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179. Mais les détroits constituent des zones de tensions récurrentes. Ainsi, depuis fin
2011, dans le détroit d'Ormuz qui relie les États pétroliers du Golfe à la mer d'Oman et
àl'océan Indien, entre 30 et 40% du trafic maritime de pétrole transite par ce détroit
particulièrement vulnérable (faible largeur de 40 km environ, faible profondeur de
soixante mètres maximum). Situées à l'entrée du détroit, les trois « îles stratégiques »
du Golfe persique58
constituent un poste d'observation sur toutes les côtes des pays
du Golfe : Émirats Arabes Unis, Qatar, Bahreïn, Arabie saoudite, Koweït, Irak et Iran.
Depuis 1971, les Iraniens occupent ces trois îles qui font l'objet d'un litige avec les
Émirats arabes et l'Irak qui en revendiquent la souveraineté. En réponse aux fréquentes
menaces de l'Iran de fermer le détroit d'Ormuz, les États-Unis maintiennent dans le
Golfe une présence navale puissante, avec notamment la Ve flotte, basée à Bahreïn.
Certains détroits reposent cependant sur un régime juridique précis.
180. Les détroits turcs du Bosphore et des Dardanelles. Frontières entre l'Europe
et l'Asie, reliant la mer Méditerranée à la mer Noire, les détroits turcs représentent
depuis toujours un passage des plus stratégiques pour les opérateurs maritimes. La
Convention de Montreux du 20 juillet 1936 prévoit qu'en temps de paix, les navires
de commerce de tous les pays ont la liberté complète de navigation dans les détroits,
de jour et de nuit ; quant aux navires de guerre, ils bénéficient aussi de la liberté de
passage quel que soit leur pavillon, sans aucune taxe ou charge quelconque, pourvu
qu'ils s'engagent de jour dans les détroits. En temps de guerre, si la Turquie n'est pas
belligérante, le régime institué pour les navires de commerce, qu'ils soient belligérants
ou non, est en tout point le même que celui du temps de paix, seul le passage des
détroits aux flottes de guerre belligérantes est interdit. Si la Turquie est partie à un
conflit, les navires de commerce n'appartenant pas à un pays en guerre avec la
Turquie jouissent de la liberté de passage mais ils ne doivent en aucune façon assister
l'ennemi et entrer de jour dans les détroits et par la route indiquée par les autorités
turques ; pour les navires de guerre, leur passage est entièrement laissé à la discrétion
du gouvernement turc59
. La Convention de Monteux est toujours d'actualité alors que
trois des six riverains de la mer Noire sont désormais membres de l'OTAN. La stabilité
de la région repose en partie sur les grands principes de cette Convention : d'une part,
la sécurité de la Turquie assurée par sa souveraineté absolue dans la zone des détroits ;
d'autre part, la sécurité des riverains de la mer Noire, plus particulièrement de la
Russie, assurée par la liberté de passage strictement réglementée pour les navires de
guerre, et la liberté de passage pour la marine marchande.
181. Le détroit de Magellan. Le régime en est fixé par la Convention du 23 juillet
1881, passée entre l'Argentine et le Chili. La Convention prévoit le libre passage inoffensif
pour la marine internationale, l'interdiction de fortifier les rives, et une neutralisation
en temps de guerre qui interdirait donc à tout navire de guerre le passage dans
le détroit.
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58. La Grande Tomb, la Petite Tomb et Abou Moussa sont dans le Golfe persique, golfe que depuis
plusieurs décennies, les États arabes qualifient d'« arabe ».
59. En cas de danger de guerre imminent impliquant la Turquie, cette dernière est autorisée à appliquer
les dispositions du temps de guerre pour ce qui concerne les navires de guerre. Lors du conflit entre
la Russie et l'Ukraine, la Turquie a interdit le passage des navires de guerre, en février 2022, dans ses
détroits du Bosphore et des Dardanelles.

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