i+D - Septembre/Octobre 2019 - 43

Une cible en mouvement - par Diana Mosher

Fitwel entraîne une
transformation du marché

Le point de vue
d'un professionnel

Déjà présent dans 35 pays depuis ses débuts en 2017, le système de
certification Fitwel a été créé par CDC pour être mis en œuvre dans les
propriétés de la General Services Administration des États-Unis (GSA).
Fitwel est une norme fondée sur des données probantes qui s'inspire d'une
analyse de CDC sur l'impact qu'ont la conception et le fonctionnement des
immeubles sur la santé des humains. C'est le Center for Active Design
(CfAD), un organisme sans but lucratif lancé par l'homme d'affaires et ancien
maire Michael Bloomberg en 2012 pour transformer le révolutionnaire
programme Active Design de la ville de New York en mouvement
international, qui gère le programme Fitwel.

La plupart des clients de designers ne désirent pas s'attaquer à plus de
deux programmes de certification à la fois, surtout lorsqu'ils essaient
d'atteindre les niveaux de certification supérieurs les plus rigoureux.
« Nos conversations avec les clients commencent généralement autour
de LEED, parce que c'est ce qu'ils connaissent le mieux, puis nous les
informons au sujet de WELL et de Fitwel pour déterminer lequel de ces
systèmes de cotation leur convient le mieux, à eux et aux objectifs de
leur projet. Puis, nous discutons de la manière dont cela s'inscrit dans
le programme LEED », dit David Cordell, associé directeur, coordinateur
technique principal et chef de la durabilité chez Perkins +Will, qui est aussi
un professionnel agréé LEED et WELL ainsi qu'ambassadeur Fitwel.

« Au cours des cinq dernières années, le travail du Center for Active Design
s'est étendu à l'échelle mondiale, touchant plus de 180 pays et éclairant
la conception d'immeubles et de projets d'infrastructures publiques »,
déclare Joanna Frank, présidente et directrice générale de cet organisme.
« Notre mission porte en fait sur la transformation du marché. Fitwel est un
moyen réellement efficace de partager cette incroyable base de données
probantes qui nous vient de la santé publique avec les décideurs en matière
de bâtiments. »
Les ambassadeurs Fitwel, qui sont des chefs de file et d'actifs participants
du mouvement des bâtiments sains de Fitwel, contribuent également
à répandre la compréhension de l'impact qu'a l'environnement bâti sur la
santé. Aucune compétence préalable en santé ou dans les installations
techniques d'immeubles n'est requise pour suivre le cours et passer l'examen
d'ambassadeur Fitwel qui, au moment de mettre sous presse, étaient fondés
sur le tableau de pointage et les guides de référence de la version 2 de Fitwel.
« Fitwel est différent de LEED, explique Mme Frank. Nous n'examinons pas
un bâtiment pour demander, "Pensez-vous que ce système mécanique a une
incidence sur la santé ?" Nous examinons la recherche de CDC et nous nous
disons "Quelle recherche existe-t-il en matière de qualité de l'air et de santé
humaine ? Est-il possible qu'un bâtiment ait des incidences sur tel problème
de santé en particulier ?" ».
Aujourd'hui, les stratégies de Fitwel s'appuient sur plus de 5 000 recherches
en santé publique examinées par des pairs. « Nous venons d'effectuer
une révision de la norme pour refléter la croissance de la base de données
probantes », ajoute Joanna Frank. Le cours d'ambassadeur doit être mis à
jour à l'automne 2019 afin de l'harmoniser au contenu de Fitwel v2.1.
Une norme élargie a été lancée en juin pour les projets internationaux.
Fitwel est approprié pour une variété de types de propriétés, de la vente
au détail aux bureaux, et des logements abordables à ceux qui suivent la
valeur du marché. Elle s'applique aussi bien aux bâtiments existants qu'aux
constructions nouvelles. « Nous connaissons une incroyable période de
croissance, indique Mme Frank. Le Sud et le Midwest des États-Unis
rattrapent très rapidement les zones côtières en ce qui a trait au nombre
de projets. Je crois même que le Sud [pourrait] dépasser le nord-est
cette année. »

Il existe beaucoup de recherches sur l'effet que peuvent avoir les
matériaux sur l'amélioration des capacités cognitives ou la diminution
de la pression artérielle. Mais si vous vous attardez au design en fonction
d'un véritable bien-être, on parle alors d'un objectif plus global qui va
au-delà de la physiologie. Et, comme le souligne M. Cordell, c'est plus
difficile à analyser. « LEED a été en mesure de s'implanter parce qu'il
y avait des données qui permettaient de mesurer et de comprendre »,
explique-t-il. Toutefois, ce sont les données empiriques qui racontent
en grande partie l'histoire de l'aspect humain des choses, ce qui
est justement l'objectif du design pour le bien-être. Selon David Cordell,
WELL et Fitwel essaient d'atteindre à peu près la même chose,
mais en s'y prenant un peu différemment.
Le designer fait remarquer que les certifications qui s'ajoutent à
l'obtention d'un permis d'exercice (ou l'agrément) dans une profession
de base, telle que le design ou l'architecture, constituent le moyen le plus
précis de transmettre la passion, ainsi que de l'expertise, sur un sujet
donné. David Cordell, qui avait initialement prévu d'étudier la psychologie,
a décidé qu'il pouvait influer davantage sur le bien-être des gens en
passant par le design : « Cela comporte cette idée que le design doit créer
un sentiment d'émerveillement ou de joie et d'espoir. » Il trouve que
les normes contribuent absolument à cet objectif en incluant des éléments
biophiliques et artistiques qui ont une incidence sur le bien-être mental,
spirituel et émotionnel des occupants d'un bâtiment.
Au cours de la dernière décennie, le marché a connu une évolution
extraordinaire. Les clients de designers sont de plus en plus conscients
que l'endroit où ils vivent et travaillent a un impact sur le bien-être. Il n'y a
jamais eu de moment plus propice pour que les designers deviennent les
experts qui peuvent aider leurs clients à atteindre ces objectifs.

i+D - septembre-octobre 2019

DIANA MOSHER, membre alliée de l'ASID,
est designer d'intérieur et consultante en
médias établie à New York. Elle est aussi
directrice des communications pour
la section New York Metro de l'ASID.

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