MINES LA REVUE DES INGÉNIEURS #511 - Février 2021 - 78

Écoles
PARIS
Séminaire " Ingénieurs et Transitions Écologiques "
Deuxième édition d'un cours-séminaire organisé par et pour les élèves des Mines de Paris, les 5, 9 et 10 novembre
2020 : 14 intervenants d'horizons disciplinaires variés se sont succédé lors des conférences.
Par AURÉLIEN, LÉA, GAUTIER, ALBERTINE, VICTOR, CAMILLE, QUENTIN, ELYES et ASTRID
équipe organisatrice P18 et CM2020 du séminaire " Ingénieurs et Transitions Écologiques " .
Alors que l'anthropocène est officiellement
reconnu comme une ère géologique, force est
de constater que les ingénieurs ont contribué à
la libération des 1 400 milliards de tonnes de
CO2
, d'autres problématiques complexifient
dans l'atmosphère, imputables aux activités
humaines. Au-delà de nos émissions croissantes
de CO2
l'équation du changement climatique et de la
transition énergétique : des ressources finies,
une biodiversité fragile et un modèle de société
dans lequel beaucoup ne se retrouvent plus.
Résoudre cette équation multidimensionnelle
nécessite de repenser les activités humaines
et les activités des ingénieurs. Un groupe
de 9 élèves de l'école (8 élèves en dernière
année du cycle Ingénieur Civil et une élève de
dernière année du Corps des Mines) s'est ainsi
constitué pour essayer d'apporter des clés de
lecture sur ces sujets aux futurs diplômés. La
deuxième édition d'un cours-séminaire organisé
par et pour les élèves des Mines de Paris a eu
lieu les 5, 9 et 10 novembre 2020 autour du
thème : " Ingénieurs et Transitions Écologiques " .
Ce cours, d'un genre nouveau, est né
du constat qu'il était primordial que de futurs
ingénieurs des Mines soient formés au mieux
sur ces questions et qu'elles soient au cœur de
la formation aux Mines, avant que la refonte du
cycle Ingénieur Civil n'intègre officiellement
cette thématique au cursus. Amenés à endosser
des responsabilités variées, du monde de la
recherche à l'industrie, du secteur privé à la
fonction publique, du domaine de l'énergie à
celui des biotechnologies, les futurs ingénieurs
des Mines ne peuvent plus ignorer ces
problématiques. Ce cours obligatoire est né
d'une réflexion directe et collective de l'équipe
organisatrice avec le soutien de la direction des
études et du corps enseignant de l'école,
reflétant une appropriation commune des
enjeux du XXIe
siècle.
Le coup d'envoi de ce cours-séminaire a été
lancé par la paléoclimatologue Valérie
Masson-Delmotte (directrice de recherche au
CEA et co-présidente du groupe no 1 du GIEC),
dans la soirée du 5 novembre, sous la forme de
questions-réponses avec les élèves ingénieurs.
Haut Conseil pour le Climat, GIEC, COP21 et
autres organisations ont été évoqués pour
discuter de la dynamique en cours en France et
dans le monde pour lutter contre le changement
climatique et créer une société plus juste,
durable et résiliente.
Pierre-Marie Aubert (coordinateur de
l'initiative Politiques publiques pour l'agriculture
européenne de l'IDDRI) est venu présenter les
enjeux liés à la gestion des ressources
biologiques. L'agriculture, indispensable pour
nourrir les près de 8 milliards d'êtres humains
sur Terre, est cependant le premier facteur
responsable de la perte de la biodiversité et
émet plus de 30 % des gaz à effet de serre de la
planète selon le GIEC. Des pratiques plus
durables et respectueuses de l'environnement
(limitation des intrants et diversification des
cultures) ainsi que des changements d'habitudes
alimentaires permettraient de limiter ces
impacts, d'autant plus que l'utilisation des sols
peut être envisagée à grande échelle comme
solution de stockage de carbone.
Suren Erkman (Université de Lausanne) et
Christophe Lasseur (European Spatial Agency)
ont exploré ensemble la question de l'économie
circulaire qui permet de limiter les intrants à un
système en réutilisant de manière optimisée les
sortants du système. Les systèmes industriels
peuvent être étudiés comme des écosystèmes
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d'activités humaines. En partant de la mesure
des activités sur un territoire à une échelle
pertinente, nous pouvons mettre en place une
étude des flux de matières et d'énergie.
Couplées à des analyses de cycle de vie, ces
études permettent une nouvelle gestion des
territoires afin de réduire leur consommation en
matières et en énergie. Le projet MELISSA de
l'Agence Spatiale Européenne est un exemple
poussé à l'extrême d'économie circulaire,
appliquée à la Station Spatiale Internationale,
où les intrants au système sont plus que limités.
Florian Fizaine (Université de Savoie MontBlanc)
nous a ensuite présenté ses travaux sur
la dépendance croissante de notre société aux
métaux. Il nous a également présenté l'impact
croissant sur l'EROI (Energy Return On
Investment) de la transition vers les renouvelables.
Le recyclage comme solution à la
finitude des ressources de métaux sur Terre
doit cependant aller de pair avec le développement
de l'éco-conception. En effet, les efforts
nécessaires pour récupérer tous les métaux des
objets à recycler sont actuellement trop
importants pour que le recyclage devienne
rentable et qu'il soit envisagé sans l'éco-conception
des produits.
Après ces conférences sur les questions clés
posées par les ressources, sans lesquelles
aucune activité n'est possible, et qui présentent
un double enjeu, lié à leur accès et à leur
utilisation, nous nous sommes intéressés aux
manières de faire évoluer l'économie, les
politiques publiques et l'organisation des
entreprises vers un modèle plus résilient.
Alain Grandjean (Carbone 4) nous a dessiné les
réformes possibles du secteur financier pour
permettre une transition énergétique, tout en
faisant face à des risques toujours plus
importants ( " Un monde à 4 degrés n'est pas
assurable " selon Henri de Castries, Président
d'AXA de 2012 à 2016). Définir une taxonomie
européenne des activités durables et intégrer
les enjeux de soutenabilité au reporting des
entreprises font déjà partie de la feuille de route
de la Commission Européenne. Mais doit
prendre part une mobilisation du secteur privé
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