Cultures marines n°340 - 26

26 DOSSIER

Pays de la Loire

Jean-Yves Le Goff :

« On essaye d'avoir une filière propre
zéro déchet. » »

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Malgré une année éprouvante, la profession a su s'adapter,
s'investir dans la vente directe et maintenir sa trésorerie,
se félicite le président du CRC.

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Sandrine Pelletier

Comment s'est passée cette année pour la bitudes alimentaires des Français qui priviléprofession ?
gient les circuits courts avec un vrai besoin
Depuis début janvier, on a cumulé le noro- de connaître le producteur.
virus et tout de suite derrière le conﬁneComment pérenniser la profession ?
ment avec un arrêt quasi total des ventes
Dans les Pays de la Loire, comme partout, il
pendant cinq mois. Heureusement, chez
faut faire avancer l'existant, mais ça dépasse
nous, les professionnels ont fait une bonne
notre région. C'est au niveau national et
saison de Noël donc il y avait de la trésoeuropéen qu'il faut travailler en faisant évorerie. Et l'été n'a pas été mauvais, même
luer la législation. Il y a un certain nombre
s'il est encore tôt pour sortir un bilan. On
de projets qui sont abandonnés par les
compte sur septembre avec souvent une
petites entreprises à cause de la lourdeur
bonne clientèle de retraités français amaadministrative. Et ça ne va pas dans le sens
teurs d'huîtres et généralement avec un bon
d'une évolution positive. Par exemple, il faut
pouvoir d'achat. Même si la saison estivale
se battre avec la réglementation si on veut
a été plutôt bonne, il y a eu des écarts en
avoir des eaux littorales d'une qualité ne
fonction des communes où travaillaient
serait que correcte. Ce sont des enjeux qui
les professionnels. Certains ont fait + 30 %
sont terriblement importants pour notre
quand d'autres réalisaient - 30 %. Pour
profession qui a l'inconvénient d'être située
compenser un début d'année morose, ils
sous les bassins versants.
sont nombreux à avoir continué les marchés
tout l'été. L'afﬂux de touristes leur a permis Quel bilan tirez-vous des deux dernières
de bien travailler. A priori, les entreprises années ?
passeront la crise, mais il est évident que On a eu le panier de problèmes bien rempli.
si elles ne sont pas dans
Ça a débuté avec le Grande
le rouge, elles sont quand
America, l'Haplosporidium
même dans l'orange, fragi- « LES PROJETS
costale, les gilets jaunes, les
ANNONCÉS EN DÉBUT
lisées pour certaines.
alertes Rémy et Réphytox et
DE MANDAT SONT
il n'y en a jamais eu autant
Quelle est l'évolution des SOIT ACHEVÉS, SOIT EN
depuis que le réseau de surmétiers conchylicoles dans BONNE VOIE. »
veillance existe. Ajoutons
les Pays de la Loire ?
à cela le norovirus et tout
Il y a un rajeunissement de la profession, de suite derrière, le conﬁnement suivi deux
aussi bien des reprises de l'établissement mois plus tard du déconﬁnement. Ce n'est
des parents que des jeunes venant de l'exté- pas un long ﬂeuve tranquille. Les projets que
rieur. Autre point qui fait évoluer les entre- j'avais annoncé en début de mandat sont
prises sur notre territoire, c'est leur capacité soit achevés, soit en bonne voie. Depuis
à s'être investies dans la vente directe, que deux ans, on a dû s'adapter à tellement
ça soit à l'établissement ou sur les marchés. de sujets urgents qu'il faut tout le temps
Ça demande un travail énorme, mais c'est se remettre en question sur les dossiers et
ce qui permet de maintenir la trésorerie. les priorités. Ça ne nous a pas empêchés
Durant ces derniers mois, les GMS n'ont d'avancer sur le travail des friches abandonpas particulièrement joué le jeu, la restaura- nées. On s'était engagé à faire quinze hection a quasiment été absente depuis mars et tares de ménage, il y en a treize de terminés
l'export est à zéro. La vente directe a certai- et on va ﬁnalement en faire 17. On a aussi
nement aidé les conchyliculteurs à tirer leur beaucoup travaillé sur les déchets car on ne
épingle du jeu. Ils ont été précurseurs dans peut pas avoir une ﬁlière dite d'excellence
ce domaine quand on voit les nouvelles ha- et accepter l'enfouissement ou des abords

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IL Y A UN RAJEUNISSEMENT
DE LA PROFESSION. »
d'entreprises négligés. On a donc beaucoup travaillé sur le recyclage et le chantier
est terminé à 80 %. On essaye d'avoir une
ﬁlière propre zéro déchet. On a également
constaté un investissement des professionnels dans nos problématiques, et ce, qu'ils
soient délégués ou non, ils n'hésitent pas à
s'investir pour la profession et le collectif. Et
ça c'est très réjouissant !
Quels sont les projets à venir ?
Notre première urgence sera la restructuration du CRC après le départ de Hugo
Koechlin et d'Apolline Lebourg. Nous ne
recrutons qu'une seule personne, il va
donc falloir se répartir les tâches. Il y aura
une période de trois mois un peu compliquée le temps de former la nouvelle
recrue. Nous travaillons également sur
le projet Édiﬁce 2 qui nous donnera une
vision des dix dernières années avec la
perspective de voir le lien entre les évolutions du territoire et les perceptions des
professionnels. On souhaite également
travailler avec l'Ifremer sur les capacités
trophiques de la baie de Bourgneuf. Cette
étude nous permettra de voir comment
on peut s'adapter dans un environnement
changeant dans les années à venir. Nous
travaillerons aussi sur les restructurations
à la pointe d'Arçay car le lieu s'ensable
massivement rendant dangereuse la navigation et instable la production.

Cultures marines n°340 Octobre 2020

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