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Chapitre 8 - La monnaie et les politiques monétaires
Le fait de « battre monnaie », de frapper la monnaie métallique, a longtemps été un privilège régalien, assuré
par les rois ou les seigneurs au Moyen Âge, avant l'apparition des banques.
3 La monnaie- papier
L'étape suivante est celle de l'introduction de la monnaie- papier : certains agents commencent à acquérir une
réputation financière tellement solide qu'ils peuvent désormais émettre des promesses de paiement telles que
des effets de commerce ou des billets écrits, gagés sur des marchandises. Les billets vont ainsi se substituer à la
monnaie métallique, car ils réduisent les coûts de transaction : pas de problème de détérioration, de stockage,
économies de métaux précieux, etc.
Les banquiers ont ainsi rapidement compris qu'ils avaient intérêt à ouvrir des comptes à leur clientèle, sur lesquels
celle- ci pouvait tirer des chèques par simple jeu d'écriture : on parle également de monnaie scripturale. Cependant,
la monnaie- papier n'ayant pas de valeur intrinsèque (contrairement aux alliages de métaux précieux), il faut dès
lors en garantir la valeur (l'État définit ainsi un cours légal pour la monnaie).
Avec la substitution de la monnaie scripturale à la monnaie métallique, ce sont les banques qui deviennent dès
lors les émetteurs de monnaie, remplaçant les monarques et les seigneurs.
On situe l'apparition de la monnaie- papier au xviie
siècle, notamment à Amsterdam et à Venise, avec la création
de certificats portant intérêt et étant remboursables à échéance prédéterminée contre dépôts d'or ou d'argent. La
circulation d'effets de commerce (qui sont des reconnaissances de dettes, des promesses de paiement, etc.) donne
lieu à des opérations d'escompte (avance de la banque à son client, contre remise de l'effet de commerce) et
de réescompte (avance de la banque centrale à la banque commerciale, contre remise de l'effet de commerce).
Concernant les billets de banque proprement dits, ils apparaissent en Chine - pays qui invente le papier au
iiie
siècle avant Jésus- Christ - et ne se diffusent en Europe qu'au xive
siècle. La monnaie- papier constitue au départ
une monnaie rituelle, destinée aux transactions avec l'« Au- Delà » : les billets étaient brûlés en offrande afin
d'acheter une postérité. Cette monnaie mortuaire est remplacée par une monnaie « entre les vivants » à partir
du xie
siècle, au début de la dynastie des Song du Nord (960-1127).
Malgré les témoignages d'explorateurs, tel Marco Polo, sur les usages de la monnaie- papier, il faudra attendre le
xviie
siècle pour que l'Europe utilise des billets de banque : on attribue leur création au banquier Johan Palmstruch,
fondateur de la Banque de Stockholm en 1656. Ces billets de banque étaient convertibles en métaux précieux, et
présentaient des sommes rondes et standardisées.
En France, l'introduction définitive du billet de banque va être compliquée, à cause de trois tentatives ratées :
- le système de Law (1716-1720) : sous Louis XV, le banquier écossais John Law crée la Banque Générale,
destinée à émettre de la monnaie- papier, sur le modèle de la Banque d'Angleterre. La banque de Law fait
cependant faillite en 1720, et les Français se mettent à haïr la monnaie- papier ;
- les assignats : sont des billets de banque créés à la Révolution, en 1789. La multiplication des émissions
entraîne une recrudescence de l'inflation et un effondrement de la valeur réelle de ces assignats, qui sont mis
au bûcher place Vendôme, en 1796 ;
- les mandats territoriaux : remplacent les assignats. Le nouveau système reste un échec.
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