Cultures marines n°312 - 22

méditerranée

Actualité

Thau : nouvelle fermeture pour Alexandrium

f Émissaire en mer,

de nouvelles inquiétudes
Après les réparations d'urgence
faites sur l'émissaire en mer au
large de Frontignan, canalisation
sous-marine qui permet à la
station d'épuration de rejeter ses
eaux en mer, à quelques brasses
des tables d'élevage conchylicoles ; les riverains de Frontignan
restent inquiets. D'ici 2022, l'agglopôle de Sète souhaite renforcer la capacité de traitement de la
station d'épuration, dont les rejets
transitent par cette conduite sousmarine. Le conseil de quartier a
voté une motion pour s'y opposer,
suivi, fin novembre, par le conseil
municipal de la ville.

2015, 2016, et de nouveau cette
année... Après la grande crise de
1998, qui avait marqué la découverte d'Alexandrium dans Thau,
avec une suspension longue de
la commercialisation (du 5 au
28 novembre 1998 pour les huîtres,
et jusqu'au 29 décembre pour les
moules), la dernière crise s'était
produite en 2003. Puis, plus rien.
Mais le 3 novembre, la nouvelle
tombait à nouveau : fermeture de la
récolte et de la commercialisation
des coquillages de Thau et rappel
des lots mis sur le marché après
le 30 octobre. Pour la 3 e année
successive, le bloom d'Alexandrium
se révèle juste avant les fêtes de fin
d'année. « Nous avions demandé
le curage des fonds de la crique de
l'Angle et de fermer des apports
d'eau, rappelle Denis Régler, le

f Un site internet pour Thau
L'association des amis du musée
de Thau vient de lancer un site
internet dédié à la lagune. Intitulé Vivre avec l'étang, images et
témoignages, il regroupe de
nombreux films de l'Institut national de l'audiovisuel et de l'institut
Jean Vigo sur la lagune. Mais aussi
des films de particuliers qui commencent à être collectés.
Depuis un an, le musée a en effet
fait appel aux amateurs. Pour la
pêche et la conchyliculture, on
trouve ainsi quelques pépites,
dont deux films muets de famille.
Ils « sont les témoignages du
quotidien et de l'activité » de
l'étang, souligne le site. Comme
le petit cour t-métrage de
58 secondes, titré Années 60 : les
femmes au travail au mas ostréicole (dépôt Bonefons).
www.filmsdethau-agglopole.fr

Hélène SCHEFFER

Les ostréiculteurs souhaitent que la France s'aligne sur le protocole européen et pratique des tests chimiques
pour détecter Alexandrium.

Les ports : des hôtels flottants polluants ?
Passer une nuit de vacances,
quelques jours, une semaine ou
plus sur un navire amarré à Sète ou
dans un port de Thau ? Un séjour
atypique ? Rien de plus simple, il
suffit de surfer sur internet. « Vous
serez séduit par les charmes de
la vie au ponton, dans le cadre
pittoresque de Sète », souligne
l'annonce.
Airbnb, Booking, le Bon coin...
les propositions ne manquent pas,
mises en ligne directement par les
propriétaires ou même par une ou
deux agences spécialisées. Pourquoi pas ? Dans certaines villes de
la côte méditerranéenne, ce sont
mêmes les offices du tourisme qui
ont recensé les propositions.
Sauf « qu'avec ce phénomène de
location nautique à quai, de particulier à particulier, nos ports sont
devenus des hôtels flottants »,
s'alarme Manuel Liberti, conchyliculteur à Sète. Le phénomène de
« plaisance collaborative » s'est ra-

Cultures MARINES n°312 - décembre 2017 - janvier 2018

pidement développé dans les ports
français. Certains commencent à
encadrer ces pratiques, et deux
ports privés de la côte d'Azur interdisent même la location. D'autres
imposent désormais des assurances accidents aux propriétaires.
Mais, hors les contraintes fiscales
ou de navigation, qu'en est-il des

normes environnementales ? « Cela
pose d'énormes problèmes de
pollution, s'inquiète Manuel Liberti.
Car ces bateaux ne sont pas équipés pour les eaux noires. Comme
les canaux communiquent avec
l'étang de Thau, il y a des risques
nombreux pour la lagune. »
H. S.

H. S.

Le 14 novembre, au moins 5 m3
de boues d'hydrocarbures ont
été déversés sur la chaussée à la
suite d'une fausse manœuvre du
chauffeur du camion. Le semiremorque, en provenance de la
raffinerie de la Mède, près de Fossur-Mer, venait livrer ces boues
pour qu'elles soient transformées
en combustible pour cimenterie.
L'usine Scori, qui traite les déchets
industriels, utilise des anciennes
cuves de la cimenterie Lafarge,
en bord de lagune. Une association locale, ARZF, s'inquiète de
cette situation, et du risque pour
la lagune de Thau et « les 400
conchyliculteurs... dont l'avenir
dépend de la qualité de l'environnement ».

a ainsi expliqué un représentant de
la profession lors d'une rencontre
avec la députée européenne MariePierre Vieu. Nous sommes les seuls
à piquer des souris, aux résultats
aléatoires. »
Ce qu'un autre ostréiculteur
qualifie de « concurrence déloyale », avant d'ajouter qu' « en
n'appliquant pas le protocole
général européen, on menace
une filière économique entière.
Nous sommes nombreux à avoir
payé des tests indépendants, qui
ne trouvent rien. L'an dernier, le
secteur a enregistré une baisse
des ventes de près de 30 % et une
perte d'image très forte. Des entreprises ont fermé. On est en train
de faire mourir tout un secteur ».

Hélène Scheffer

f Après Lafarge, Scori

directeur du CRC de Méditerranée.
Ça a marché jusqu'en 2015, mais
ça redémarre sans que l'on sache
pourquoi. »
Détectées dès la mi-octobre, on
a compté jusqu'à 35 000 cellules
d'Alexandrium catenella dans cette
même crique. Heureusement, le
protocole de pré-alerte a fonctionné, et la majorité des producteurs
ont pu mettre des stocks à l'abri.
Depuis, le nombre de cellules est en
baisse régulière, mais fin novembre,
la réouverture se faisait encore
attendre.
Une crise qui a suscité de nombreuses questions, notamment
sur les protocoles de contrôle,
« archaïques » pour le président
du CRC, Philippe Ortin. « Tous les
autres pays européens, dont l'Espagne, font des tests chimiques,

Des bateaux sont loués pour une nuit ou une semaine, mais ne sont pas
équipés pour cet usage.

http://www.filmsdethau-agglopole.fr

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