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QUESTIONS DE CULTURE GÉNÉRALE
son sang, où s'est réfugiée son âme. C'est pourquoi dans l'abattage rituel on vide l'animal de
son sang avant qu'il ne meure ; une telle pratique peut paraître cruelle aujourd'hui, mais dans
la Bible et le Talmud elle constitue un signe de respect pour l'animal.
Par ailleurs, dans la tradition catholique, saint François d'Assise (1181-1226) possède le don
de parler aux animaux, notamment aux oiseaux, qui viennent toujours nombreux l'écouter. De
façon significative, l'une des plus belles fresques de Giotto (1267-1337) dans la basilique d'Assise
s'intitule Saint François prêchant aux oiseaux ; elle est réalisée sans doute dans les dernières années
du xiiie
siècle. Le saint considère la Création comme une fraternité universelle, qui englobe les
animaux, mais aussi les éléments naturels comme l'eau ou le soleil. Le « Cantique des créatures »,
composé en 1225, est l'une de ses œuvres les plus importantes : « Loué sois- tu, mon Seigneur,
avec toutes tes créatures ».
Enfin, si le christianisme a tendu à n'accorder qu'un rôle très secondaire aux animaux,
c'est en partie sous l'influence de la philosophie aristotélicienne, qui l'a précédé et durablement
imprégné.
siècle avant notre ère, les hommes sont supérieurs aux animaux, qui
à leur tour sont supérieurs aux végétaux. Cette hiérarchie des êtres découle de la différence de
leurs âmes, définies comme des principes du vivant permettant de différencier l'animé - végétal,
animal et humain - de l'inanimé ou du minéral. Dans cette perspective, la vie végétale est la plus
élémentaire. Vient ensuite l'âme animale, qui dispose, outre des mêmes facultés que le végétal,
de la capacité de locomotion et de la sensation, c'est- à-dire du désir et de la mémoire. Plus haute
encore se situe l'âme humaine, qui possède en plus l'imagination et la faculté d'intellection.
Dans La Politique, Aristote affirme que les animaux, à l'instar des esclaves, servent avant tout à
répondre aux besoins de la vie des hommes. Les animaux se nourrissent de plantes, les humains
d'animaux, chacun existant pour l'usage d'un autre. Du reste, la nature ne faisant rien qui soit
incomplet ou en vain, on peut inférer qu'elle a créé les animaux pour l'usage de l'homme : le
finalisme vient confirmer l'assujettissement des animaux, et la boucle est bouclée !
Pour Aristote, au ive
2. À partir du xviie
siècle, la pensée philosophique est dominée par l'idée
d'une rupture radicale entre l'homme et l'animal
Une rupture supplémentaire survient avec la modernité, qui pose l'homme « comme maître et
possesseur de la nature », selon la formule de Descartes (1596-1650). Ce dernier affirme que
c'est l'absence de langage qui caractérise l'animal et fonde son infériorité. Dans la Ve
partie du
Discours de la méthode, paru en 1637, il estime que la différence entre l'homme et l'animal est
une différence de nature, c'est- à-dire d'essence : « On peut aussi connaître la différence qui est
entre les hommes et les bêtes. Car c'est une chose bien remarquable qu'il n'y a point d'hommes
si hébétés et si stupides, sans en excepter même les insensés, qui ne soient capables d'arranger
ensemble diverses paroles, et d'en composer un discours par lequel ils fassent entendre leurs
pensées ; et qu'au contraire il n'y a point d'autre animal, tant parfait et tant heureusement né
qu'il puisse être, qui fasse le semblable. Ce qui n'arrive pas de ce qu'ils ont faute d'organes : car
on voit que les pies et les perroquets peuvent proférer des paroles ainsi que nous, et toutefois ne
peuvent parler ainsi que nous, c'est- à-dire en témoignant qu'ils pensent ce qu'ils disent ; au lieu
que les hommes qui, étant nés sourds et muets, sont privés des organes qui servent aux autres
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