i + D French - September/October 2020 - 38

Trouver refuge - par Brian J. Barth

Des lieux ultra-léchés
qui pourraient sembler
agréablement minimalistes
et sophistiqués aux yeux
d'un professionnel urbain
à l'aise financièrement
peuvent se révéler froids et
stériles pour quelqu'un dont
le chez-soi précédent était
une simple tente.

Concept pour une salle à manger familiale au Caritas Village Homes & Center
de Santa Rosa, Californie. Le centre achevé comprendra des services et des solutions de
logement pour des résidents actuellement ou précédemment en situation d'itinérance.
(Image : rendu par PYATOK architecture + urban design)

Un peu d'amour
peut mener loin
Michael Pyatok, fondateur de PYATOK architecture + urban
design, une entreprise d'Oakland, Californie, connue pour son
travail en matière de logements abordables ou pour personnes
à faibles revenus, nous met en garde contre le fait de prôner
le design comme solution aux problèmes auxquels font face
les personnes déplacées. « Ce sont des êtres humains et non
des locaux ou des endroits inanimés qui s'occuperont de leurs
besoins les plus immédiats, dit-il. Mais une fois ces besoins
pris en charge, le design peut aider. »
Après plus de cinq décennies d'exercice, il a cerné quelques
règles de conduite de son cru. Dont l'une, qu'il s'efforce
d'inculquer aux jeunes designers, et qui est d'éviter en grande
partie tout ce qui est tendance dans le monde du design
d'aujourd'hui. De tels aménagements tendent souvent vers
des lieux ultra-léchés qui pourraient sembler agréablement
minimalistes et sophistiqués aux yeux d'un professionnel
urbain à l'aise financièrement, mais se révéler froids et stériles
pour quelqu'un dont le chez-soi précédent était une simple
tente. « Rien de clinquant, d'élégant à outrance ni de branché,
dit-il. Ce qui pourrait plaire à quelqu'un qui veut avoir l'air
"dans le coup" aux yeux des médias du design n'a pas sa
place ici. Ce que nous recherchons est une sorte de pendant
architectural aux aliments-réconfort. »
Il faut éviter les plastiques et les métaux, dit M. Pyatok, et leur
préférer des matériaux naturels. La verdure et les fleurs sont
extrêmement importantes, ajoute-t-il. « Plus particulièrement
les fleurs. Il est essentiel de créer un environnement qui
vous donne l'impression que quelqu'un vient de vous offrir
un bouquet », dit-il. Il poursuit en admettant que de nombreux
projets de ce type seront soumis à un « dévastateur exercice
d'ingénierie de la valeur », et que c'est pourquoi il recommande
de mettre la barre haute dès le début. Dans un récent
refuge pour sans-abri de Santa Rosa, en Californie, conçu
par son entreprise, on avait spécifié un plafond suspendu
en lamelles de bois aux tons chauds dans l'ensemble de
l'établissement. En fin de compte, il n'a été installé que dans
quelques aires communes. Mais au moins, il existe dans le
bâtiment quelques endroits où le plafond de style industriel
par défaut n'apparaît pas.
« Ces lieux doivent être apaisants, mais ils doivent aussi
transmettre le message que, peu importe la gravité de leur
situation, les résidents sont toujours aimés et respectés,
explique Michael Pyatok. Vous devez concevoir quelque chose
qui dit aux gens, "Je t'aime" ».

Une accueillante terrasse sur le toit ajoute au sentiment de chez-soi
et de communauté d'un projet de logement pour personnes ayant
des besoins spéciaux conçu par PYATOK architecture + urban
design à Oakland, Californie.
(Photo : David Wakely Photography)

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