NEOMA Alumni Mag - N°32 - Septembre 2022 - 45

partir en coworking. Toutes les licornes ont fait
un passage en coworking avant de prendre un
bail en trois, six ou neuf ans. En matière de
trésorerie à sortir, cette solution est moins
chère », puisque le dépôt de garantie exigé est
moins important et qu'il n'y a pas besoin de
garantie bancaire ni de payer un agent
immobilier.
En raison de cet attrait, le coworking s'est
beaucoup développé ces dernières années.
« Avant, c'était un artisanat à destination des
indépendants, mais à partir de 2016, le coworking
a pris une autre dimension impulsée par l'arrivée
de Wework. Ils ont éduqué le marché », selon
Rodolphe Guyon (PGE 14), responsable commercial
et partenariats chez Morning, entreprise
de création d'espaces de travail en région
parisienne. Aujourd'hui, des entreprises de plus
en plus importantes utilisent des bureaux en
coworking. « La typologie des actifs a vraiment
changé, confirme Rodolphe Guyon. Avant, les
espaces étaient découpés en plusieurs petits
bureaux et ciblaient les indépendants et les TPE,
maintenant on parvient à toucher une clientèle
plus large. On est capable de louer des
immeubles entiers pour accueillir des sociétés
plus grosses. Par exemple, L'Oréal a pris 8 000 m²
chez nous Porte de Clichy. »
PLUS D'ATTRACTIVITÉ
ET PLUS DE SERVICES
Le coworking a aussi profité de l'après-Covid
pour développer son offre. Les gens s'étant
habitués au télétravail, « il a fallu leur donner
envie de revenir. Les bureaux excentrés plaisent
moins », estime Côme Tillette de Clermont
Tonnerre. Rodolphe Guyon abonde en son sens :
« On est plus en quête de qualité que de nombre
de mètres carrés. Chez Morning, on est assez
persuadé qu'il faut un bon équilibre entre
espaces communs et espaces privatifs », pour que
les gens soient bien à leur poste de travail tout
en ayant des endroits formels et informels pour
se réunir. Attractifs également, les services
toujours plus nombreux proposés par le coworking
: « Comptoirs de café, conciergerie, cours de
sport, offre de restauration, service événementiel
en plus de toute la gestion courante du bâtiment,
qui comprend le wifi, le ménage, la relation avec
le propriétaire, les taxes, etc. Le client ne se
soucie que de son business », assure Rodolphe
Guyon.
Autant de services que l'on peut trouver dans un
autre nouvel usage de l'immobilier : le coliving,
« mix entre la colocation et l'hôtellerie », ainsi que
l'explique Laurent Staerk (PGE 15), qui a
cofondé l'entreprise Cosy Society, qui conçoit et
propose des espaces de coliving, les cosy houses,
destinés à une population étudiante. « Le coliving
est un nouvel usage de l'habitation, basé sur trois
grands principes, renchérit son associé Fabien
Péchier (PGE 15). Des services [adaptés aux
moyens de la clientèle], de la flexibilité, avec la
possibilité de rester pendant des durées plus ou
moins longues, et une communauté. »
LA VIE EN COMMUNAUTÉ
Eh oui, il ne faut pas oublier le « co » dans coliving,
qui sont des espaces de vie et de partage. « La
plupart des acteurs vont créer un sentiment de
groupe. Nous nous différencions en n'acceptant
que des groupes qui existent déjà, en s'adressant
à des campus des écoles supérieures, insiste
Laurent Staerk (cf. encadré page suivante).
Chacune de nos cosy houses a une identité, un
nom, une histoire. » Cet esprit de corps est l'une
des raisons pour lesquelles Kley, investisseur,
propriétaire et opérateur de résidences en
coliving, a choisi de s'intéresser à une nouvelle
clientèle, avec deux nouvelles résidences pour
jeunes actifs devant ouvrir leurs portes en 2023,
après avoir développé son expertise auprès d'un
public étudiant. « Nous avons eu beaucoup de
demandes d'anciens étudiants devenus jeunes
actifs qui voulaient retrouver l'esprit communautaire.
Nos clients viennent chercher un état
d'esprit, pas seulement se loger, mais aussi
rencontrer une communauté en profitant des
espaces communs », confirme Ségolène Desplanques
(PGE 16), directrice des investissements
chez Kley.
D'après elle, le marché est « balbutiant », mais
porteur : « Pour les transitions de vie, il y a un
boulevard. Beaucoup parlent de se lancer aussi
sur les familles monoparentales, ou les populations
seniors, assez indépendantes mais qui
cherchent à retrouver une communauté. C'est un
secteur qui va se développer. » ❚
Rodolphe Guyon
(PGE 14)
Ségolène Desplanques
(PGE 16)
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