L'AVERSION AU RISQUE Le deuxième facteur limitant est une aversion au risque plus prononcé chez les femmes entrepreneures. Nous vous le disions il y a quelques pages, dès que l'on rentre dans le détail du prévisionnel avec les porteuses de projet, elles révèlent leurs craintes d'investir et cette peur marquée de faire des erreurs préjudiciables et irréversibles, pour elles et leurs familles. Une même conversation menée avec des entrepreneurs serait totalement différente. Les hommes sont souvent plus ambitieux, conscients que le risque est une partie intégrante du « jeu » mais que cela n'est en aucun cas bloquant. La conséquence directe de cette aversion féminine est donc la non-réalisation des projets de création ou la limitation de l'envergure du projet qui ne permet pas de le rendre viable. Ces différences dans la prise de risque s'expliquent d'abord par les différences de réactions émotionnelles des deux genres. Les femmes éprouvent des émotions plus fortes que les hommes et ressentent notamment une nervosité et une peur de l'échec plus intenses que les hommes (étude de R.A. Harshman and A. Pavio publiée en 1987). Les hommes au contraire considèrent les situations à risque comme des challenges qui les tentent, alors que les femmes les voient comme des menaces à éviter. Cette différence ne s'explique pas par un défaut de capacité ou de compétence à faire les choses mais une motivation différente qui devient un blocage ou un stimulus selon le genre. Pour confirmer cette aversion, une étude menée par HSBC publiée en 2012, dans le cadre des comportements des clients en termes de placements, confirme cette différente perception du risque entre les hommes et les femmes. Dans le cadre de décisions financières par exemple, les femmes ont tendance à privilégier les placements financiers en « bon père (mère) de famille » alors que les hommes visent des investissements plus prometteurs sur des échéances plus longues. On comprend donc qu'il soit plus « compliqué » pour les femmes de prendre le chemin de l'entrepreneuriat où les investissements « bon père de famille » ne sont pas ceux qui permettent de croître. Pourquoi êtes-vous trop peu à entreprendre ? 59