Titre II LE POIDS PROSPECTIF DU PRÉCÉDENT 299. Rétrospective. La cohérence tournée vers les ressources juridiques appartenant au passé est susceptible de constituer un guide pour l'argumentation afin qu'elle détermine une solution à un problème de droit, à partir d'un ou plusieurs précédents et même en l'absence de précédent1. Le poids du passé contrôle alors la décision à prendre présentement. Le raisonnement à partir de la cohérence se heurte cependant une première limite qui intervient en présence de l'inédit et quand les ressources juridiques manquent. Dans cette hypothèse, l'argumentation peut se trouver dans l'impossibilité de se conformer à la cohérence passée, et les raisons substantielles peuvent d'ores et déjà s'imposer comme critère déterminant de justification. Elles s'expriment à partir du constat de l'impossibilité même d'argumenter sur le fondement de la cohérence tournée vers le passé et constituent la source de l'inauguration d'un précédent2. Une seconde limite apparaît lorsque le système des précédents se dresse comme un obstacle que l'argumentation doit transcender pour résoudre un problème de droit. Dès lors que les ressources tirées de la cohérence jurisprudentielle ne permettent plus de décider, la politique jurisprudentielle, désormais introduite par le précédent, prend alors le relai pour permettre d'échapper à l'impasse logique révélée par les insuffisances de la cohérence. Elle se fait l'écho de l'expression d'un pouvoir discrétionnaire modéré3. 300. Il s'agit désormais de se focaliser sur la dimension prospective du précédent, en tant que manifestation d'une politique jurisprudentielle dont le déploiement se caractérise par une relative indifférence à la cohérence tournée vers le passé. Dans ces conditions, l'argumentation apparaît essentiellement préoccupée par le résultat que les précédents auront à l'avenir sur le réel et sur le système (Chapitre 1). La relative indifférence à la cohérence tournée vers le passé peut toutefois exceptionnellement laisser place à sa véritable négation, révélatrice d'un fort pouvoir discrétionnaire de nature à questionner les relations entre cohérence et politique et finalement les limites du précédent (Chapitre 2). 1. Cf. supra nº 214 et s. 2. Cf. supra nº 250 et s. 3. Cf. supra nº 261 et s.