Arts&MétiersMag - N°430 - Octobre 2021 - 70

CULTURE & LOISIRS À LIRE
LES GADZARTS
LES GADZARTS
publient
publient
Monsieur Romain Gary
de Kerwin Spire,
éditions Gallimard, avril 2021, 336 p.
Années
charnières
à L.A.
RÉCIT Dans son autobiographie
romancée, «la Promesse de l'aube»,
Romain Gary a révélé que Mina, sa
mère, lui avait tracé un destin magnifique
: «Tu seras ambassadeur.»
Gary étant consul général à Los Angeles
de 1956 à 1960, l'oracle était
en bonne voie. Sauf que la fureur
littéraire encadre ces quatre années
charnières : en 1956, paraissent
«les Racines du ciel» et, en 1960,
«la Promesse de l'aube». Après
L.A., mis en disponibilité par les
Affaires étrangères à 46 ans, Gary
endossera un autre habit, celui
d'écrivain (autre promesse maternelle)
et d'homme de cinéma. Désérable
(1)
s'était déjà saisi, un peu
superficiellement, de l'extravagant
Gary. Adossé à de nombreuses archives,
Kerwin Spire donne, lui,
un savant mélange politique et intime.
Homme du double, dans la
vie comme en littérature, l'œuvrevie
de Romain Gary gagnera à être
redécouverte dans son équilibre
entre images et idées, et ce récit vivant
y contribuera.
Comme Mina, on parie sur «Monsieur
Romain Gary».
(1) «Un certain M. Piekielny», Gallimard,
août 2017 (lire aussi AMMag de février 2018,
p. 77).
70 Arts&MétiersMAG
N°430 / Octobre 2021
H. F.
Ivo & Jorge
de Patrick Rotman,
éditions Grasset, mars 2021, 368 p.
Un «abrazo»
d'un quart
de siècle
ROMAN Catalogué roman, le livre
de l'écrivain-enquêteur Rotman est
construit comme on monte un
film, du prologue à l'épilogue focalisés
sur la première projection à
Moscou, en 1990, de «l'Aveu» de
Costa-Gavras. L'acteur est Yves
Montand, d'origine italienne (Ivo),
le scénariste est l'Espagnol Semprún
(Jorge). Ces deux-là, liés par
«un coup de foudre amical», ont
traversé les grandeurs et désillusions
du XXe
siècle dans une complicité
qui se lisait dans leur
«abrazo» (étreinte) de la photo de
couverture du portrait du premier
par le second (1)
.
Si on rappelle que le dernier opus
commun (2)
de la paire Rotman-Hamon
avait été coécrit avec Montand
(avec la participation de Semprún,
alors ministre de la Culture du gouvernement
González), on mesure
alors l'exceptionnel alignement des
planètes ayant abouti à ce livre
clair, lumineux, brillantissime sur
deux étoiles.
H. F.
(1)
«Montand, la vie continue», de Jorge
Semprún, Denoël, avril 1983.
(2)
«Tu vois, je n'ai pas oublié», d'Hervé Hamon
et Patrick Rotman, Seuil-Fayard, sept. 1990.
Solaire de David Sturnich
(Bo. 193), autoédition,
mai 2021, 225 p.
Cupidon
au pays
de la SF
ROMAN Une histoire d'amour,
il fallait oser. Un quinquagénaire
vit une sale rupture,
monte des stratégies pour rencontrer
une nouvelle âme sœur
jusqu'au jour où, sans crier gare,
la lumière jaillit sous la forme
d'une belle quadra blonde, aux
courbes parfaites et au visage
rayonnant. Le verre de rouge
après l'amour ou le choc des
lèvres suaves participent aux
poncifs de cette histoire...
jusqu'à la p. 166.
Là, l'histoire bascule dans une
autre dimension, où se disputent
action et fantastique.
L'auteur fait preuve d'une imagination
débridée qu'on ne saurait
raconter pour ne pas divulgâcher.
Entre les Solaires (les
bons) et les Dragons (les mauvais),
qui gagnera ?
Les bénéfices de ce livre, disponible
en e-book ou sur papier
broché sur www.amazon.fr, seront
versés à la fondation des
Apprentis d'Auteuil.
D. K.
Sous la férule des
barbares de Chris Vernet
(Ai. 185), autoédition
Atramenta (https://www.
atramenta.net), mai 2021, 258 p.
Âme
estropiée
au travail
ROMAN Dans «Germinal», la
souffrance venait des conditions
de travail inhumaines et de l'humiliation
instituée en mode managérial.
Quelque cent cinquante
ans plus tard, ce roman
s'attaque aux risques méconnus
que peuvent subir les cadres dirigeants
face au dirigisme borné
et inflexible des actionnaires,
servi par des manières aussi perfides
que malsaines.
Les blessures de l'âme mènent
également à l'hôpital et leurs
séquelles sont parfois indélébiles.
Coach de métier, Chris
Vernet s'est inspiré de situations
de la vraie vie : «Je voulais que
ce travail reflète quelque chose
de la solitude et la souffrance au
travail auxquelles peuvent être
exposés des cadres et dirigeants.
Mais aussi décrire les mécanismes
pouvant conduire à une
forme d'aliénation, résultat
combiné d'un management nuisible,
de rapports malveillants
et de la propre construction
mentale de chaque individu.»
Pari réussi.
D. K.
https://www.atramenta.net https://www.atramenta.net http://www.amazon.fr
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