NEOMA Alumni Mag - N°30 - Mars 2022 - 23

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Le Bitcoin, dont le nombre en
circulation est limité à 21
millions, peut être recherché
comme un rempart contre
l'inflation par les investisseurs.
Peut-on craindre un scénario catastrophe avec
des taux d'inflation à deux chiffres comme en
Amérique latine ou en Turquie ?
Heureusement non car nos économies occidentales
sont beaucoup plus ouvertes et nos monnaies
dominantes, ce qui nous permet d'exporter
notre inflation, contrairement aux pays en développement
qui ont un accès limité aux biens et aux
services et une monnaie instable. De plus, en Amérique
latine les Banques centrales achètent parfois
directement la dette à l'État, qui souvent ne maîtrise
pas sa dette publique en raison d'un État trop
présent et corrompu.
Parlons maintenant des cryptomonnaies, qui
ont fait l'actualité en début d'année en
dévissant de 50 % après un pic historique en
novembre 2021. Comment expliquer ces
fluctuations et qu'attendre pour 2022 ?
La hausse s'explique par deux phénomènes :
d'abord 2021 a été l'année de l'institutionnalisation
du Bitcoin, notamment dans la gestion de portefeuille
des institutions financières américaines, mais
aussi adopté par Paypal, acteur majeur du paiement.
Ensuite, le fait que les cryptomonnaies ont
bénéficié, tout au long de la crise sanitaire, du flot
de liquidités qui ont abreuvé les marchés, en raison
de la politique monétaire très accommodante de la
FED. Les fonds négociés en bourse (FNB) ont ainsi
intégré des cryptomonnaies dans leurs portefeuilles,
qui sont des investissements risqués mais
avec plus de rendement potentiel. La baisse
actuelle, elle, est liée à l'annonce de la remontée des
taux d'intérêt qui a fait chuter l'ensemble des
indices boursiers, le Bitcoin a été vendu comme les
autres actifs. Au sujet de l'avenir, rien n'est écrit, il
est difficile de prévoir compte tenu des forces
contradictoires en présence. Avec une spécificité
pour le Bitcoin, dont le nombre en circulation est
limité à 21 millions, il peut être recherché comme un
rempart contre l'inflation par les investisseurs.
Il est toutefois de plus en plus attaqué
par les Etats...
Oui car ces derniers ne souhaitent pas que se
développe un réseau de paiement qui se dispense
des institutions bancaires actuelles. C'est ce qui
explique pourquoi le FMI s'est montré très menaçant
envers le Salvador, dollarisé depuis 2001. Son
jeune président a fait le pari de s'extraire de la
domination du dollar en faisant du Bitcoin une
monnaie légale. Pour les mêmes raisons, le minage,
qui permet la validation des transactions et la production
de cryptomonnaie, est aujourd'hui la cible
des gouvernements. Avant que la Chine ne chasse
les mineurs l'année dernière, 80 % du minage s'y
faisait. En Europe, c'est la Suède qui a appelé l'UE
à interdire ces grosses machines informatiques
fortement consommatrices d'électricité. Cette
menace peut peser à la baisse sur les cryptomonnaies
puisqu'elle rend erratique sa production.
Même si les mineurs se sont révélés agiles suite à
L'accès au financement bancaire et sur
le marché financier s'annonce plus difficile et
surtout plus cher à la fois pour les entreprises
et pour les particuliers. On peut craindre
une baisse de l'investissement et du marché
immobilier.
la violence de la chasse chinoise en se déplaçant
en quelques mois de la Chine vers les États-Unis,
le Kazakhstan, la Russie et les pays nordiques,
toute menace sur l'activité fait baisser leur cours.
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