ESCP Europe Magazine - N°188 - Janvier/Février 2020 - 16

LA PERSONNALITÉ DU MOIS  ❙

étendue. Le problème, c'est qu'il n'y a
pas d'infrastructure forte dans toute la
Russie. Nous nous évertuons à réduire
notre impact plastique et travailler
avec le gouvernement pour créer ces
infrastructures. Ensuite, il y a une
réalité, c'est que quand on parle de
sustainability avec le consommateur,
il a tendance à trouver ça super. Mais
la sustainability en soit n'est pas un
argument de vente, Il s'agit de vendre
une expérience, fun, customisable,
saine et en plus sustainable. De
nombreuses entreprises trainent donc
un peu des pieds en se disant c'est très
cher et ça influe marginalement sur
les ventes.

Quels sont les défis auxquels
vous-êtes confronté ?
Il y a des défis qui sont liés aux
particularités des business de dairy
qui dépend beaucoup du sourcing de
lait et de la relation avec les traders, les
fermiers. On est sujet à la variabilité
des coûts du lait ainsi qu'aux impacts
liés à l'importation, conséquences
des politiques gouvernementales,
manager la P&L c'est le défi numéro 1.
Ensuite l'autre défi c'est qu'on est
deux gros sur le marché, Pepsico et
Danone. Nous représentons environ
40 % du marché et l'entente est
plutôt bonne. Le challenge, ce sont
les 60 % restants du marché, qui ne
jouent pas forcément avec les mêmes
règles. Pour synthétiser, nous sommes
deux grosses boites éthiques avec des
standards de qualité énorme, ce qui est
répercuté sur les coûts, face à de plus
petits compétiteurs, très dynamiques
qui n'appliquent pas les mêmes
critères, le deuxième challenge est
donc concurrentiel.

Depuis votre début
de carrière dans l'agroalimentaire, le secteur
a énormément changé ?
Les problématiques de
l'agroalimentaire ont beaucoup
évolué. Il y a désormais un vrai enjeu
de sensibilisation à la nutrition. L'état
d'esprit des consommateurs est passé
de : « on s'en fout c'est bon », à « je

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veux avoir des bénéfices spécifiques
en consommant un produit ». Et
aujourd'hui on est revenus à une sorte
d'équilibre que je résumerais ainsi : « je
veux comprendre ce que je mets dans
mon corps, je veux avoir des aliments
sains. Et si je décide de consommer un
peu plus fun et moins sain, au moins je
veux que ça soit clair et transparent ».

Pepsico est souvent associé à
la malbouffe, le groupe a fait
des efforts sur le sujet ?
Alors qu'on a aussi des produits
super sains, les produits Alvalle ou les
céréales Quaker par exemple. Et un
vrai travail est effectué, c'est aussi ce
qui m'a séduit. Il y a une vraie stratégie
sur le profil nutrition dans l'ensemble
du groupe et sur le dairy en particulier,
avec un focus très clair depuis 5 ou
6  ans sur un composant, le sucre.
Nous avons des marques sans sucre,
sur cette partie, ça a évolué très fort.

Un autre sujet qui est devenu
essentiel, c'est la durabilité ?
Un nouveau concept a émergé, la
responsabilité totale du producteur.
Avant la responsabilité venait du
consommateur qui décidait ou non
de recycler. Désormais, nous sommes
non seulement responsables de
fabriquer quelque chose qui puisse
être recyclé, mais aussi de créer des
infrastructures qui permettent de
recycler. C'est une responsabilité

D'un point de vue plus
personnel, vous avez
été séduit par la Russie
et par Moscou ?
Moscou c'est super, ayant vécu
au Canada, le froid n'a pas été un
problème. La ville de Moscou a
énormément changé depuis les
années 2000, a beaucoup travaillé
son marketing. Chaque personne
qui vient à Moscou doit repartir avec
une image changée. Cela fait partie
du positionnement du gouvernement
qui a travaillé sur l'ouverture d'esprit à
Moscou. C'est une ville géniale.

Qu'est-ce qui vous a
le plus surpris ?
Le fait que Moscou, en termes de
culture, de ville ça n'est pas l'Europe.
J'ai vécu un peu partout et dans les
pays qui ne sont pas européens, tu fais
tes courses le dimanche, tu vas dans
un restaurant à l'heure que tu veux et
tu manges ce que tu veux. En Europe
non. Ici tu peux aller manger à 14h et
croiser quelqu'un en train de petitdéjeuner. Je ne m'attendais pas à ce
que Moscou soit aussi hors Europe. Il
y a aussi un côté un peu d'ostentatoire
dans la consommation. Je comparerais
ça au Brésil, à Sao Paulo par exemple.
Finalement Sao Paulo, et Moscou
sont assez proches. On n'atteint pas
le niveau de Dubai, mais il y a cette
culture de la belle voiture chez les
classes sociales élévées.

ESCP Europe Magazine numéro 187  ❙  NOVEMBRE/DÉCEMBRE 2019
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