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HISTOIRE DE LA
COMMUNAUTÉ CENTRALIENNE
n LA FONDATION DE L'ÉCOLE
CENTRALE
L'École Centrale des Arts et Manufactures est créée en
1829, sur l'initiative privée et prémonitoire d'un homme
d'affaires, Alphonse Lavallée, et de trois hommes de
science, Jean-Baptiste Dumas, Théodore Olivier et
Eugène Péclet.
Globalement, pour l'industrie, la France est en retard
sur l'Angleterre en raison des guerres napoléoniennes
qui ont ruiné le pays. De nombreux hommes de science,
entrepreneurs et philosophes en sont conscients. Parmi
eux, un philosophe, le comte de Saint-Simon (1760-1825),
est passionné par la science et l'industrie. Il crée une
école de pensée qui conduit notamment à « l'utopie saintsimonienne
», qui peut se résumer ainsi :
- la science naissante va générer des progrès technologiques...
-
... qui vont permettre le développement industriel...
- ... qui va générer des richesses nouvelles...
- ... qui profiteront au plus grand nombre.
Le développement industriel est donc la solution pour
améliorer le bien-être de chacun, ce que Saint-Simon
résume dans la formule suivante : « Tout se faisant par
l'industrie, tout doit être fait pour elle. »
n Alphonse LAVALLÉE
n Jean-Baptiste DUMAS
Le pays prend progressivement conscience de ses besoins
en ingénieurs civils. Des écoles techniques spécialisées
ont bien été créées dès le XVIIIe
siècle mais elles sont
essentiellement orientées vers la formation des cadres
de l'administration. Ainsi ont été fondées l'École des
ponts et chaussées en 1747, l'École des mines en 1780
et, pour l'armée, l'École centrale des travaux publics qui
deviendra en 1795 l'École polytechnique.
Malgré la création de l'École des arts et métiers en 1803
ou du Conservatoire national des arts et métiers en 1794,
il y a donc pénurie de cadres techniques et d'ingénieurs
pour le développement industriel. La création de l'École
Centrale des Arts et Manufactures répond à ce besoin.
n Théodore OLIVIER
n Eugène PÉCLET
Ces fondateurs firent preuve d'une singulière imagination
et d'un courage hors du commun pour créer une école
d'ingénieurs à l'époque où ils le firent. En effet, en cette
année 1829, ni la situation politique, ni le système
éducatif français n'incitent à prendre un tel risque.
Charles X termine son règne dans une ambiance
orageuse et la possibilité de créer des écoles privées
est considérablement réduite : le gouvernement montre,
dans ce domaine, une volonté clairement centralisatrice
et n'entend rien laisser se faire en dehors de son contrôle.
Sur le plan scientifique et technologique, par contre, on
assiste à une extraordinaire moisson de découvertes
scientifiques et de percées techniques. Le début du XIXe
est l'époque de Faraday, Young, Carnot, Gay-Lussac, Ohm,
Ørsted, Avogadro... Wöhler isole l'aluminium, Ampère
invente le télégraphe électromagnétique et Niépce la
photographie, Regnault réalise la polymérisation du
chlorure de vinyle...
Toutes ces découvertes ne tardent pas à trouver des
applications dans l'industrie, où en particulier la
force motrice fait son entrée dans tous les domaines :
les chemins de fer se développent, les filatures se
modernisent, les premières machines-outils sont
installées...
Il existe à Paris, depuis 1781, un club, le « lycée de
l'Athénée », où de grands scientifiques donnent des
conférences à des personnes s'intéressant au progrès
de la science et de la technique. Un juriste et homme
d'affaires originaire du Mans, Alphonse Lavallée (17971873),
saint-simonien convaincu, participe à ces réunions.
En 1828, il propose à quatre de ses professeurs de créer
une école privée entièrement vouée à la formation de
cadres pour l'industrie, et obtient l'accord de trois d'entre
eux : Jean-Baptiste Dumas, Théodore Olivier et Eugène
Péclet.
Ces quatre hommes sont jeunes (Lavallée a 32 ans,
Dumas 29, Péclet et Olivier 36) mais la compétence
et le dynamisme de Lavallée finissent par convaincre
le Premier ministre, M. de Martignac, et le ministre de
l'Instruction publique, M. de Vatimesnil. Le 23 décembre
1828, un arrêté autorise « le sieur Lavallée à ouvrir à
Paris, une École Centrale des Arts et Manufactures où il
ne sera admis que des élèves externes ».
L'École ambitionne de former des ingénieurs capables
de maîtriser le développement de l'industrie et de
l'entreprise dans toutes ses dimensions. Le texte de
création stipule qu'elle a pour vocation de former des
« médecins des usines et des fabriques » et que
« la science industrielle est une et tout ingénieur doit
la connaître en son entier, sauf à faillir à sa tâche ».
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