Dauphinews - Le magazine des Alumni - N°10 / Novembre 2023 - 17

prix
Pour quelles raisons avez-vous choisi
de faire carrière dans l'industrie ?
J'ai découvert ce secteur par hasard, lors de ma
coopération en VSNE au sein de la direction
financière de Renault au Mexique. J'ai immédiatement
été séduit par l'aspect concret de l'industrie,
l'ingéniosité et la qualité de ses technologies, la
rigueur indispensable de l'organisation de sa
production, l'importance de ses stratégies
commerciales et marketing sur un marché
mondialisé. Mais à bien y réfléchir, mon intérêt
pour la fabrication d'un produit date de l'enfance.
Mon père avait créé une petite PME de fabrication
de meubles. J'ai grandi au sein de cet
univers.
Comment avez-vous rejoint Fives ?
De nouveau par hasard. De retour en France, à la
fin des années 80, j'ai intégré Peat Marwick et
mené différentes missions de conseil pour
Fives-Lille, sa dénomination à l'époque. Son PDG
m'a dit en substance : " Venez donc mettre en
œuvre vos recommandations chez nous ! "
En pleine crise de l'industrie, cette " belle dame,
relique des maîtres des forges " selon une
expression d'un célèbre journaliste des Échos,
était condamnée à disparaître. Mais elle possédait
une histoire, une identité, un savoir-faire et
des références de grande qualité. Les premières
lignes de chemin de fer, les ascenseurs de la tour
Eiffel, la charpente métallique du quai d'Orsay, le
pont Alexandre III ou le pont de Tancarville ont
été conçus et construits par Fives. J'ai eu la
chance, et su la saisir, de pouvoir œuvrer à son
redressement au tout début des années 2000.
Je ne l'ai jamais regretté depuis. Nous avons, en
un peu plus de 20 ans, transformé l'entreprise en
société d'ingénierie et de technologie mondiale
et insufflé dans tout le groupe une volonté
d'entreprendre, d'oser et d'innover au plus près
du terrain, en mettant en œuvre, dès le début de
l'aventure, une organisation décentralisée.
Fives est encore à ce jour relativement
méconnue du grand public. Quelles sont
ses activités ?
Nous concevons et commercialisons des
équipements et des lignes de production pour les
plus grands industriels du monde entier, dans de
multiples secteurs : l'acier, l'aluminium, le verre, les
ciments, la chimie, l'énergie, l'automobile,
l'aéronautique, la logistique... En 2022, nous
Dauphinews
avons franchi pour la première fois dans notre
histoire la barre des 2 milliards d'euros de CA,
dont plus de 80 % à l'international, principalement
réalisé aux États-Unis, en Chine, au Japon
et en Italie. Mais nous exportons au total dans
environ 130 pays à travers la planète. Nous
employons 8 500 collaborateurs, dont 70 %
d'ingénieurs.
En quoi le groupe Fives incarne-t-il
l'industrie du futur ?
J'ai coutume de dire, pour paraphraser la célèbre
formule d'André Malraux, que l'industrie du futur
sera digitale et décarbonée ou ne sera pas. Fives
consacre 40 millions d'euros chaque année à la
R&D fondamentale, soit environ 2 % de son chiffre
d'affaires - sans tenir compte des plus de 100
millions d'euros investis depuis cinq ans dans
AddUp, coentreprise créée avec Michelin dans le
domaine de l'impression 3D métal - et environ
6 % si on y incorpore les dépenses de R&D
incrémentale. La digitalisation et les innovations
en faveur de la réduction des émissions carbone
font désormais partie intégrante de nos solutions
technologiques, couvertes par une bonne partie
du portefeuille de près de 2300 brevets détenus
aujourd'hui par le groupe. La lutte contre le
changement climatique est sans conteste le
levier de croissance le plus important de cette
industrie du futur, le secteur industriel représentant
environ 30 % des émissions carbone dans le
monde. Grâce à l'expertise de Fives, ses clients
industriels peuvent espérer significativement
réduire leurs émissions de CO2
. C'est vrai pour
les grands cimentiers via la mise en œuvre de
nouveaux procédés, de nouveaux systèmes
énergétiques utilisant la biomasse ou les déchets
industriels, ou les technologies de séquestration
de carbone. C'est vrai aussi pour les producteurs
de verre, à l'image de Saint-Louis et de Verallia,
lorsqu'ils convertissent leurs fours alimentés par
des énergies fossiles en fours électriques, à
condition bien sûr que l'électricité soit verte.
C'est encore vrai pour ses clients de l'aluminium
primaire, etc.
Vous évoquez également une forme de
" régionalisation " pour caractériser
l'évolution de l'économie mondiale et
de ses échanges commerciaux...
L'heure est au retour à des formes de souveraineté
par grandes régions du monde en ce qui

17
2 267
brevets en vigueur
dans 669 familles
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