SIGMAG - N°39 - Décembre 2023 - 22

DOSSIER
UNE GESTION POUR TOUS LES PRIVÉS
obser vateur s (CO)
réal isent
La France compte 15 millions d'hectares de forêts, dont les ¾ sont détenus par
des privés, soit 3,3 millions de propriétaires, dont 50.000 de plus 25 hectares.
Depuis le 10 juillet 2023, toute propriété forestière de plus de 20 hectares
a l'obligation de concevoir et respecter un document de gestion durable.
Dénommé « plan simple de gestion », l'élaboration de ce document à valider
par le Centre National de la Propriété Forestière (CNPF) n'a rien de facile.
« Surtout que la gestion de forêts n'est pas souvent la principale activité du
propriétaire forestier. Aussi, ce document est vécu comme une contrainte
administrative pour beaucoup », précise Alban Le Cour, co-fondateur de
Sylvamap. En 2011, il a l'idée de digitaliser les documents papier et de
développer une solution mobile pour le forestier sur le terrain lié à un système
d'information géographique sur le Web. Il n'est pourtant ni ingénieur ni
forestier, mais lui-même propriétaire de forêts. « Jusqu'alors, les plans simples
de gestion étaient sur papier : un document pas très pratique à emporter
sur les parcelles pour discuter avec les forestiers. » Outil de pilotage, il
répond à plein d'objectifs, mêlant conservation et production. Il contient
une cartographie des entités géographiques sur lesquelles le forestier doit
intervenir.
« Sur Sylvamap, les données sont recréées par des géomaticiens à partir des
données cadastrales (PCI), en se basant sur les plans de gestion rédigés par le
propriétaire ou par son gestionnaire, explique Charles Degrés, géomaticien
et cartographe forestier. Pour cela, nous utilisons un outil SIG, le plan de
gestion et les données issues de l'IGN (orthophotos actuelles et anciennes).
Des données complémentaires peuvent ensuite être créées directement sur
l'outil par l'utilisateur. En un clic, nous obtenons la planification des tâches
de coupe ou d'éclaircie. L'application mobile permet d'être géolocalisé,
de savoir ce qui est planifié et ensuite de suivre les travaux ». Les couches
d'informations réunissent aussi les données liées aux essences d'arbres,
les tracés des routes et des cours d'eau, etc. Cet outil numérique permet
aussi une communication entre les différents acteurs : le propriétaire et ses
descendants, le gestionnaire et les forestiers sur le terrain. En 2017, Sylvamap
a lancé un nouveau logiciel capable de produire des documents de gestion
durable compatibles avec les modèles du CNPF.
Baptisé « Hubert », il assiste les rédacteurs dans
l'import du cadastre, de l'implémentation
des limites de parcelles, et des peuplements,
l'ajout des itinéraires techniques et de toutes les
contraintes réglementaires. En 2021, l'entreprise
lance « Sylvalibre » pour les professionnels de la
filière du bois, scieurs ou acheteurs. La solution
sert à identifier les zones d'intervention et à faire
le point avec le propriétaire en visualisant un
document commun de cartographie. « Sylvalibre
apporte la possibilité de créer des éléments
vecteurs (points, lignes, polygones) ou de faire
un import de données Shapefiles issues des
outils SIG », détaille Charles Degrés.
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chaque année 15.000 observations
sanitaires en forêt et publient un bilan
cartographié de la santé des forêts.
Plus généralement, l'inventaire forestier
national de l'IGN collec te depuis
1958 des données sur l'ensemble du
territoire permettant de connaître
l'état, l'évolution dans le temps et
les potentialités de la forêt française.
Les principaux résultats sont publiés
chaque année à partir des données
collectées sur le terrain pendant les cinq
années précédentes sur près de 70.000
placettes de terrain.
Reportage
Alliance forêts bois
© Alain Douard
LA FORÊT PRIVÉE
JOUE AUSSI LE NUMÉRIQUE
Cependant en France métropolitaine,
le quart seulement des sur faces de
forêts sont publiques : 4,6 millions
d'hectares sur 17 millions. Et la forêt
domaniale ne représente que 1,8 million
d'hectares à bénéficier d'un suivi direct
de l'ONF, qui peut cependant gérer par
délégation les forêts de collectivités
ou d'autres établissements publics.
Ainsi, la forêt privée constitue trois
quarts de la forêt française. « Les forêts
sont très morcelées et les sur faces
variables. Beaucoup de propriétaires
de petites propriétés sont âgés et
par fois des propriétés restent sans
maître, selon les héritages », explique
Vincent Fesnau, chargé de mission
DFCI au centre national de la propriété
forestière (CNPF). En tout, on recense
3,5 millions de propriétaires : des
personnes physiques, des coopératives,
des assurances ou la caisse de dépôts
et consignation car la forêt reste un
patrimoine. Cependant, au-delà de 20
hectares, chaque propriétaire est tenu
de faire un plan de gestion durable
qui sera approuvé par le CNPF. « Nous
sommes divisés en 10 délégations
en France, chacune s'occupant de sa
zone. Mais l'institution n'a pas la même
force de frappe que l'ONF », reconnaît
Vincent Fesneau.
Michel Char tier, référent technique
du CNPF pour l'innovation liée à la
télédétection, se charge de déployer
des outils au sein de la structure. Par
exemple, il diffuse « ForDead » : des
données Sentinel-2 traitées par l'Inrae
suivant les coupes rases liées aux
dégâts de scolytes. Cela sert à élaborer
des modèles à par tir des images et
des données, adressés aux agents
qui se chargent de conseils auprès
des propriétaires. Le satellite permet
https://www.sigtv.fr/Alliance-forets-bois-le-SIG-indispensable-du-bureau-au-terrain_a722.html
SIGMAG - N°39 - Décembre 2023

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