i + D French - November/December 2020 - 31

Citoyens du monde - par Diana Mosher

Emma Gardner
(Photo : Alessandra Mello)

Depuis le début, Emma
Gardner a travaillé avec
GoodWeave pour s'assurer
que la production de ses
tapis ne fait pas appel au
travail des enfants, à la
servitude de dettes ou au
travail forcé.
(Photo : Emma Gardner)

Promouvoir des pratiques éthiques
Lorsque Emma Gardner, fondatrice, chef de
direction et directrice de création d'Emma Gardner
Design, a lancé sa gamme de tapis faits à la main
en 2002, elle avait très hâte de travailler avec les
talentueux tisserands népalais. Elle envisageait
d'utiliser des méthodes traditionnelles, de la laine
himalayenne locale et de la soie chinoise ; et elle
voulait également s'assurer d'éviter toute usine qui
pourrait exploiter le travail des enfants. Cependant,
dit-elle, « Je n'étais pas en mesure d'aller visiter
moi-même les ateliers pour m'assurer qu'ils étaient
tous honnêtes. » Au lieu de quoi, elle a contacté
GoodWeave (anciennement connu sous le nom
de Rugmark), un organisme à but non lucratif
qui s'est engagé à mettre fin au travail des enfants
dans l'industrie de fabrication de tapis. C'était
le début d'une longue relation qui lui a permis
de naviguer parmi les complexités de la scène
locale sur un terrain loin de chez elle, tout en
obtenant aussi la certification GoodWeave pour ses
produits. L'étiquette GoodWeave confirme que la
production de ses tapis ne fait en aucun cas appel
au travail des enfants ni à la servitude pour dettes
ou au travail forcé, et cela signifie que l'achat du
produit contribue à des programmes qui favorisent
l'éducation des enfants et des conditions de travail
appropriées pour les adultes.
« L'essence même de l'idée qui sous-tend
l'entreprise consiste à appliquer un design
contemporain à un savoir-faire vieux de plusieurs
siècles, explique Emma Gardner. Les tisserands
travaillent dans la langue vernaculaire qu'utilise leur
peuple depuis des générations pour s'exprimer,

même lorsque leur langue est menacée de
disparition et que leur culture s'effrite autour
d'eux. Ces tapis contribuent à soutenir ce mode
de vie. Je crois que nous avons tout intérêt à
garder vivantes ces merveilleuses formes d'art et
à leur permettre d'évoluer. C'était là tout l'intérêt
de marier mes concepts contemporains avec
cette technique prodigieuse et très durable. »
Elle croit également que les produits d'ailleurs dans
le monde qui sont fabriqués à la main peuvent
créer un impact puissant dans les intérieurs, car
les clients des designers recherchent des articles
authentiques issus de la production en petites
quantités. « Les êtres humains semblent tout
simplement priser de manière viscérale les articles
faits main, dit-elle. L'individualité d'un tisserand fait
partie de la trame du tapis qu'il fabrique. »
La provenance a aussi son importance. « Tout le
monde aime avoir une histoire à raconter, ajoute
Mme Gardner. L'expérience de nos clients qui
participent avec moi à la création d'une pièce
unique qui sera tissée à la main au Népal compte
pour une grande partie de nos affaires. Quand je
suis allée à Katmandou avec ma fille, pour voir
les différentes phases du processus, les gens
ont été vraiment très réceptifs à mes publications
sur Instagram. J'ignorais si cela pouvait avoir un
intérêt pour quiconque que je montre une photo
d'écheveaux en cours de teinture ou de géniales
palettes de couleurs agencées à la main, mais les
gens y ont réagi favorablement. »

i+D - novembre-décembre 2020

Grâce à ses tapis faits à la
main, la designer Emma
Gardner marie les techniques
artisanales ancestrales au style
contemporain.
(Photo : D'Aquino Monaco,
Costas Picardo)

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