions qui conçoit des expériences et crée des
environnements itinérants. Comme cette fois où il a établi ses
pénates au Heinz Architectural Center du Carnegie Museum
of Art en 2016-2017 pour raconter l'histoire de la période
de revitalisation urbaine de Pittsburgh durant les années
1950 et 1960. Mais il dirige aussi une galerie permanente
de 350 mètres carrés appelée pinkcomma, qui a réalisé plus de
40 expositions et a attiré un public fidèle à part entière. « Nous
aimons approcher notre travail d'exposition comme forme
de connaissance : un site dans lequel du contenu visuel,
historique ou axé sur les données peut être rassemblé pour
susciter une discussion », déclare Chris Grimley, l'un des
dirigeants fondateurs d'OverUnder aussi directeur de la galerie
pinkcomma. « Le design joue un rôle crucial dans la façon dont
le contenu est présenté. C'est le contenu, et non le format,
qui dicte la manière dont nous réalisons les expositions. »
OverUnder travaille avec des urbanistes, des architectes et
des graphistes pour interpréter une exposition à toutes les
étapes, de la création du récit à la conception de mobilier et de
présentoirs. L'organisme a fondé et organisé les cinq dernières
éditions de la biennale de design de Boston, installant, par
exemple, des œuvres du groupe de design MASS et de
l'artiste Daniel Ibanez qui étaient assez robustes pour passer
l'hiver dehors.

Se servant de gros fils de couleur tendus de part et
d'autre d'une salle, l'artiste Anne Lindberg élargit
pratiques textiles et pratiques de dessin aux domaines
spatial et architectural, grâce à son installation « the
eye's level », qui a été présentée du 16 octobre 2018
au 3 mars 2019, au Museum of Arts and Design.
(Photo : Jenna Bascom, gracieuseté du Museum of Arts
and Design)

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