Arts&MétiersMag - N°436 - Mai 2022 - 61

L'hydrogène,
côté technique
Durant des siècles, l'hydrogène ne put être ni stocké ni transporté
facilement. La production en grande quantité se réalisait
donc au plus près du lieu d'envol.
n 1766, Henry Cavendish, physicien
et chimiste britannique, découvrit
l'hydrogène. Il démontra que l'«air
inflammable», près de douze fois moins
dense que l'«air commun», brûle ou explose
en présence d'oxygène et produit
de la vapeur. Lavoisier appellera ce gaz
«hydrogène» (littéralement, «qui produit
de l'eau»). Dès 1782, les Montgolfier tentèrent
en vain d'enfermer l'hydrogène,
produit en versant du vitriol sur de la
ferraille, dans des sacs en papier.
PRODUCTION ET STOCKAGE
Jusqu'à la fin du XIXe
siècle, la production
d'hydrogène se faisait par réaction
chimique de zinc et de fer plongé dans
de l'acide sulfurique. Des tonneaux en
bois servaient de réacteurs, le gaz collecté
passait ensuite dans un laveur à eau pour être épuré
avant d'être déshydraté par léchage à la chaux. Température
et hygrométrie étaient mesurées avant l'envoi du gaz
dans l'enveloppe à gonfler. On imagine la dangerosité,
l'insalubrité et l'impact environnemental de l'installation !
Ce dispositif chimique d'oxydoréduction fut optimisé à la fin
du XIXe
siècle au sein du régiment des aérostiers de Chalais-Meudon
(1)
par le capitaine Charles Renard. Celui-ci
conçut un appareil de dimensions réduites, de production
régulière, de rendement accru et qui donnait un meilleur
gaz. Puis, Renard inventa la «ga zéïne», une préparation
qu'il suffisait de chauffer pour amorcer et entretenir la
L'École aérostatique de MeudonChalais
(actuels Hauts-de-Seine).
E
production. Une unité mobile utilisa ce
procédé thermique en 1880, au cours de
manœuvres. Mais s'il était facile à
mettre en œuvre, il était aussi dangereux
: la gazéïne fut abandonnée après
une série d'accidents graves. En Russie,
en Grande-Bretagne ou en Allemagne,
divers autres procédés chimiques d'oxydoréduction
ou électrochimiques furent
inventés - et certains mis en œuvre.
SUPPLANTÉ PAR L'HÉLIUM
Comprimé jusqu'à 150 bars, le gaz était
transporté dans des tubes de 8 à 9 kg.
Au début du XXe
siècle, le chimiste
Georges-François Jaubert eut l'idée d'incorporer
de l'hydrogène dans du calcium.
L'hydrure de calcium ou «hydrolithe»
qu'il obtint libère le gaz en
présence d'eau. Ce procédé fut courant pour gonfler des
ballons captifs pendant la Première Guerre mondiale.
Cependant, la toute dernière évolution avant la Grande
Guerre fut proposée par le capitaine du génie au laboratoire
d'aéronautique militaire Lelarge : son procédé au «silicol»
consistait à décomposer l'eau par du siliciure de calcium.
Distribué dans toutes les métropoles dès le milieu du
XIXe
siècle, le gaz de ville fut également testé pour voler.
siècle,
G. L. (Bo. 177)
(1) Chalais-Meudon fut un centre de R&D aéronautique.
Fondé en 1793 dans le château de Meudon, il a joué un rôle
majeur dans le développement de l'aviation française.
Mais il avait un pouvoir ascensionnel deux fois moindre
que l'hydrogène, gaz moins dense. Ce n'est qu'au XXe
dans les années 30, que ce dernier sera supplanté par
l'hélium.
L'hydrogène, une fois
produit en tonneaux,
passait dans un laveur
à eau pour être épuré
avant d'être
déshydraté par
léchage à la chaux.
La production
d'hydrogène se
faisait par réaction
chimique de zinc et
de fer plongé dans
de l'acide
sulfurique dans
des tonneaux en
bois qui servaient
de réacteurs.
À la fin du XIXe
siècle, des unités mobiles utilisèrent un appareil plus petit, de
production régulière, de rendement accru et qui donnait un meilleur gaz.
Arts&MétiersMAG
N°436 / mai 2022
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ILLUSTRATION TIRÉE D'«AÉROSTIERS ET AVIATEURS» DU LIEUTENANT-COLONEL G. ESPITALLIER
ILLUSTRATION FIGUIER, «LES MERVEILLES DE LA SCIENCE», 1867-1891, FURNE, JOUVET ET CIE, ÉD.
ILLUSTRATION FIGUIER, «LES MERVEILLES DE LA SCIENCE», 1867-1891, TOME V
ILLUSTRATION FIGUIER, «LES MERVEILLES DE LA SCIENCE», 1867-1891, TOME V
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