Précis Domat - Finances publiques - 8e - 141

UNE DÉFINITION FONCTIONNELLE
premier lieu, elles sont à l'origine de la création de monnaie fiduciaire : c'est à elles
qu'il revient d'imprimer les billets de banque75
et de frapper les pièces de monnaie,
lorsque les banques commerciales en réclament pour leurs clients (l'initiative de la
création monétaire revient donc, ici, à ces dernières).
Ensuite les banques centrales sont à l'origine de la création d'une seconde
forme de monnaie : la « monnaie centrale ». Celle-ci est essentielle au fonctionnement
du système bancaire. Elle est en effet créditée sur le compte que les banques
commerciales détiennent auprès de la banque centrale, en échange de divers actifs.
Grâce à cette monnaie centrale, émise par un simple jeu d'écritures, la banque commerciale
pourra, d'une part, acheter des pièces et des billets, et, d'autre part, entretenir
ses échanges quotidiens avec les autres banques commerciales sur le « marché
interbancaire ». En effet, lorsque, par exemple, un commerçant dépose sur son
compte à la BNP le chèque siglé Crédit Agricole d'un de ses clients, les deux banques
ont une transaction qui s'effectue en monnaie centrale : le montant du chèque
sera crédité en monnaie centrale sur le compte que détient la BNP auprès de la
banque centrale et débité dans le même temps du compte du Crédit Agricole
(v. infra, no
233). Comme on le verra (v. infra, no 252), les banques centrales jouent
sur le prix de la monnaie centrale (et donc sur les taux proposés aux banques commerciales
pour se refinancer auprès d'elle) pour les inciter ou, au contraire, les dissuader
de multiplier leurs propres opérations de crédit et, par voie de conséquence,
les conduire à accroître ou à restreindre la quantité de monnaie en circulation.
187 Base monétaire et masse monétaire. La monnaie ainsi créée par la banque
centrale est qualifiée de « base monétaire ». Une partie de cette monnaie est en circulation
dans l'économie : les pièces et les billets. En revanche, la monnaie centrale
ne vient pas grossir la quantité de monnaie en circulation (la « masse monétaire »),
dès lors qu'elle reste sur les comptes que détiennent les banques commerciales
auprès de la banque centrale et qu'elle leur permet uniquement d'acheter des pièces
et des billets et d'effectuer des opérations sur le marché interbancaire (entre banques).
Le volume de la base monétaire est évidemment beaucoup plus faible que
celui de la masse monétaire76
.
188 La création monétaire par achat de titres souverains. Un moyen traditionnel
de création monétaire par les banques centrales consiste à faire « fonctionner la
planche à billets » grâce à des opérations d'open market (v. infra, no
248). Ces opérations
consistent à acheter des titres de dette de l'État, soit directement auprès de
lui, soit auprès de banques privées voire de particuliers qui possèdent de tels titres.
Dans le premier cas, la banque centrale accorde un crédit à l'État qui engrange ainsi
des liquidités (soit sous forme de billets imprimés pour l'occasion soit plutôt, en
pratique, sous la forme d'une injection de monnaie scripturale sur le compte
■ 75. Parmi les cas de figure originaux, on peut mentionner l'Autorité monétaire de Hong Kong (Hong
Kong Monetary Authority) qui, tout en assurant les compétences classiques d'une banque centrale, laisse le
soin à trois banques commerciales (HSBC, en premier lieu), d'émettre les billets de banque qui sont ainsi
frappés du logo des banques en question (v. http://www.hkma.gov.hk/eng/index.shtml).
■ 76. Fin 2013, par exemple, la Banque centrale européenne estimait que la masse monétaire M3 était
équivalente, en zone euro, à sept fois la base monétaire (v. J. COUPPEY-SOUBEYRAN, Monnaie, banques,
finances, préc., p. 121).
Deuxième partie : Les objectifs macroéconomiques
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http://www.hkma.gov.hk/eng/index.shtml

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